Au réparateur > Les diffusions télévisées du triathlon élite.

Lorsqu’une course est mal diffusée, on vient avant tout de prendre l’opportunité de bien vendre le sport. Malheureusement, que cela soit (surtout) en Ironman et en ITU, le produit demeure non attractif pour les grandes chaines de sport.

Cela a évidemment un impact sur la popularité du sport, mais aussi sur les élites puisqu’en ne suscitant pas l’intérêt des pratiquants, les pros ne sont plus vus comme des investissements intéressants pour les grandes marques. Dans les couloirs, on parle que les plus grandes marques de vélos ont coupé drastiquement leur investissement en triathlon. Pourquoi? Parce qu’elles n’ont plus besoin de s’associer à la performance pour obtenir de la visibilité. Malheureusement, ce retrait aura aussi un impact important sur le développement du sport.

Il ne faut pas dire…
Que le triathlon n’est pas télégénique, c’est un aspect totalement faux. La réalité est qu’on n’a toujours pas été en mesure de retransmettre les dynamiques des courses.

Toute la problématique est dans sa compréhension. Elle n’a rien a envier au Ski de Fond, au marathon, Course automobile et pourtant toutes ces disciplines sont pourtant sur vos télés.

La natation
Si vous prenez une course compétitive, il y a généralement qu’une douzaine d’athlètes qui jouent la gagne. Malheureusement, il est généralement très difficile de les différencier. Généralement, un commentateur sera en mesure de distinguer un athlète en fonction de son style de nage.  

Dans le passé, on décernait une couleur distincte aux favoris. Cette pratique n’existe plus et elle est pourtant essentielle. Application parfaite, dans un virage, cela permettrait de voir si un athlète est en train de se faire piéger. Cela ajouterait vraiment à la compréhension du spectacle. 

Sur les 400 premiers mètres, on pourrait avoir un drone au-dessus des nageurs pour voir leur évolution. Malheureusement pour le moment, on doit simplement se contenter d’observer si des cassures ont lieu sans vraiment avoir le moyen de distinguer qui est dans le pack. 

La course n’est pas intéressante en avant, mais en arrière.
Le triathlon moderne doit être vu comme une poursuite. Montrer le leader n’apporte pas d’intérêt puisque la course se joue généralement en arrière. On veut surtout être en mesure de savoir si cela s’organise ou pas. Malheureusement, se fier uniquement sur le visuel est généralement trompeur.

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À l’instar du Tour de France, l’ITU a la technologie pour connaitre les écarts entre les groupes en direct. En fait, cette info devrait toujours être à l’écran. Cette méthode a fait ses preuves.

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Le grand avantage est que cela permet avant tout de mieux situer où sont les athlètes, mais aussi l’évolution des écarts.

Cette formule serait aussi efficace en Ironman. Plus une course est compétitive, plus on parle de train. Malheureusement, à la fin du vélo, ce sont là que les plus grands écarts se font. Il est pourtant impossible de savoir qui n’est plus capable de suivre le rythme. Il faut attendre les passages sur les tapis du chronométrage pour le savoir. Cela rend la diffusion très statique. Lorsque les commentateurs n’ont pas ces informations, il est impossible pour eux de faire leur travail.

Montrer les dynamiques.

L’ITU à l’avantage d’être couru sur un circuit. Cela signifie qu’il est possible d’avoir des repères en matière de temps, mais aussi en vitesse. Malheureusement, c’est un aspect qui n’est jamais utilisé. Avec ce style d’infographie, il serait nettement plus simple de comprendre les tendances. Contrairement à la croyance, il n’y a pas de temps mort.

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Et la course à pied?

Ce qui est spectaculaire en ITU c’est la prise de risque dans le premier kilomètre afin de se placer. Même si l’amateur reste impressionné par le temps total des athlètes sur 10 000m, c’est probablement leur faculté à sortir très vite de la T1 qui l’est encore plus. On pourrait imaginer un split sur le premier kilomètre avec sa correspondance en vitesse. 

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Pour le reste de la course, malheureusement le suivi est plus complexe que sur vélo avec la probable absence de dynamique par groupe. Il serait pas contre possible de donner les intermédiaires toujours en indiquant si les écarts et des repères face à sa vitesse.

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En conclusion.

Selon nous, le triathlon restera un sport non médiatique tant que nous ne serons pas en mesure de mieux retransmettre les dynamiques des courses. Les solutions sont pourtant déjà là. 

 

 

3 commentaires
  1. Toujours pour mieux comprendre les dynamiques de course, rajouter le temps ou % passé en tête de groupe pour chaque athlète, ça ce fait sur le tour, pour bien voir qui roule et qui se planque.

  2. J’ai dû mal à comprendre en quoi il est important que le triathlon soit reconnu en passant par les médias.
    Est-ce pour que les pros aient une meilleure visibilité et donc de meilleurs contrats financiers ? Si oui, en quoi celà concerne la masse ?
    Est-ce que c’est grace aux médias que l’on va attirer d’avantage de licencié ou aux performances d’athlètes ? Quand on voit le prix d’une licence, le coût d’inscription d’une épreuve, l’entraînement qui va avec, est-ce que la masse sera prête à se lancer dans l’aventure triathlon ? Je ne sais pas.
    Aujourd’hui on n’est pas forcément très nombreux dans ce sport et on n’est déjà pas capable de gérer les départs de course (combien de départ natation sont volés ?) à gérer le problème du drafting… Donc, est-il nécessaire de chercher à avoir encore plus de licenciés ?
    A contrario, faut-il réserver le triathlon à une population très restreinte ? je ne sais pas. Mais il faut peut être le « réservé » à des personnes qui se donnent les moyens de découvrir par eux-mêmes un autre sport. Je pense aux ex-nageurs, ex-coureurs, ex-cyclistes, ex-raiders etc, qui veulent découvrir autre chose.
    On peut peut être aussi comparé le triathlon au phénomène du trail. Sauf erreur de ma part, le trail n’est pas très présent dans les médias et pourtant il y a de plus en plus de participants.

  3. Bertrand,

    Le nombre de licenciés d’un sport est effectivement étroitement lié à la médiatisation de cette discipline et aux performances de ses élites dans les grandes compétitions. Le nombre de licencié en natation n’a jamais autant augmenté qu’après les jeux de 2008 ou l’équipe de France avait fait une razzia de médailles.
    La médiatisation d’un sport amène des ressources financières supplémentaires pour les pros mais aussi pour les organisations d’évènements. Le coût d’inscription serait alors baisser et les organisations améliorées. Plus de licencié, c’est aussi plus d’arbitre et plus de moyen peut entrainer une professionnalisation du corps arbitral comme c’est le cas au foot.
    Il faut aussi arrêter de voir le triathlon comme un sport de « seconde main » destiné aux ex-sportif d’une autre discipline. La génération spontanée actuelle montre bien que c’est l’avenir du sport.

    Les moyens pour couvrir médiatiquement une course viennent avec l’engouement du public mais pour obtenir l’engouement du public il faut surmonter les déficiences de moyens en plaçant des commentateurs passionnés qui sont capables de combler les trous dans l’histoire de la course et de donner les informations permettant de suivre la dynamique de course. Malheureusement aujourd’hui, on préfère placer des commentateurs qui découvre le jour de la course le nom des athlètes français et qui sont incapables d’apporter plus que ce que l’image ne montre. C’est dommage.