Les Grand prix français (FGP), mode d’emploi !

Par Xavier Garcin

Le grand prix, comment ça marche ?

Dimanche prochain, comme chaque année depuis plusieurs saisons, Dunkerque donnera le coup d’envoi du championnat de France des clubs de division 1 de triathlon. Ce championnat a porté plusieurs noms et cette année, s’en est un plutôt à rallonge qui a été choisi : Grand prix F.F.TRI de triathlon pour la recherche sur le cancer…

Bref, ce championnat de cinq courses qui regroupe seize équipes masculines et treize féminines est l’occasion de voir se confronter une bonne partie de l’élite mondiale dans des courses où le but est de briller individuellement mais… au sein d’un collectif !!!

Pour faire court, chaque coureur cherche à obtenir le meilleur rang possible et ce sont les trois meilleurs de chaque équipe qui constituent le classement du club. (mise à part la manche de Valence qui se fera en relais…)

Au départ, chaque club aligne cinq coureurs et parmi eux, il doit y avoir un minimum de 2 français.

Le format des courses est un format sprint, hyper spectaculaire.

Des championnats similaires existent en Allemagne ou en Italie mais c’est bien le grand prix français le plus relevé, et de loin…

Les enjeux du grand prix

Comme au foot (soccer), il y en a plusieurs au sein de la même compétition. Certains clubs se battent pour la victoire et le podium, d’autres pour faire partie de la 1ere moitié du classement et enfin, les dernières, pour ne pas faire partie des trois équipes qui descendent!

Un peu comme au football aussi, il y a souvent concordance entre le budget d’une équipe et sa place à la fin de la compétition! Mais comme au foot, certaines équipes arrivent parfois en s’en sortir avec un peu d’intelligence et créativité dans le recrutement et la composition des équipes !

Les comparaisons avec le foot s’arrêtent là puisque les athlètes qui courent en grand prix ne vivent et s’entrainent que très rarement au sein des clubs qu’ils représentent. En fait, dans bien des cas, ils ne sont là que pour les courses et repartent aussitôt au sein de leurs structures d’entraînement.

Nombre d’entre eux courent d’ailleurs également en Bundesliga par exemple. C’est une des bizarreries de notre sport où un athlète peut avoir une licence pour des clubs de plusieurs pays différents…

Ce qui apparaît comme un enjeux d’importance capitale pour un club : son classement, n’est souvent pas le soucis premier de l’athlète qui peut être là :

  • Soit pour emmagasiner de l’expérience sur des courses de haut niveau lorsqu’il est jeune et sans « pedigree »
  • Soit pour financer ses camps d’entrainement si il a un niveau plus élevé.
  • Soit pour gagner sa vie lorsqu’il s’agit d’un athlète de valeur mondiale.

Quelques athlètes ont cependant la « fibre club » et, d’une part, peuvent rester fidèles à un club malgré des offres plus intéressantes ailleurs, d’autre part, s’arracher sur ces courses comme jamais et bouleverser la hiérarchie en place.

Sans citer des noms où rentrer dans des détails, on peut dire qu’il y a des athlètes de niveau mondial qui passent régulièrement au travers sur les grands prix, et d’autres peu réputés qui sortent des super courses… L’enjeu d’un coach étant de savoir dénicher ces talents !

Dynamique des courses et stratégie des équipes sur grand prix

Pendant des années, l’équipe de Beauvais a imposé sa loi avec une stratégie simple mais redoutable : faire un écart en natation et enfoncer le clou en vélo pour assurer le classement en course à pieds… avec à l’époque des athlètes comme Belaubre, Poulat, Sudrie, Vassilief au sommet de leur art, il était quasi impossible de contrer cette armada… Aujourd’hui, il est plus difficile de dégager une équipe qui, chez les hommes domine à ce point même si le club des Sables Vendée gagne depuis deux ans le classement final.

Ceci est du aux exigences du calendrier international qui fait que les clubs sont rarement en mesure d’aligner leur meilleurs athlètes tout au long de l’année. Sartrouville par exemple, sur le papier est imbattable avec le top cinq mondial dans ses rangs ni plus ni moins. Pourtant les Sartrouvillois n’y parviennent plus depuis deux ans car ils se présentent sur certaines manches avec un effectif incomplet. Cette année est encore plus problématique avec les Jeux du Commonwealth.

Il y a un effet pervers à ce phénomène… Sachant qu’il sera quasi impossible d’avoir ses athlètes disponibles « à souhait », beaucoup de clubs adoptent une stratégie de siphonage des coureurs c’est à dire qu’ils enrôlent un nombre important d’athlètes pour pouvoir « voir venir »… et affaiblir aussi au passage les équipes adverses. Il n’est pas rare de voir un athlète de classe mondiale faire partie d’une équipe, mais, au final, ne jamais courir pour elle… Soit parce qu’il ne peut pas pour des raisons de calendrier, soit parce que son équipe n’a pas vraiment besoin d’elle sur telle ou telle course alors qu’il est disponible…

L’année dernière, le grand prix a ainsi vu des courses débridées avec des scénarios différents à chaque fois. Les « startlists » étant très changeantes d’une manche à l’autre…

Mais, comme en WCS et comme dans toutes les courses modernes, le niveau natation est prépondérant sur grand prix.

Et les Français ?

La problématique est assez simple : si vous êtes un français de classe mondiale : Pujade, Coninx, Raphael, Luis, Le Corre, Hauss, Lebrun etc… alors vous avez une valeur marchande très importante puisque la règle des deux français au départ fait de vous une perle rare. Si vous êtes un bon athlète, alors votre valeur sera, à niveau égal, bien supérieur à celle d’un athlète étranger… Enfin, si vous êtes U23, vous allez avoir le privilège de souffrir et aussi de vous aguerrir dans la cours des grands puisque chaque club dispose de deux dossards U23 sur chaque course en plus de ses cinq dossards.

En résumé, le grand prix, c’est le top pour un jeune athlète français car il peut faire des affaires si il est un peu malin et s’aguerrir face aux meilleurs! C’est outil incroyable pour développer des athlètes puisqu’ils peuvent rapidement se mesurer aux meilleurs au monde sans passer par la WTS.

Le grand prix chez les filles

Depuis quelques années, le niveau du grand prix féminin tend à se rapprocher de son homologue masculin. Les stratégies sont les même et là aussi les meilleurs athlètes françaises se monnayent à prix d’or. Depuis plusieurs années, c’est Poissy qui domine avec un effectif très solide qui s’appuyait sur deux piliers de l’équipe de France, Carole Peon et Jessica Harrisson.

Les grand prix 2014, quelle hiérarchie ?

Au regard de ce que l’on a dit plus haut, il faut toujours se méfier des effectifs annoncés car on ne sait jamais vraiment qui va courir. Cela est déjà valable pour la première manche de Dimanche pour laquelle peu d’informations ont filtrés (beaucoup d’inconnue également à cause de la course de Londres)

Malgré tout, chez les hommes, le trio Sables Vendée, Poissy, Sartrouville semble au dessus avec des effectifs impressionnants.

Poissy, qui enregistre les arrivées du sud africain Henri Schoeman, de la révélation anglaise Austin, de Declan Wilson et de Ryan Fisher peut rêver d’un retour au sommet (dernière victoire en 2005, rappelons que les Pisciacais sont les recordman de victoires en grand prix avec 5 titres chez les hommes depuis la première édition en 1991…)

Attention cependant à Saint Jean de Monts qui a bien l’intention de remettre les pendules à l’heure après une saison 2013 en demi teinte (arrivée d’un allemand redoutable dans l’eau, Maximilian Schwetz, ainsi que de deux athlètes de classe mondiale : Tony Dodds et le prometteur Grant Sheldon) Le podium ne devrait pas échapper à trois de ces quatre là, mais dans quel ordre?

Pour la descente, c’est la grande inconnue. La Rochelle fait figure « d’ovni » dans ce concert de haut niveau avec un effectif presque à 100% local. Malheureusement, les charentais devraient en toute logique le payer cash…

Pour le reste, c’est très difficile même si on peut être légitimement inquiet pour Liévin dont la carte maîtresse, Laurent Vidal ne sera certainement pas en mesure de courir.

En revanche, le promu Vitrolles, avec les arrivées d’Anthony Pujade, athlète « bankable » par excellence sur grand prix…, de Thomas André et la présence d’Etienne Diemusch, semble pouvoir être tranquille pour le maintient voire beaucoup mieux si cela veut sourire !

Chez les filles, Poissy fait figure d’épouvantail avec un effectif impressionnant en qualité et en quantité. Les accessits devraient se disputer entre Chateauroux, Val de Gray, Parthenay et Issy Les Moulineaux.

Pour la descente, Noyon, Brive, Chaumont et Saint Amand Dun devraient en découdre pour ne pas descendre en D2.

Rendez vous ce dimanche sur le port de Dunkerque pour se faire un première idée!

12 commentaires
  1. Bonjour. étant l’un des 6 membres qui constitue l’effectif D1 de La Rochelle, je peux vous assurer que notre équipe est 100% du sud ouest! et on est prêt à en découdre à 200%

  2. Ma question va surement sembler très bête mais faut que je sache quand même :). On a donc dit que pour un athlète Elite, l’intéret d’être dans un club est de pouvoir payer ses stages ou autres… Je suis d’accord pour ça dans un monde ou l’athlète apporte de la visibilité au club, maintenant si l’athlète ne participe pas au grand prix (jamais), il ne va jamais porter le maillot de son club, quel est donc l’intéret pour un club d’avoir cet athlète dans ses rang, en quel mesure le retour sur investissement sera rentable ?

    1. Salut, c’est une super bonne question, le texte a été fait pas xavier garcin qui oeuvre justement avec versailles. Pour ma part, j’ai été impliqué dans plusieurs signatures canadiennes. En fait, dans la réalité, même si un athlète international signe avec une équipe, il y a beaucoup de facteurs qui doivent rentrer en considération, son état de forme, calendrier trop chargé, blessure et surtout quand un athlète international est financé par une fédération, les FGP doivent passer en arrière plan. Y a donc toujours une incertitude. Aussi, les clubs doivent faire une sélection à chaque course. Donc si des athlètes ont des meilleures saisons que toi et son disponible, tu risques forts d’être ignoré. Les athlètes sont généralement signés en septembre, octobre…

      Après pour le financement, les règles ne sont jamais les mêmes, mais généralement un athlète est payé au résultat selon une grille. Donc tu peux signer quelqu’un…

    2. Bonjour. Comme je l’ai dis dans l’article, il est vital pour un club d’avoir un effectif d’athlète plus important que celui qui pourrait paraître  » de prime abord » suffisant car on ne sait jamais à l’avance qui sera dispo ou non en fonction ds blessures et des contraintes des courses internationales… C’est une sorte de « sécurité » qui assure de pouvoir aligner une équipe complète et compétitive quelles que soient les circonstances (et encore, cela peut arriver à des équipes de ne pas y parvenir et dans ce cas, c’est la catastrophe… Il faut garder à l’esprit que chaque club doit fournir sa liste d’athlète avant fin janvier… Bien loin du début de saison, donc bien loin d’une planification bouclé des effectifs sur chaque manche du GP !!!
      L’autre intérêt, comme je l’ai dis, c’est aussi de d’être sûr que tel ou tel athlète ne va pas courir pour un club adverse…(élément non négligeable tu peux me croire…)
      Enfin, l’aspect lisibilité est quelque chose de bien subtile… L’essentiel de la communication des clubs sur ses athlètes se fait « hors grand prix », donc si un athlète ne court pas, ce n’est pas l’essentiel pour peu que l’équipe communique bien sur le nom de l’athlète. (hormis l’aspect dommageable sur le plan sportif pendant la course !) L’an dernier par exemple, Alistair Brownlee n’a pris le départ que d’une seule manche (bien choisie d’ailleurs..) à Sartrouville… Cela n’a pas empêché son club de communiquer sur son nom et sur l’ensemble des résultats de son athlète tout au long de l’année…
      Pour ce qui est du retour sur investissement de tel ou tel athlète… il faudrait avoir des informations que je n’ai pas pour se faire une idée plus précise 😉

      1. Ok je vois, dans le cas de pouvoir communiquer sur le nom de son athlete cela correspond à ce que peux faire une marque qui sponsorise un athlète, mais à ce moment la encore faut il être en mesure de communiquer (si je dis ça c’est parceque justement je trouve que les clubs sont peu présent sur les réseaux sociaux ou autres mais ça c’est une autre histoire).
        « L’autre intérêt, comme je l’ai dis, c’est aussi de d’être sûr que tel ou
        tel athlète ne va pas courir pour un club adverse…(élément non
        négligeable tu peux me croire…) » Je ne savais pas du tout que ça se faisait ! On en apprend tout les jours 🙂
        Merci beaucoup pour ce point de vue de l’intérieur.

  3. La manche de Valence le 08 juin va se dérouler en relais. Quelle est la stratégie à adopter pour les coachs?