Edito > Dopage – Le droit à l’oubli?

Il reste encore quelques jours avant la révision du code de la WADA (agence mondiale anti dopage) qui imposera désormais des suspensions de 4 ans et obligatoirement privé d’un cycle olympique. Possiblement qu’à l’avenir les athlètes qui tomberont ne reviendront plus jamais dans le sport puisque les sanctions seront beaucoup plus lourdes. Sans compter que tout l’entourage d’un athlète tombera aussi avec lui. Même si les sanctions seront beaucoup plus difficiles à infliger, on peut espérer voir un sport plus propre dans les prochaines années.  

Malheureusement, ce week-end, on a encore eu le droit à une autre victoire de Michael Weiss. Il y a quelques mois, c’était Antonio Colomb qui faisait les manchettes. Chose certaine, tous ces anciens suspendus sont revenus aussi forts et profitent à nouveau de la gloire. D’ailleurs, si vous prenez les médias spécialisés comme Slowtwitch, Triathlete magazine US, aucun ne rappelle le passé de Michael Weiss.

Pardonné? Droit à l’oubli? Ironiquement, Michael Weiss n’a jamais reconnu s’être dopé et même s’il allait régulièrement dans un laboratoire reconnu pour ces pratiques. 

Faut-il s’étonner de sa performance? L’homme en question est plus rapide par 20 minutes que ses adversaires. Il faudrait aussi ajouter qu’il était clairement le plus rapide en course à pied dans les 15 premiers kilomètres avant de gérer son avance. Est-ce qu’il aurait pu gagner la course avec 30 minutes d’avance? 

Par le changement de la longueur de la suspension, on y voit surtout une manière de dire clairement que les effets du dopage sont prolongés ou encore un moyen de décourager cette voix puisque les moyens contre le dopage sont trop limités et très opaques.

Eh oui, c’est toujours le même questionnement sur les effets prolongés du dopage.

Si on rentre dans la logique de Steve Magness qui affirmer que cela prend 7 ans d’entrainement pour transformer musculairement son corps pour l’endurance, ces athlètes dopés se seraient donc forgé ce corps. Est-ce que Weiss aurait pu atteindre son plein potentiel sans dopage, pas certain?

Pourquoi?

Dans le sport d’endurance, on parle souvent de talent. La réalité est que c’est aussi une question de patiente. Ce sont des longues d’heures d’entrainement qui permettent à un athlète de se bâtir. S’il se sent en retard sur son développement en comparaison des autres athlètes de son âge, il va probablement arrêter. Dans le cas de Weiss, son dopage date bien de son époque en vélo de montagne. Son dopage était possiblement motivé par le besoin de ne pas louper un cycle olympique. Sa sélection a donc probablement découragé ceux qui auraient dû avoir sa place. Il y a donc toujours ce coût et cette conséquence à cet acte. 

Même si les Allemands voudraient rendre le dopage comme un acte criminel, il y a une certaine logique puisque c’est tout simplement un vol. Vous avez accepté un financement qui vous a été attribué grâce à votre dopage. 

Il y a donc tout un contraste entre une nation qui veut mettre ses athlètes dopés en prison et des médias qui rapportent leurs succès comme si de rien. Lava Magazine a constamment encouragé l’Autrichien, le qualifiant de bon gars alors qu’il était attaqué par ses confrères. Il y a encore un mois, ce magazine arugmentait pour le retour de Lance.

Face à ces cas, on se prononce tous blanc et noir.

Évidemment, la facilité serait d’oublier. Malheureusement, comme on le dit souvent, sa sanction de deux ans a un effet très minimal. Il revient dans le sport avec un corps toujours prêt pour gagner. Se voit traité comme un champion et tout le monde oublie son passé. 

Eh oui, tout le monde devrait avoir le droit à une seconde chance. Comme on l’entend fréquemment, il a fait sa sanction, il a désormais le droit de courir à nouveau. Chez Trimes, on pense surtout qu’il doit regagner sa place en avouant ses erreurs du passé, chose qu’il n’a jamais faite. Si vous prenez Antonio Colom, on rentre dans la même logique où l’athlète banalise son erreur. 

Dans le futur, vous risquez d’entendre parler d’un athlète de retour sur le circuit ITU après une suspension. Dans son cas, on est très partagé puisque les preuves sont évidentes. Il a vécu une enfance pas facile. Comme par hasard, son nouveau coach serait aussi quelqu’un qui a eu une seconde chance… Lui qui a déjà pratiquement tout gagné, y voit probablement une opportunité de sauver quelqu’un qui était à la dérive. (Pas la peine de me demander leurs identités)

Dans le cas de ce jeune athlète, il est facile de comprendre qu’en rappelant son passé, on joue avec un humain qui ne l’a pas eu facile. Est-ce une raison pour le protéger? 

Alors, est-ce que Trimes devrait toujours rappeler le passé de ces athlètes? Est-ce que leur mise à l’écart par la communauté n’est pas suffisante?


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