Carnet d’athlète – Sarah Anne Brault > Une vie de sorcier – nouvel environnement pour l’entrainement

Sarah-Anne Brault est la dernière membre de l’équipe élite de Trimes. Cette athlète  a déjà plusieurs podium en coupe du monde et vient récemment de terminer ses études. Elle est désormais dédiée à plein temps à sa carrière de triathlète élite. Dans cet optique, elle vient de rejoindre le squad de Jamie Turner qui réuni les meilleurs espoirs australiens et canadiens ainsi que quelques athlètes comme Gwen Jorgensen. Sarah-Anne tentera de nous faire partager ces nouvelles expériences d’athlète élite en devenir. 

Mon quotidien a quelque peu changé depuis le nouvel an. Je ne porte des pantalons que très rarement, de la crème solaire tous les jours, et je ne me rappelle plus la dernière fois où j’ai apprécié une journée sans aucune activité physique. Ces détails, c’était à prévoir.  Mais il est impossible de tout prévoir quand son petit monde est chamboulé comme le mien l’a été.

De quoi je parle? Et bien, depuis le premier janvier moi-même ainsi que 3 autres canadiens ont rejoint le fameux groupe de Jamie Turner, (nommés Wollongong Wizards), à la conquête du monde de triathlon ITU. Nous sommes présentement basés à Wollongong (d’où le nom du groupe…) après un stage en altitude à Falls Creek, et nous resterons a Wollongong jusqu’en mai, ou nous migrerons alors vers notre base en Espagne afin d’entamer la saison de courses en Europe. Depuis les quelques mois que je suis ici, j’ai observé quelques différences entre les façons de faire, les habitudes, les mentalités comparé à ce dont j’étais habituée…

Investissement vs sacrifice.

Les deux requièrent un certain désagrément, un inconfort temporaire matériel, physique, financier, ou psychologique.  Par contre, je trouve qu’il y a un monde de différence entre les deux termes. Ici, on parle d’investissement. Se lever avant le soleil? Investissement. Cinq heures de vélo sous la pluie? Investissement. Physio 2 fois semaine (a frais non-virés)? Investissement. Huit mois sur la route loin de la famille et amis? Investissement. Un investissement, ça donne plus l’impression que chaque décision est délibérée, que ces décisions sont prisent avec le future en tête, et que comme tout bon investissement, on s’attend à un certain retour.  On sait tous qu’un investissement, c’est risqué. On essaye de mitiger ces risques par tous les moyens possibles. Mais qui ne risque rien, n’a rien.

gong beach

Une dynamique de Groupe

JT ne dis pas non. En général, tout le monde est le bienvenu de venir s’entrainer avec notre groupe. Ce n’est pas tout le monde qui dure, et certains restent mais adaptent les entrainements comme ils peuvent.  Par contre, ça fais un gros groupe. Et même sans compter les additions journalières, les Wizards sont quand même assez nombreux. 4 canadiens, avec 8 australiens, avec Gwen, et quelques internationaux (dont Riveros, Keane, etc) pour terminer le mix, ça fait qu’il n’y a jamais un seul athlète dominant (et oui, même Gwen!)

JT est capable de gérer les multiples programmes avec un montant assez important d’individualisation. Les sessions importantes sont rarement modifiées. Ça passe ou ça casse. Il n’y  a pas de session magique (session, et non pratique ou workout), certaines avec plus d’intensité que d’autres, et toutes ont un but assez distinct. En général, les gens se mêlent de leurs propres affaires, on travaille ensemble, on rit ensemble, mais on ne pose pas trop de questions. De toute façon, il y a toujours une autre session un peu plus tard, ou tôt le lendemain, et j’ai assez de chats à fouetter en m’occupant de mes choses a moi!

Surprise!

La plupart de mes entrainements dans le passé ont toujours été assez contrôlés, et donc prédictibles. Les semaines se suivent et se ressemblent. Une bonne routine aide, à mon humble avis, à planifier les efforts et honnêtement, la routine c’est rassurant, même à l’autre bout du monde. Il y a une certaine routine ici, et les semaines se suivent et se ressemble. On fait la même ride, avec les mêmes efforts, chaque samedi après-midi. Mais parfois il y a des twists auxquels on ne s’attend pas. Lundi passé, tout le groupe s’attendait à une natation assez cruisy, parce que c’est ça les lundis. Surprise! Beaucoup, beaucoup de 100m Heart Rate. (Heart Rate set c’est comme meilleure moyenne, mais c’est pire parce que fondamentalement, t’a le droit de partir trop vite et mourir. Ce qui est plus difficile que partir avec le gros bon sens et finir plus vite, même si le résultat est le même au final). En tout cas, une surprise comme ça, ça donne le défi de 1) changer de mentalité au plus sacrant, parce que la, on niaise plus et 2) exécuter le set comme du monde. Souvent on ne reçoit pas notre training du lendemain avant assez tard le soir d’avant (par design ou pas, je n’en suis pas encore certaine), alors on a pas le choix de prendre les choses un jour à la fois, sans trop s’inquiéter de ceux qui suivent Par contre, la faillite est permise. Être épuiser et ne pas terminer un set comme il faut, ou aller plus lentement que la semaine précédente, c’est acceptable. Ne pas apporter l’effort et le focus nécessaire pour la session prescrite, ce n’est pas acceptable. C’est simple comme concept, mais ça n’a pas toujours été un ajustement facile.

The Best

Il y a une grosse différence entre essayer d’être la meilleure au monde, et essayer de faire de mon mieux avec ce que j’ai. Jusqu’à maintenant, j’ai fait quand même beaucoup de triathlons mais j’avais d’autres objectifs, d’autres focus dans la vie pour complémenter le triathlon, ou dont le triathlon complémentait. Je faisais du mieux que je pouvais avec les ressources que j’avais.

Maintenant, c’est all-in, pas de compromis. Et ça compte pour tout. Entrainement, équipement, équipe de soutien, équipe médicale, etc. Évidemment, les ressources ne seront jamais illimitées, mais on peut toujours faire mieux, dans tout ce que l’on fait. L’entraineur est demandant, mais il est demandant avec toute l’équipe de soutient. Maintenant, je m’assure que ce que j’ai est le meilleur possible et ensuite, je fais de mon mieux. Ce n’est pas de tout repos, mais ce n’est pas pour rien que les meilleurs au monde prennent plusieurs semaines, voire quelques mois de repos après une bonne saison.

Je suis constamment en train d’apprendre et d’essayer de comprendre ce qui fonctionne le mieux pour moi en tant que triathlète et en tant que personne. Je suis infiniment reconnaissante d’avoir cette opportunité en or d’évoluer auprès de d’athlètes inspirant et d’être entourées de gens passionnés. JT a bâti quelque chose de très spécial a Wollongong, et je suis choyée d’en faire partie, du moins pour le moment. Ça ne veut pas dire que c’est la seule façon de faire les choses, mais on saura bientôt si c’est la bonne…

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