Edito > Ces journées là.

Cela fait plusieurs semaines que je tente de terminer un texte sur le passé et le futur de Trimes. On voulait annoncer un bilan qui nous permettrait d’annoncer des grandes choses pour l’avenir. Reste que 2014 a été personnellement une année très pénible et sans l’aide des quelques collaborateurs, c’était la fin.

Avec ce changement d’année, on était plein de bonnes intentions et puis il y a eu ces événements à Paris. Une autre journée pas comme les autres. L’attaque à Charlie Hebdo marquera les esprits (et celle de Vincennes aussi). Je sais que certaines publications ont préféré suspendre leurs activités et d’afficher leur support. Trimes n’a rien fait de cela. Pas parce qu’on n’était pas touché, mais parce qu’on a une peur farouche de la récupération.

Dans la réalité, on a grandit en lisant Nova magazine, Technikart, Les Inrocks et même en modisant qu’Actuel n’existait plus. Si trimes existe c’est probablement justement par le fait qu’en arrivant en Amérique du Nord, il était presque impossible de tomber sur du contenu irreventieux. Dans cette société, il faut faire le consensus et non la divergence.

D’ailleurs, il n’y a pas si longtemps, je suis tombé sur une entrevue radiophonique de Laurent Garnier. C’est un DJ qui est apparu dans les années 90 et qui perdure. Dans ses propos, il s’alarmait face à l’avenir de la musique puisque plus personne n’est capable de vivre de ses compositions, affirmant que seuls les concerts permettaient aux artistes de survivre monétairement. Dans une génération qui réclame le tout gratuit, on ne veut plus investir dans un artiste en se procurant une copie physique. Les médias partagent de plus en plus cette réalité. Face à un lecteur qui ne veut plus dépenser pour lire du contenu de qualité, il a encouragé un modèle où l’indépendance est devenu impossible.

Les fabricants payent des voyages de presse, des annonceurs réclament des tests élogieux. Les rédactions font des publireportages sans jamais l’indiquer. Enfin, même si ces rapports de force sont évidents, qui s’expriment encore contre? Malheureusement, dans cette logique de nombreux sujets ne sont pas abordés et on reste dans le descriptif et non l’analyse des différents phénomènes dans notre sport. Dans un sport où les pratiquants connaissent très mal les élites, rares sont ceux qui ont voulu remédier à cette situation.

Revenons a cet acte de terrorisme, tout le monde s’est accordé pour dire que c’était une attaque contre la liberté de la presse. Ironiquement, cela fait plusieurs années que ceux qui prennent des risques se sentent de plus en plus isolés. Cela m’a fait passablement irrité de voir certains médias décrier cet aspect quand ils n’ont plus d’idéalisme. On ne dénonce pas cette attitude. On souhaite avant tout souligner le fait que les éditeurs ont de moins en moins le choix à cause de la gratuité.

Trimes n’est certainement pas au même niveau. On pense tout de même qu’on fait notre part dans la dénonciation tout en tentant de rester constructif. À la fin, on veut surtout un impact positif et même si cela touchera qu’un nombre d’athlètes très réduits, cela en vaut la peine, non?

Notre publication web trimes.org à plusieurs années et elle s’est forgée un succès critique chez les compétitifs. On a toujours eu l’impression de remplir un trou que les autres refusaient d’occuper. Aller au-delà de la partie visible du sport. Au lieu d’écrire en fonction des attentes, on préfère tenter d’éduquer ceux qui veulent aussi mieux comprendre ce sport.

Dans un récent sujet où on a parlé de dopage, j’ai reçu une pluie de critiques Demandant, le mea culpa du méa culpa ou pas. Pour un seul article, on mettait ma crédibilité à la poubelle. Certains se questionnaient même si on était vraiment libre d’écrire ce qu’on voulait. Nous qui refusons de faire passer de communiqués de presse pour nos textes, on a rit jaune. Après, on ne peut pas plaire à tous le monde.

En fait, je me rappel très bien de l’effet que cela a eu sur moi. Est-ce que ca en valait encore la peine de prendre position?

L’événement de la semaine dernière m’a surtout rappelé qu’avoir une tribune est un privilège qui se mérite. Le meilleur hommage est probablement de ne pas abdiquer et continuer a rester critique et même si cela ne plait pas à tout le monde.

Maintenant, la parole est aussi de votre camps. Acceptez-vous la dynamique du contenu gratuit qui provoque un nivèlement par le bas?

Quelle ironie de voir que notre discipline s’extasier face à du sang neuf venant des pétro-monarchies sachant que la liberté de la presse n’existe justement pas dans ces pays… Dans toute cette complaisance, certaines éditions ne semblent avoir de respect face à leurs lecteurs.

Et vous, que faites-vous pour changer la donne?

4 commentaires
  1. Vous ne manquez pas d’humour, parler d’esprit critique alors même que vous supprimez tout article con que vous avez publié, ainsi que les commentaires adressés sans même y répondre… Faire des conneries est l’apanage de tous, ce qui ne l’est pas, c’est de les reconnaître…
    Vous êtes aussi très drôle lorsque vous attirez la larmiche sur le courage de ce que vous réalisez, mais oui M. St Jalm et Trimes vous rassemblez une minorité parce que vous participez de l’ostracisation de ce sport, en ne vous concentrant que sur les élites, certaines parties de leur parcours d’athlète. Oui vous n’êtes pas une marque donc vous n’avez pas l’approche paillette, en revanche vous êtes Taz du triathlon donc vous avez l’approche DUR FORT …
    Et terminer par nous parler de ce que permet l’expatriation en Amérique du Nord comme recul sur l’innovation, sur la société… MOUAHAHAHAH. Vous semblez savoir que ce qui s’est passé la semaine dernière met en péril, interroge la liberté d’expression, mais aussi la cohésion sociale…
    Ou est la liberté d’expression dans le Canada dépolitisé de 2015, ou la révolte des casseroles du printemps érable était totalement inédite? Et ou, surtout les étudiants ne souhaitaient pas porter plus que la hausse des frais d’inscription? Ou est la cohésion sociale aux Etats-Unis ou en 10 ans la police a dézingué plus de personnes noires que pendant l’apartheid??
    si le ton est agressif, c’est du fait de la révolte que tout cela fait peser sur moi,
    mais aussi parce que j’ai envie de lire des trucs bien sur le tri, j’ai envie de voir évoluer ce sport, et j’ai renoncé dans pas mal d’endroits, mais vraiment je pense que vous êtes moins cons que les autres… alors j’essaye…

    1. Lucile, on a effacé aucun article… et non plus des commentaires… Pour ce qui est de la cohésion sociale, cela n’est pas du tout au même niveau, mais on s’est toujours interrogé sur le fait que le sport devenait de moins en moins accessible et que cela ne semblait pas déranger personne… Regarde bien les archives. On est probablement les seuls a critiquer ouvertement Ironman et montrer du doigt que ce sport est de plus en plus réservé a une classe sociale.

      Pour ce qui est de l’élite, il y a un tas de site qui se concentre sur les groupes d’ages, on a toujours eu l’impression que ces athlètes avaient un pratique très égocentrique. Evidemment, tout le monde est différent. À la base, on ne pense pas que le débat va s’élever grace a eux. Nous aussi on veut voir le triathlon évoluer. Je comprends totalement ton sentiment, mais tu te trompes de cible.

  2. Bof… disparition ou pas de Trimes, ca n’aura aucun impact dans ma vie. Il y a parfois de bons articles, surtout techniques ce qui est louable, ce qui l’est moins c’est le ton fondamentalement anti-Ironman Corp et plutôt pro-Challenge. Je n’ai pas mon mot à dire : ceci n’est qu’un blog d’opinion et non un journal subjectif et c’est pour cela que je le lis, en dépit d’une orthographe particulièrement déficiente.
    Le problème d’une telle publication n’est pas tellement son sous-financement mais plutôt la ligne éditoriale conduite par un seul homme ou du moins par une pensée unique conduisant plutôt au martèlement sur un clou plutôt que refléter la pluralité d’opinions, reflétant justement la diversité de notre discipline et de notre public.

    1. Cela n’est pas une question de favoriser Challenge à Ironman, honnêtement, on n’a pas réellement de préférence. Cela reste important de souligner le manque d’initiative contre le drafting, le prix des courses et l’abandon des webdiffusions… Est-ce que cela ressemble à un martèlement? Probablement puisque les autres ne le font pas. Si on n’évoque pas cela, il n’y aura justement encore moins de diversité d’opinions. Au passage, tu me diras dans quel article on parle avantagent de Challenge.