Vieillissement, plus une question de motivation que physiologique?

En regardant le football ou même le hockey, je suis toujours sidéré d’entendre les commentateurs de juger un athlète de 32 ans comme trop vieux. Que je sache, les gagnants de Kona sont généralement plus proches de la quarantaine que de la vingtaine? Évidemment, le corps vieillit, mais est-ce vraiment la seule raison du ralentissement avec l’âge? 

Une question de conditionnement encore?
Pendant des décennies, on s’est fait dire que le chemin était tout tracé, il était important d’acquérir la vitesse jeune afin de pouvoir devenir un bon coureur de marathon. Une sorte de logique implacable. Il y a encore quelques années, voir un Terenzo Bozzone gagner le Championnat du monde de 70.3 à 23 ans alimentait des longues discussions. Sebastian Kienle était aussi sub8 à l’âge de 26 ans. 

En fait, on a toujours associé les temps et les volumes d’entrainement à un âge. Certaines distances sont même interdites pour certaines catégories. Il suffit de voir le record de 10km route féminin qui perd plusieurs minutes en quelques mois pour démontrer qu’il existait une réticence à voir les jeunes s’engager sur des distances plus longues. 

D’ailleurs, les récents champions en marathon sont désormais en dessous de 25 ans battant un Haile Gebrselassie qui avait 35 ans pour son record de 2:03:59.

Alors, ce n’est plus une question d’âge?

En fait, ces nouveaux talents qui émergent sont dorénavant ceux qui ont refusé de se laisser imposer ces limites et qui ont fait le plus de volume jeune. Et si la question était finalement ailleurs?

Selon Steve Magness, pour atteindre son potentiel, c’est un long processus de transformation de ses fibres musculaires. Il évoque une période de 7 ans. En mettant en perspective, cela signifie qu’un individu qui s’est entrainé de manière plus intense jeune sera en avance sur un athlète présentant le même potentiel, mais qui commencera à s’entrainer à haut niveau plus tard. À ce jeu, il sera rapidement découragé et cela explique pourquoi on associe à un niveau à une période. Il sera donc jugé en fonction de son âge et non dans quelle période il se situe dans son processus. Un jeune qui préfère se concentrer sur ses études risque d’être écarté pour de bon.

Ce processus de recherche à atteindre son plein potentiel demeure extrêmement dangereux puisqu’il demandera constamment un investissement presque total. Les fédérations demandent de plus en plus un engagement total. Il existe donc une crainte que le jeune qui consacrera toutes ses énergies au sport soit à risque de ne pas être satisfait de ses résultats. Il aura la crainte de ne pas répondre aux attentes des autres. 

Comme on le dit souvent, c’est le résultat qui est valorisé par la société et non le processus. Malheureusement, les athlètes sont rarement satisfait et ils sont toujours à la recherche de ce qu’ils n’ont pas. Lorsque les sacrifices sont très importants et que cela ne se reflète pas dans les résultats, il y a forcément un découragement et surtout une perte de motivation. 

En regardant les résultats en ITU ou même en Ironman, on remarque qu’il existe de plus en plus une fenêtre. Il est devenu très difficile pour eux de rester constant sur le temps. Kona est un exemple parfait. Les anciens prétendants ne sont plus en mesure de faire de bonnes courses à Kona. Même si on pourrait attribuer tout cela au vieillissement, on entend souvent parlé que le volume est tellement important qu’il est difficile pour eux de le répliquer année après année. Le doute est là, et en résulte une perte de motivation.

Pourtant des athlètes plus âgés réussissent et défient les croyances. Il suffit de penser à Hunter Kemper, âgé de 38 ans, il a encore prouvé en coupe du monde qu’il était toujours le meilleur coureur à pied de l’équipe américaine. 

Et si tout était une question de motivation? Si un athlète a fait sa place et qu’il est tout simplement heureux dans sa pratique. Dans nos observations, on remarque que ceux qui restent toujours performant malgré leur âge sont ceux qui expriment le plus de plaisir à faire du sport. Cela revient toujours au début ou il faut valoriser le processus et non le résultat. Même si le but ultime est le dépassement, il reste primordial d’en ressentir une satisfaction constante. 

Et oui, la motivation est peut-être ta meilleure arme après tout.

 

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