Retrospectives 2014 ITU> La natation – détails invisibles pour conséquences visibles

En 2014, avec le retour du processus qualificatif pour les Jeux olympiques, les courses de la série mondiale et de la coupe du monde ont fait le plein. Il n’était pas rare de voir 75 athlètes au départ de ces courses.

2013 a été sans aucun doute l’année de la consécration du club des 8. À chaque course, les meilleurs nageurs emmenaient avec eux les ténors dans la discipline soit les Brownlee et Gomez. Appuyés par un départ explosif à vélo, en créant une sélection, ils s’assuraient de jouer le podium entre eux. Dans cette logique, cette discipline est devenue éliminatoire.

Pour 2014, on savait qu’il y allait avoir une prise de conscience sur l’importance de la natation. Avec un plus grand nombre d’athlètes sur le ponton, cette discipline a des plus en plus des allures de waterpolo. Sur les images, il est très difficile de s’en rendre compte, on a pourtant entendu une athlète féminine témoigner qu’elle avait passé 30s sous l’eau. Ses adversaires passaient tout simplement au-dessus d’elle. C’est devenu un combat.

Edmonton présentait probablement le parcours le plus étrange de la saison avec une courbe. Un athlète m’a confié qu’il n’avait jamais été en mesure de récupérer de cette natation tellement que c’était un combat perpétuel.

Il ne suffit plus d’être un bon nageur et de baisser ses temps dans les bassins, il faut avoir le sens tactique et surtout être offensif. Alistair Brownlee avouait qu’en course, il s’imaginait deux lignes et que tous ceux qui entraient dans sa zone en payeraient les conséquences. Les athlètes ITU savent très bien qu’ils ont besoin d’avoir deux vitesses. La première est pour réussir à se placer favorablement à la première bouée et la deuxième (croisière) pour suivre. 

Et alors?

Malheureusement, il n’y a pas de prise de conscience face à cette culture du contact qui est en augmentation et qu’un accident pourrait finir par arriver. Faire partir 75 athlètes avec une bouée à 300m et vous augmentez les risques qu’un athlète soit frappé à la tête et développe une commotion cérébrale. Certains athlètes peuvent partir n’importe où sur le ponton (Aurélien Raphael) et réussiront à s’en sortir. Dans le cas des autres, sa course peut simplement se jouer sur les premiers mètres de sa natation. Même si Javier Gomez est toujours capable de remonter après des départs assez moyens, ce n’est pas le cas des autres surout qu’ils n’ont pas le luxe d’éliminer des nageurs sur un côté – place extérieure sur le ponton. 

On a parlé à plusieurs élites pour connaitre leurs opinions. Ils s’entendent tous pour dire que les conditions étaient très aléatoires entre les courses. On pouvait passer d’une natation assez propre à un véritable carnage aquatique. Dans le milieu, certains nageurs sont identifiés.

Les raisons? Il y en a plusieurs

Pratiquement impossible d’identifier les nageurs dans l’eau, cela donne le champ libre aux agresseurs puisque les arbitres sur l’eau sont généralement mal formés pour les sanctionner.

De mémoire, il n’y a jamais eu de sanction pour un athlète qui faisait le ménage. À ce jour, seul un Hiltshire a été sanctionné parce que la caméra était clairement surement Javier Gomez. Cette situation est probablement plus commune qu’on le pense. Il suffit de regarder le nombre d’athlètes qui perdent leur bonnet et même leur lunette.

La deuxième raison est le mauvais design des parcours. 
D’une certaine façon, on devrait se réjouir que tous les parcours ne soient pas totalement uniformes, malheureusement certaines règles devraient toujours être respectées à la lettre pour la sécurité des athlètes.

Le premier virage devrait toujours être à au moins 350m pour permettre au groupe d’être moins condensé au premier passage. 

Cela n’est pas toujours le cas, mais le deuxième point le plus important est surtout sur la position des bouées. Avec trois bouées, il est possible de faire des virages à 120 et non à 90 degrés. Plus l’angle est prononcé, plus cela entraine un ralentissement et donc un embouteillage. À de nombreuses occasions, même si 3 bouées étaient utilisées, la deuxième était mal placée et ne présentait plus d’intérêt. 

Capture-d’écran-2014-04-06-à-13.05.56

Capture-d’écran-2014-04-06-à-13.06.50

Des solutions?

Que cela soit pour le spectateur ou l’arbitre, il serait intéressant de développer des bonnets uniques par athlète. À l’image de la formule 1 ou des Jockeys, il serait probablement intéressant de se pencher sur la création d’un système. Au point de vue média. L’utilisation de drones au-dessus des bouées pourrait aussi être très intéressante. Et pour finir, l’ITU doit surtout être plus attentive dans la position de ses bouées. 

6 commentaires
  1. 70 couleurs différentes ? Ayoye !!! Par contre quand on voit la boxe juste dans les groupes d’âge j’ose même pas imaginer en ITU… Tout à fait d’accord pour les courbes en 90 et les trois bouées à angle doux. Dans d’autres disciplines aquatiques moins sportives mais tout autant spectaculaires et disputées, on utilise un « dog leg », justement et pour la même raison, pour éviter que cela soit la foire d’empoigne.
    Moi j’ai juste une question… disons naïve. Ou peut-être un peu trop d’ancien nageur de bassin. J’ai vu à plusieurs reprises des athlètes voler le départ. Ils ont une demi longueur d’avance sur les autres juste à décoller du ponton en plus d’avoir de l’eau claire. Et il ne semble pas y avoir de sanctions pour ces voleurs… Quelle est la législation ITU à cet effet ? On laisse faire ? Un stop and go à T1 ?

    1. Non non! Pas 70 couleurs différentes :p. Mais des rayures, des cercles… des motifs en gros comme les Jockeys.

      Quand tu voles le départ, on te donne une pénalité de 15s (OD). C’est un STOP and Go. Je ne sais pas si l’ITU l’a fait exprès, mais a Edmonton, il n’y avait pratiquement aucun entre le pret et le depart, cela devient alors impossible de faire un faux départ. A Edmonton, le départ étant très particulier, certains auraient presque bien vu le 15s comme un bon investissement.

  2. Je suis d’accord pour les drones!Les courses deviennent dangereuse dans la partie natation et pas que chez les élites.Il y aura sûrement un accident grave un de ces jours et cela serait dommage pour notre sport.

    1. En fait, il y en a déjà eu des commotions cerebrales. C’est un peu comme le waterpolo, la personne n’a pas vraiment le temps de s’en rendre compte, elle subira les effets plus tard. Après, c’est certain que les fédérations ne vont pas commencer à dire qui est blessé est où…

    2. des drones? ces jouets sont hyper dangereux car absolument pas fiable comme l’on essaye de nous le faire croire.. et puis il y a d’autres solutions que des drones : la bouée plus loin, un départ plus espacé entre les athlètes!

      mettre la première bouée à 400 mètres, voire comme à Hawaii, une seule boucle!!

      1. Tu vas rire mais l’ITU utilise deja des drones sur les courses. L’ITU n’utilise generalement pas d’helicoptère dans les centres plus loins. Le truc, c’est que le drone est très loin grace a son objectif loop.

        Le problème des bouées plus loin c est que tu retires la possibilité des 2 tours.