Natation : intérêts et limites du Swolf Score

Le SWOLF SCORE est la contraction de « Swim Golf ». La plupart des modèles de montres natation possèdent maintenant cette fonction intégrée (Finis, Garmin, Poolmate…) et on le présente comme l’indicateur de l’efficacité en natation. Est-ce réellement le cas ?

1- Comment calculer son SWOLF SCORE ? 

Si vous ne possédez pas ce genre de montre, pour obtenir votre SWOLF SCORE, il vous suffit d’ajouter votre nombre de coups de bras au temps par seconde pour une distance de 50 mètres (c’est la distance généralement adoptée pour calculer le SWOLF SCORE).

Ainsi, le nageur qui nagera 50 mètres en 45 » avec 40 coups de bras aura un score égal à 45+40 = 85. Un nageur qui nagera cette même distance en 40″ avec 42 coups de bras aura un score légèrement meilleur : 40+42 = 82. Un nageur qui nagera plus lentement, par exemple en 43″, mais avec 38 coups de bras aura lui un meilleur score; : 43+38 = 81.

Attention d’ailleurs avec les montres citées (Garmin, Finis…) car elles calculent le nombre de coups de bras sur la base d’un seul bras; ainsi, suivant la main sur laquelle vous portez la montre, le SWOLF SCORE pourra ne pas être totalement exact.

2- L’intérêt du SWOLF SCORE

En natation, l’amplitude reste l’un des facteurs déterminants de la performance à quelques exceptions toutefois. Le SWOLF SCORE, prenant en compte à la fois l’amplitude et la performance chronométrique, permet de faire travailler le nageur vers une nage à meilleur rendement. Ainsi, si un nageur gagne 2 » au 50m mais doit pour cela faire 3 cycles de bras de plus, aura-t-il véritablement améliorer l’efficacité de sa nage ? Sans doute pas et il n’aura pas amélioré son SWOLF SCORE.

Chercher à améliorer son SWOLF SCORE plutôt que sa seule performance chronométrique va obliger le nageur à parfaire sa technique de nage. C’est surtout vrai pour le nageur qui possède des défauts techniques : ainsi, il est probable qu’il ait une marge de progression importante dans son SWOLF SCORE. En s’obligeant à réduire son nombre de coups de bras, sans toutefois nager moins vite par exemple, il va être obligé de mieux nager (c’est l’approche de la méthode de Natationpourtous par exemple et je vous renvois vers son livre pour plus de détails).

Pour le nageur qui possède déjà une bonne technique, le SWOLF SCORE peut aussi être utile à trouver le meilleur rapport fréquence/amplitude. Pour cela, il faut demander au nageur de nager chaque longueur en modifiant son nombre de coups de bras d’un coup de bras et de mesurer son SWOLF SCORE. On va trouver normalement une forme en U si on compare le SWOLF SCORE entre chaque 50 m (on met sur un graphe pour chaque longueur un point ayant pour ordonnée le SWOLF SCORE et pour abcisse le nombre de coups de bras), c’est à dire que le SWOLF SCORE va diminuer et ensuite augmenter : le nageur pourra alors constater que son meilleur SWOLF SCORE se situe avec une amplitude de X mouvements de bras avec + ou – 1 mouvement de bras. Si le nageur varie plus par rapport à ce nombre X de mouvement (que ce soit en augmentant le nombre de coups ou bien en le diminuant), son SWOLF SCORE sera moins bon.

Il sera alors intéressant de comparer ce résultat avec le ressenti du nageur. Est-ce que le nageur se sent le mieux lorsqu’il nage avec la fréquence lui donnant le meilleur SWOLF SCORE ? Ce n’est pas forcément le cas en fait car le SWOLF SCORE donne un avantage aux grands nageurs. Pour les nageurs de taille moyenne ou petite, il peut être intéressant de pondérer le SWOLF SCORE en ne comptant non pas les coups de bras mais les cycles de bras. Avec cette pondération, on peut constater une meilleure corrélation pour certains nageurs entre le ressenti du nageur et le SWOLF SCORE. Pour plus d’infos, je vous renvoie au lien en bas de l’article (site en anglais).

3- Les limites du SWOLF SCORE

Le SWOLF SCORE n’est pas un outil de comparaison entre nageurs mais plutôt un outil de progression personnelle.

Pourquoi ? car le SWOLF SCORE va indéniablement privilégier les nageurs à forte amplitude (ou éventuellement à puissants battements) et donc très logiquement les nageurs les plus grands et les plus longilignes par rapport aux plus petits gabarits  D’ailleurs, le recordman du SWOLF SCORE serait Alexander Popov avec un score de 45 (20 coups de bras pour 25 secondes…sur 50 mètres bien sûr !!).

Comme l’explique Evan Morrisson, pour prendre deux extrêmes, le nageur chinois Sun Yang (1m98) a un SWOLF SCORE de 59, là ou Janet Evans (1m68) a un SWOLF SCORE DE 79, soit 20 points d’écart (alors que leur différence de temps sur 50m est de 4 » pour ce calcul) ! On ne peut dès lors en conclure que Sun est bien meilleur nageur techniquement que Janet car ce serait faire abstraction de leur énorme différence de gabarit et de style. Et heureusement la natation reste un sport où la diversité de style a encore sa place !

Il ne faudra pas non plus chercher à comparer des SWOLF SCORE en eaux libres avec des SWOLF SCORE en piscine du fait de la différence de styles. En eaux libres, l’amplitude est généralement plus faible qu’en piscine pour de multiples raisons (style de nage différent, battement moins puissant…).

www.leplaisirdenager.blogspot.com

S. Séhel est l’auteur du livre « Le Guide du Crawl Moderne » (Thierry Souccar Editions) et du livre « Courir léger – Light Feet Running »

4 commentaires
  1. Inutile. Oser corréler efficacité et nombre de coups de bras… A la limite % FC de réserve et temps sur 50 m aurait beaucoup plus de sens.

    1. Ce que je trouve inutile, c’est d’avoir une montre pour faire ça… ton cerveau et une horloge le fait très bien, ce genre d’exercice (coup de bras + temps) te donne une bonne idée de la puissance de tes tractions et c’est plus à utilisé comme éducatif qu’autre chose par contre, question de t’obligé à penser à toute les phases de la tractions.

    2. Antoine, ça dépend de quelle efficacité dont on parle. L’efficacité propulsive (Huub Toussaint’s Propelling Efficiency) pourrait dans une certaine mesure être adressée par le Swolf Score, quoi que plusieurs croient, à raison je pense, que le Swolf échoue à bien mélanger 2 métriques entièrement différentes, soit le temps et le nombre de tractions. Autrement dit, il est tout à fait plausible que le meilleur de 2 nageurs perde au Swolf, mais gagne en compétition.

      Je ne crois pas qu’on puisse calculer correctement l’efficacité brute en natation en utilisant le 50m comme distance étalon, pas plus qu’en utilisant la FC de réserve d’ailleurs. L’efficacité brute requiert de connaître le vo2max, ainsi que le vo2 mesuré pendant la distance utilisée pour le calcul de l’efficacité.

      Charles

      1. tiens, pour ce que ça vaut. J’ai créé jadis un google doc que je laisse trainer comme ça, déverrouillé, je crois qu’il fonctionne encore.

        C’est une façon très logique de calculer l’efficacité propulsive.

        Principe:
        Saisir sa grandeur (Arm Span)
        Le tableau liste le croisement du rythme (Stroke Rate) et de l’efficacité propulsive définie comme le pourcentage de ta grandeur totale, par coup de bras. Donc une efficacité de 0.7x (souvent atteinte par des nageurs de haut niveau) signifie que ces nageurs se déplace par 70% de leur Arm Span totale, à chaque traction.

        Les valeurs sont exprimées en pace/100m.

        S’il vous plaît, la feuille fonctionne toujours (après plusieurs mois). Essayez de ne pas la scraper!

        Charles