Jamais les mondiaux de 70.3 n’avaient vu un plateau aussi compétitif et face a une densité qui continue a s’améliorer, cette distance est loin de nous avoir dévoilé tous ses secrets.
Toujours la faute des Brownlees puisqu’ils sont nombreux à s’être tournés vers la longue distance découragés par les 2 frangins?
Probablement, mais dans ce processus, les athlètes ITU sont devenus beaucoup plus complets ces derniers années et les philosophies en entrainement sont désormais plus portées vers l’endurance que l’intensité. Même si les inséparables du Yorkshire ont poussé le sport dans une nouvelle direction, ce n’est plus eux qui en profitent et c’est probablement le point fort de la période post Londres 2012 puisque les deux derniers titres leurs ont échappé.
À écouter les non-ITU-convaincus, Comment des ‘coureurs mouillés’ peuvent véritablement survivre dans la moyenne distance qui récompense généralement les meilleurs cyclistes?
Même si durant les deux dernières années, on annonçait que la venue de la crème de l’ITU pre-Brownlee, Frodeno, Don, Docherty allait transformer les dynamiques de courses, Sebastian Kienle a fait voler en éclat lors des deux dernières éditions en gagnant ces courses malgré un important déficit après la natation et ignorant les différents trains. Face à la progression constante des ex-ITUiens en longue distance, on croyait qu’il y avait donc une période de transition.
Cela reste une théorie Trimesienne, mais la transition est peut-être plus dans la tactique de course que dans la physiologie puisque les ITUiens sont plus impulsifs que rationnels étant habitués à suivre un groupe dans un effort à la vie ou à la mort.
Le pari de Javier Gomez, soit de gagner les deux titres en début de saison était presque risible voire improbable.
Surtout que les athlètes aiment se plaindre d’un calendrier trop chargé. Ironiquement, lorsqu’on est en mesure de gagner toutes les courses, cette notion est oubliée. Il y a toujours eu une sorte de guerre des mots afin de ne pas comparer ces deux types d’athlètes. Permettant d’acheter la paix et de ne pas dévaluer la valeur des deux camps.
Comment gagner deux courses en 7 jours tout en devant être très performant durant toute l’année dans la série mondiale. Même si le doublé, de gagner en ITU ainsi qu’un titre en longue distance a déjà été fait dans le passé, la densité actuelle n’était vraiment pas la même. Nous qui aimons parler tant de spécificité, on ne pouvait être que sceptique surtout que le parcours de Mont-Tremblant étant vallonné n’avantageait probablement pas l’espagnol.
Ayant fait le voyage entre Edmonton et Mont-Tremblant, on a questionné à plusieurs reprises son coach, il nous indiquait, qu‘ il était impossible de vraiment savoir, il ne pouvait faire qu’une seule séance par semaine sur son vélo de TT et avec la Grande Finale, il devait obligatoirement se concentrer sur la course à pied et courir entre 120 et 130 km par semaine. Même on s’imagine toujours que les meilleurs en ITU ont une incroyable vitesse, c’est pourtant leur aérobie qui est à l’origine de leur succès.
On se rappellera d’ailleurs de l’épisode Suédois ou il tombe malade et voyagera aussi malade, à ce moment là, de nombreux athlètes auraient aggravé leur cas avec le stress additionnel. L’espagnol est pourtant resté confiant alors que certains auraient pu déclarer forfait pour le 70.3.
Et la course?
Javier a du s’adapter face à des specialistes. Se placant sur l’intérieur du parcours de natation au départ, il s’est assuré d’être avec les meilleurs même si cela devait se batailler. Rapidement, il sera en alliance avec Jan Frodeno sachant très bien que comme les courses ITU, ils se devaient d’éliminer les athlètes plus faibles en natation. Ils élimineront de la course Sebastian Kienele et Lionel Sanders, deux athlètes spécialistes de 70.3. Avec Tim Don, Will Clark, Brent McMahon, Matt Chrabot, Ospally, les ITUiens ont tout simplement pris le contrôle de la course.
Ils appliqueront aussi un démarrage en force faisant décrocher certains. On vivra un dynamique avec deux trains. Le premier groupe imposera le rythme afin de se distancer du deuxième groupe. Amberger et Collins tenteront de quitter le premier train mais serviront uniquement d’éclaireur dans le groupe comptant Jan Frodeno, Ben Collins, Javier Gomez, Tim Reed, Tim Don, Chrabot, Nils Frommhold et Josh Amberger.
Ils compteront une avance de 2 minutes sur le groupe ayant vu le retour de l’arrière de Sanders et de Kienle.
On savait que les 20 derniers kilomètres allaient être déterminant et ce fut le cas. Jan Frodeno attaquera Gomez, « c’est certain qu’il me fallait prendre une avance sur Javier Gomez pour gagner », l’espagnol perdra finalement 30s sur la fin du parcours vélo.
Avec Bozzone, Collins, Amberger et Frodeno en tête à la sortie de la T2, on se dit alors qu’en toute logique, ce sont les nouveaux spécialistes du 70.3 qui vont finir par s’imposer.
Après à peine 2 km, le duel entre Gomez et Frodeno se dessinait et il faudra finalement 6 km pour revenir sur l’ancien champion olympique. Il prendra très rapidement une avance de 20 secondes et même si Frodeno espérait voir Gomez craquer sur la fin, cela ne sera jamais le cas.
Dans les mots de Jan, « Tu sais en finissant 2e, on se sent toujours comme de la merde, j’imagine que demain je prendrai mieux ce résulta , je suis aussi heureux pour Tim Don, c’est son premier résultat majeur en 70.3, il le mérite, Pour Gomez, cela n’est pas une surprise, c’est un athlète phénoménal, je savais que je devais me munir d’une avance confortable pour le battre en course à pied, c’est une machine d’aérobie, il est le plus fort ».
Frodeno avait tout de même des regrets, « malheureusement, avec seulement 2-3 gars qui m’aidaient à vélo pour faire la différence, on a manqué d’opportuniste pour faire la différence, cela est fustrant ».
On ne se le cachera pas, même sur 90km, les dynamiques de courses étaient identiques à celles d’une ITU avec deux pelotons où les athlètes se demandaient qui devaient faire l’effort et où le premier groupe gérait leur avance.
Et la spécificité, lorsque nous avons questionné sur ces objectifs de la saison puisque traditionnellement, les athlètes préfèrent se limiter à un seul, l’Allemand affirme « c’est certain que cette course était importante pour moi, tu sais j’ai pris un risque en faisant cette course puisque j’ai réduit l’entrainement avec dizaine de jours plus faciles ». Le médaillé d’or de Bejing qui avait tout gagné cette année sera tout de même à surveiller à Kona. Surtout que d’autres athlètes comme Kienle verront dans leur performance à Tremblant, un recul dans la hiérarchie.
À l’image de l’ITU, c’est encore une fois le meilleur coureur à pied (1:09:27). Même si on peut considérer que Gomez s’est préparé avec cet objectif cette saison, questionné sur ces intentions pour 2015, « c’est certain que j’aimerai être de retour et refaire des 70.3 et éventuellement des ironmans plus tard, mais ma place reste la distance olympique, et je pense que mes forces sont avant tout là ».
Malheureusement, avec le calendrier 2015, il parait déjà improbable que Gomez puisse participer à la finale en Autriche.
Évidemment, les amoureux du triathlon voient dans la victoire de Gomez un message fort prouvant aux amoureux de la longue distance, l’incroyable talent des athlètes ITU qui prennent d’ailleurs les 3 premières places. Est-ce qu’on avait besoin de cette confirmation? Non.
Il y a des résultats qui changent le sport, le doublé de Crowie (Las Vegas et Kona) en était un. Le succès de Gwen Jorgensen a aussi permis aux athlètes venant de l’athlétisme de voir un second souffle dans le triathlon. La victoire de Gomez permettra aussi a des athlètes de promouvoir une vision plus versatile dans leur choix de courses.
Après ses 4 titres de champions du monde ITU, Gomez impressionne sur sa longévité étant dans la lutte depuis les 10 dernières années et continuant à progresser… Rassurez-vous, Javier a décidé d’arrêter sa saison, sa participation au Xterra est fortement compromise.
NAME | COUNTRY | DIV RANK | OVERALL RANK | SWIM | BIKE | RUN | FINISH | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Gomez, Javier | ESP | 1 | 1 | 00:22:09 | 02:06:18 | 01:09:27 | 03:41:30 | |
Frodeno, Jan | DEU | 2 | 2 | 00:22:10 | 02:05:48 | 01:10:36 | 03:42:11 | |
Don, Tim | GBR | 3 | 3 | 00:22:41 | 02:05:18 | 01:12:44 | 03:44:38 | |
Sanders, Lionel | CAN | 4 | 4 | 00:26:42 | 02:04:14 | 01:11:21 | 03:46:03 | |
Frommhold, Nils | DEU | 5 | 5 | 00:22:39 | 02:05:10 | 01:14:45 | 03:46:25 | |
Gambles, Joe | AUS | 6 | 6 | 00:22:58 | 02:04:54 | 01:14:55 | 03:46:34 | |
Reed, Tim | AUS | 7 | 7 | 00:23:02 | 02:04:52 | 01:15:12 | 03:47:07 | |
Aernouts, Bart | BEL | 8 | 8 | 00:24:38 | 02:06:07 | 01:13:18 | 03:48:05 | |
Bozzone, Terenzo | NZL | 9 | 9 | 00:23:02 | 02:05:00 | 01:16:47 | 03:48:20 | |
Clarke, Will | GBR | 10 | 10 | 00:23:02 | 02:07:12 | 01:14:48 | 03:48:44 | |
Collins, Ben | USA | 11 | 11 | 00:22:21 | 02:05:26 | 01:18:37 | 03:50:10 | |
Thomas, Jesse | USA | 12 | 12 | 00:24:12 | 02:07:25 | 01:15:27 | 03:50:42 | |
Polson, John | AUS | 13 | 13 | 00:23:03 | 02:10:31 | 01:13:30 | 03:50:43 | |
McMahon, Brent | CAN | 14 | 14 | 00:22:22 | 02:11:17 | 01:13:53 | 03:51:04 | |
Moreno, Albert | ESP | 15 | 15 | 00:24:14 | 02:09:11 | 01:14:38 | 03:52:06 | |
Hoffman, Ben | USA | 16 | 16 | 00:23:12 | 02:10:19 | 01:15:08 | 03:52:28 | |
Chrabot, Matt | USA | 17 | 17 | 00:22:45 | 02:05:31 | 01:21:15 | 03:53:15 | |
Kienle, Sebastian | DEU | 18 | 18 | 00:25:37 | 02:07:28 | 01:17:11 | 03:53:59 | |
Reithmeier, Alex | AUS | 19 | 19 | 00:23:08 | 02:10:19 | 01:17:21 | 03:54:45 | |
Passuello, Domenico | ITA | 20 | 21 | 00:26:05 | 02:06:45 | 01:18:22 | 03:55:09 | |
Ospaly, Filip | CZE | 21 | 22 | 00:22:46 | 02:10:46 | 01:18:11 | 03:55:27 | |
Dreitz, Andreas | DEU | 22 | 23 | 00:23:25 | 02:08:09 | 01:20:32 | 03:56:03 | |
Amorelli, Igor | BRA | 23 | 24 | 00:22:44 | 02:07:31 | 01:22:10 | 03:56:35 | |
Jurkiewicz, Jeremy | FRA | 24 | 25 | 00:22:37 | 02:10:55 | 01:19:17 | 03:56:49 | |
Wurtele, Trevor | CAN | 25 | 26 | 00:24:33 | 02:11:25 | 01:17:03 | 03:57:00 | |
Millward, Callum | NZL | 26 | 27 | 00:24:14 | 02:09:08 | 01:20:19 | 03:57:31 | |
Amberger, Josh | AUS | 27 | 28 | 00:22:11 | 02:05:45 | 01:26:07 | 03:57:41 | |
Appleton, Samuel | AUS | 28 | 29 | 00:22:57 | 02:10:29 | 01:20:49 | 03:58:10 | |
Seear, Jimmy | AUS | 29 | 30 | 00:22:17 | 02:08:13 | 01:23:40 | 03:58:19 | |
Van Berkel, Tim | AUS | 30 | 31 | 00:23:15 | 02:09:29 | 01:23:30 | 04:00:20 | |
Fettell, Clayton | AUS | 31 | 32 | 00:22:11 | 02:11:23 | 01:23:01 | 04:00:31 | |
Rapp, Jordan | USA | 32 | 36 | 00:24:16 | 02:12:35 | 01:21:36 | 04:02:52 | |
Debil-Caux, Victor | FRA | 33 | 41 | 00:25:43 | 02:16:17 | 01:21:36 | 04:07:45 | |
Wild, Ruedi | CHE | — | — | 00:22:59 | 02:10:41 | 00:00:00 | 00:00:00 | |
Collington, Kevin | USA | — | — | 00:22:30 | 02:16:35 | 00:00:00 | 00:00:00 | |
Stein, Boris | DEU | — | — | 00:25:59 | 02:17:05 | 00:00:00 | 00:00:00 | |
Lange, Patrick | DEU | — | — | 00:23:04 | 00:00:00 | 00:00:00 | 00:00:00 | |
Cunnama, James | ZAF | — | — | 00:24:10 | 00:00:00 | 00:00:00 | 00:00:00 | |
Kahlefeldt, Brad | AUS | — | — | 00:00:00 | 00:00:00 | 00:00:00 | 00:00:00 |