Dr Trimes > Comment choisir un capteur de puissance.

Vous êtes nombreux à nous demander notre avis sur les capteurs de puissance. Alors que l’offre se limitait à quatre joueurs, de nouvelles marques tentent de s’imposer avec des produits plus abordables.

Alors, comment choisir le capteur de puissance? 

Avant de succomber à des prix de plus en plus attractifs, sachez que votre choix doit avant tout être dicté par un produit précis et fiable. Il doit être en mesure de bien s’adapter aux variations environnementales. Méfiez-vous des articles comparatifs sur internet. Un testeur profite d’un produit sur un temps limité et l’essaye dans un environnement contrôlé. Aussi valider un capteur de puissance en le comparant avec un autre est un exercice qui a des limites. Les différents tests n’ont jamais relevé les problèmes d’étanchéités ou de batteries qui se vident trop rapidement et qui sont pourtant bien connus.

Vous devez rechercher un système qui est capable de s’autocalibrer régulièrement. Les changements de températures ont un impact sur les mesures. Certains produits sont capables de s’ajuster sans l’intervention du cycliste, d’autres non.

Dans le cahier des charges, le système doit surtout offrir des mesures reproductibles et réparables d’une session à une autre. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas.

Dans cette logique, il ne faut pas se contenter d’avoir un produit qui offre la mesure de la puissance. Si vous investissez dans un produit approximatif, vous pourriez rapidement regretter votre économie.

Dans les problématiques bien connues, il y a celle de la qualité de la transmission des données. Les coupures peuvent s’avérer fréquentes. Un ancien champion du monde Ironman l’a déjà vécu. Sur la route de Kona, il pouvait passer plus de 20 minutes sans données, cela était tout simplement causé par des interférences. Ce manque de fiabilité a probablement eu un effet négatif sur sa performance finale, d’où l’importance de se munir d’un produit très fiable.

Les capteurs de puissance, pas tous égaux?

C’est la grande erreur actuelle. Il est reconnu que certains modèles mesurent des valeurs plus élevées que les autres. Un capteur de puissance sur le moyeu d’une roue mesure la puissance de sortie (soumis à la transmission mécanique de votre vélo) ou encore, un capteur sur des pédales est soumis à des forces dans plusieurs directions.

En les comparant les uns entre les autres, on fait une erreur puisqu’ils ne sont pas soumis directement aux mêmes forces. Même si les valeurs sont différentes, elles sont généralement reproductibles et permettent donc à l’athlète de juger leur effort en conséquence.

Pour généraliser, il existe 4 types de capteurs :

– Sur le bras du pédalier, mesure sur un seul côté. Rotor, Stages, 4iiii, Pionneer.

Vendu comme l’offre la plus accessible, il faut malheureusement faire un important compromis. D’ailleurs, les marques les plus respectables dans le domaine refusent d’ajouter ce type de produit à leur catalogue. Lorsque le système mesure uniquement la jambe gauche, le produit peut s’avérer très imprécis, on s’explique.

Il existe une variabilité importante dans la puissance générée par vos deux jambes. L’une d’elle peut-être plus fatiguée que l’autre et vice-versa. Dans cette balance, il n’est pas rare d’observer des ratios 46/54% et ils peuvent s’inverser d’une journée à l’autre. D’après certaines recherches, le ratio changerait aussi en fonction de la cadence et du type d’effort (plat / montée).

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Un capteur mesurant uniquement la jambe gauche multiplie par deux la valeur mesurée. Prenons l’exemple d’un cycliste qui génère 300watts à 46% cela donnerait 272 watts. Si la jambe passe à 54% 324 watts. Cela représente une variation de 52% et donc une plage d’erreur de 8% ce qui est énorme et ne justifie plus la pertinence d’utiliser la puissance pour gérer son effort.

Évidemment, notre démonstration est un cas extrême. L’athlète est généralement convaincu qu’il a un pédalage très équilibré. Cette fausse impression avantage certains acteurs de l’industrie. La vérité est entre les deux. Chez Trimes.org, on considère que c’est un produit qu’il faut éviter. Il est déjà possible de se munir d’un capteur sur le pédalier (Power2Max) pour un tarif équivalent au premier prix de Stages.

– Sur l’axe des pédales (1 ou 2 modules). Garmin, Polar, Powertap, Look (à venir).

pedals_p1_frontLe capteur sur l’axe des pédales est une solution idéale sur papier parce que votre powermeter est alors rapidement facilement transférable de vélo à vélo. Dans les faits, c’est une technologie nettement plus difficile à maitriser au niveau logiciel (interprétation des données) et par le fait que la transmission des données vers l’ordinateur est sur deux canaux et multiplie donc les risques par deux.

De plus, la puissance mesurée sur l’axe de la pédale est soumise à des forces allant dans plusieurs directions (différentes phases du pédalage). Les résultats sont donc variables en fonction de votre coup de pédale et une cale délinquante créera une variabilité dans les mesures. Powertap et Garmin semblent avoir finalement développé des protocoles nettement plus efficaces.

La seconde génération du Garmin Vector est enfin fiable. Il en demeure que les pods externes demandent une certaine minutie. Powertap a réussi l’exploit de l’incorporer dans la pédale. C’est probablement le produit le plus intéressant du marché pour un athlète qui a plusieurs vélos.

Comme nous l’avons démontré, même si Garmin et Polar offrent leur système avec un seul module (jambe gauche), c’est une solution qui est à proscrire à cause de son manque de précision (démonstration ci-dessus).

Aspect très important, Polar, Garmin et Powertap fabriquent leur propre compteur vélo. Ils sont généralement optimisés pour être jumelés avec des produits de la même marque. Garmin tente d’imposer des nouvelles données sur la qualité de votre pédalage, malheureusement, l’intérêt est assez limité et cela devrait pas influencer votre choix.

– Sur le rotor du pédalier. SRM, Quarq, Power2Max, Pioneer

C’est la méthode la plus approuvée et la plus répandue. Par sa position dans votre transmission, elle est la mieux placée pour mesurer adéquatement la puissance (puissance générée en début de transmission). Elle demeure la méthode la plus onéreuse. Que cela soit SRM, Quarq et Power2Max, ces trois marques jouissent d’une excellente réputation. Pioneer est sur la bonne voie pour les rejoindre.

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La non-évolution de leur produit démontre que leur système n’a pas besoin d’être corrigé et est donc un gage de qualité. Malheureusement, les seuls problèmes que ces produits peuvent rencontrer sont surtout dans l’ordre de la qualité de la transmission vers l’appareil.

PowerTap offre un produit hybride depuis cet été. Le système est directement sur les plateaux. Il permet donc de conserver son propre pédalier (compact uniquement) tout en offrant un prix très compétitif à 700$.

chainringIl faut savoir que certains produits comme la montre 920XT de Garmin sont munis d’une antenne qui n’est pas irréprochable. SRM et Pionner sont les deux seuls fabricants à produire leur propre compteur GPS et cela fait la différence lorsqu’ils sont utilisés avec leur propre protocole. Pourquoi? L’ANT+ est un langage ouvert et est facilement soumis à des interférences.

– Sur le moyeu de la roue arrière. Powertap

Même si c’est une méthode approuvée, elle mesure la puissance à la fin de la chaine mécanique. La mesure est donc dépendante du bon fonctionnement de votre transmission (chaine, roulements). La puissance mesurée est donc généralement moins haute que les autres capteurs. Cela demeure un système très efficace, mais qui a l’inconvénient d’être dédié à une roue.

– Bluetooth, ANT+ ou autres…

Le choix du protocole n’est plus une décision à prendre à la légère. Bluetooth offre plusieurs avantages, un taux de transfert plus rapide et une meilleure protection en terme de jumelage. Lorsque vous utilisez le ANT+, un autre athlète pourrait voir vos données. Jumeler un appareil ANT+ dans une transition est une très mauvaise idée.

L’ANT+ est un protocole ouvert sous un consortium qui appartient à Garmin. Certains concurrents comme Polar refusent donc de l’utiliser. L’offre dans les compteurs vélos est tout de même nettement plus intéressantes avec l’ANT+ mais tout cela pourrait changer rapidement avec le nouvel intérêt des géants de l’informatique comme Apple et Google. À vous de choisir en fonction de votre écosystème.

Pourquoi les tests comparatifs dans la presse sont généralement très approximatifs?

Nombreux testeurs font des peaks de puissance. C’est là que les plus grandes variations entre les différents systèmes sont observées. Dans certains cas, les variations viennent surtout de la limitation dans le taux de transfert de l’ANT+. À cause d’une vitesse limitée dans la transmission des données, la mesure n’est jamais vraiment précise.

Aspect méconnu, le bluetooth (protocole proposé par Polar et Stage) est plus réactif que l’ANT+. D’ailleurs le consortium propriété de Garmin travaille déjà à faire évoluer sa norme ANT pour contrer cette limitation. La mesure sur des efforts très courts est donc généralement très approximative entre des systèmes pas fiables et d’autres qui doivent être absolument bien synchronisés dans leur fréquence d’enregistrement pour être le plus proche de la réalité. Cela reste une problématique qui ne touche que des athlètes dans des efforts dit critérium (relance).

Pour bénéficier de nouveau très intéressant comme le W’ (prime) qui exprime votre niveau d’énergie disponible, la bonne mesure de valeur nettement au-dessus de votre seuil et d’autant plus intéressant.

Alors, comment faire son choix?

 

Malheureusement, il n’y a pas réellement de produits supérieurs à d’autres. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a pas réellement de mauvais produits sur le marché. C’est la somme de critères comme votre budget, la fréquence de votre utilisation, le nombre et le type de vélos, l’équipement déjà en votre possession qui devrait jouer dans la balance. 25

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