Trimomètre #22 > Petit guide de qualification aux championnats du monde pour triathlète élite

La World Triathlon Corporation (WTC), la société qui possède et gère le circuit Ironman, a instauré un système de qualification pour ses pros pour les championnats du monde en 2011. Le principe repose sur l’accumulation de points suivant le classement a des courses du circuit. Sont alors dressés le KPR (Kona  Pro Ranking) dont les 50 premiers à la fin de période de qualification sont envoyés à Hawaï. Chez les femmes, ce nombre est réduit à 35. Pour les championnats du monde de 70.3, le principe est le même avec le 70.3PR (70.3 Pro Ranking). Aux 50 qualifiés (ou 35 chez les femmes) s’ajoutent les champions continentaux de la période de qualifications en cours, et les champions du monde des 5 dernières années à conditions qu’ils aient fini un Ironman (Pour Kona) ou un 70.3 ( pour les mondiaux de 70.3) durant la période en cours.

Se qualifier pour les mondiaux est devenu loin d’être anodin pour les pros, car a l’exception du top 10 mondial, les meilleurs pros axent l’ensemble de leurs saison pour la qualification à Kona. Participer à Kona est devenu depuis 2011 un privilège réservé au gratin mondial. En ce qui concerne les mondiaux de 70.3, la qualification est un peu plus ouverte car beaucoup refusent leur spot à cause de la localisation de l’évènement, ou parce qu’ils préfèrent se réserver pour Kona.

Le but de cet article est de faire le travail et les calculs que font tous les pros désireux de participer aux mondiaux, en début de saison. Pour commencer voilà un récapitulatif des règles de calcul des pros rankings depuis 2011 :

 

Année Répartition points IM Répartition points 70.3 Nb hommes qualifiés Nb femmes qualifiés Nb courses retenues Kona Nb courses retenues 70.3 WC
2011 1000 /2000 /4000 /6000 500/ 750/ 1500 /3000 50 30 5 (min 1 IM) 5 70.3

 

2012 5 (min 1 IM, max 3 70.3)
2013 35
2014 2000 /4000 /8000
2015
2016
2017 35 (Kona) et 50 (70.3) 4 (min 1 IM, max 3 IM, max 2 70.3)

 

Partir à Kona…

La WTC distinguait auparavant ses ironman en P1000 et P2000, c’est-à-dire que le vainqueur recevait 1000 points, ou 2000 points, puis le nombre de points diminuait en s’éloignant dans le classement. Les championnats continentaux offraient 4000 points et Kona 6000. En 2014, elle change le système en offrant 8000 points au vainqueur de Kona, et en mettant tous les ironmans non championnats à 2000 points. L’idée était de grandement privilégier le top 20 de Kona, puisque le top 10 à Kona a assez de points dorénavant pour se qualifier pour l’année suivant, et le top 20 a peu travail à faire la saison prochaine pour décrocher sa place.  Pour ce qui est de la répartition des points suivant le classement, ça ressemble à ça :

On remarque aussi que 30 femmes allaient à Kona avant 2013, puis 35 par la suite. Andrew Messick (le CEO de la WTC) explique ce choix par un manque de niveau chez les femmes selon lui. Il y a en effet presque deux fois plus d’hommes que de femmes inscrits comme pros sur le circuit ironman (617 versus 347 en 2015). Cependant, comme le souligne trstriathlon.com, si on regarde les triathlètes de niveau compétitif chez les pros, c’est-à-dire qui ont accédé à au moins une bourse sur l’année (et donc qui sont capable d’avoir une influence sur le déroulement de la course), on obtient 237 hommes et 225 femmes en 2015. Une répartition juste des slots en tenant compte des vrais pros compétitifs devrait être 50 slots pour les hommes et 48 pour les femmes. Les conséquences de cette règle injuste fait que les femmes font 10% de courses de plus que les hommes pour se qualifier (4.67 courses par saison contre 4.20 pour les hommes).

En ce qui concerne le nombre de points nécessaires pour se qualifier (score du dernier qualifié, ou coupure du KPR), celui-ci évolue entre 3000 et 3800 pour les hommes, et entre 3800 et 4900 pour les femmes. Les changements constants aux règles du KPR sont peut-être à l’origine de ces fluctuations, car les athlètes refusant leur place se comptent sur les doigts de la main, autrement dit, la WTC ne drague pas trop le fond du classement pour remplir sa start list. Le dernier changement en date est la prise en compte de 4 courses au lieu de 5 dans le cumul des points 2017, dont maximum deux 70.3. Mais cela devrait avoir peu d’impact car d’après Thorsten Radde de trirating.com, seulement deux athlètes (un homme et une femme) auraient été éjectés de la start list de Kona en 2016, et même chose en 2015. Cette nouvelle règle fait par contre en sorte que miser sur ses résultats de 70.3 pour se qualifier devient plus dangereux. Du coup, on peut estimer que chez les filles, gagner deux ironmans P2000 est le minimum pour se mettre dans la course à Kona, ainsi que quelques performances sur 70.3. Chez les hommes, deux tops 3 sur P2000 et deux bons 70.3 pourraient suffire.

Par exemple, 2015 a été une année dans la moyenne chez les hommes comme pour les femmes (coupures à 3440 et 4375). Le dernier qualifié chez les hommes a fini 2ème et 3ème sur des P2000, et 3ème et 6ème sur des 70.3 P500. Chez les filles, la dernière qualifiée gagne un P2000, fait 9ème sur un P4000 (équivalent a une 4ème place sur P2000) et 2ème et 3ème sur des 70.3 P750. De plus, en appliquant la nouvelle règle à cette année moyenne de 2015, la nouvelle coupure est de 3350 chez les hommes, et 4035 chez les femmes, ce qui représente une approximation pour 2017.

Il y a un autre aspect que les pros vont prendre en compte dans leur saison. La WTC a lancé depuis quelques années le principe des courses sans pros, et l’épidémie a touché la moitié des ironmans nord-américains, si bien que le nombre de points à prendre a chuté de 40% depuis 2014. Ce sont donc des start lists de plus en plus étoffées qui apparaissent en Amérique puisque les pros se concentrent sur les courses restantes, alors que l’Europe, elle, semble plus réticente à voir ses pros disparaitre des courses, et avec la multiplication des distances ironmans, l’Europe augmente de 37.5% son capital de points. Une stratégie intéressante pour un pro nord-américain serait d’aller glaner des points en Europe, mais là encore, ce sont d’autres contraintes qui peuvent prendre le relais (coûts de déplacement, demande des sponsors à rester en sol américain, …)

 

…Ou à Chattanooga ?

Du côté du 70.3, les règles ont très peu changé, car la WTC a toujours gardé un système de 4 échelons (P3000 pour les mondiaux, P1500 pour les championnats continentaux, et P750 ou P500 pour les 70.3 restants). C’est toujours les 5 meilleurs résultats qui ont été pris en compte.

On trouve cependant de grosses irrégularités dans la coupure du 70.3PR, qui varie de 475 à 1200 chez les hommes, et de 640 à 1560 chez les femmes.

Les raisons à cela sont historiques et géographiques. Historique, car les mondiaux de 70.3 ont initialement été un peu boudés par les pros qui préféraient se réserver pour Kona. Puisque la course à Kona devient de plus en plus compliquée, et que de plus en plus de pros se spécialisent dans le 70.3, on peut voir que sur les trois éditions de Las Vegas, on a de moins en moins de refus, ce qui a eu pour effet d’augmenter la coupure du 70.3PR. En 2014, le facteur géographique entre en jeu puisque la tenue des mondiaux hors États-Unis en décourage certains. En 2015, les pros européens saisissent l’occasion autrichienne, mais en 2016, l’Australie provoque un nouveau record de refus de prendre sa qualification.

Maintenant, on pourrait regarder le score du 50ème homme ou de la 35ème femme du 70.3PR, autrement dit, où aurait été la coupure si tout le monde avait accepté sa place. Le 70.3PR oscille alors entre 1125 et 1540 chez les hommes et 1680 et 1940 chez les femmes. Il y a fort à parier que le retour des mondiaux en sol américain en 2017 (Chattanooga) va relancer l’engouement pour cette course, et donc une coupure réaliste serait plus proche de ces valeurs que celles observées ces trois dernières années.

Maintenant afin de prédire précieusement la coupure du 70.3PR 2017, on peut reprendre le classement 2016, mais comptabiliser 47 refus (autant qu’a la dernière édition de Las Vegas) au lieu des 107. De plus il faut considérer un fait important chez les filles, 2017 sera la première année avec 50 filles au départ au lieu de 35 seulement pour les mondiaux de 70.3 (mais toujours pas à Kona). Cela donnerait alors un 70.3PR de 1175 (hommes) et 1180 (femmes, au lieu de 1590 si la règle de 35 qualifiées avait été appliquée). Cette nouvelle règle met enfin hommes et femmes sur un pied d’égalité. Le fait que seulement des 70.3 sont pris en compte dans le 70.3PR permet d’établir plus facilement une stratégie qualificative, résumée dans le tableau ci-dessous. Comment lire ce tableau ? Par exemple, un pro parmi le top mondial n’a besoin que d’une course pour se qualifier s’il a fini dans le top 10 des mondiaux ou va finir dans le top 2 d’un championnat continental. Pour un pro un peu juste dans sa qualification qui va devoir cumuler 5 courses pour se qualifier, il lui faut 5 tops 4 sur les P500. Un seul P750 ou deux P500 ne suffisent pas pour se qualifier même en cas de victoires.

Hommes et femmes : Performances requises théoriques pour la qualification

Nb de courses Résultats minimaux nécessaires pour la qualification
P3000 P1500 P750 P500
1  

Top 10

Top 2 X X
2 Top 6 Top 2-3 X
3 Top 8 Top 4 Top 2
4 Top 9 Top 5 Top 3
5 Top 10 Top 6 Top 4

Par curiosité, on a aussi fait un tableau spécial pour les filles pour voir quels auraient été les performances requises si la règle de 35 qualifiées aurait été gardée pour 2017 ( au lieu des 50). Voilà mesdames à ce dont vous avez échappé.

Femmes (avec ancienne règle des 35 qualifiées) :

Nb de courses Résultats minimaux nécessaires pour la qualification
P3000 P1500 P750 P500
1  

Top 7

Top 1 X X
2 Top 5 X X
3 Top 6 Top 3 X
4 Top 8 Top 4 Top 2
5 Top 9 Top 5 Top 3

A titre d’exemple maintenant, si on regarde un exemple de performance à 1175 points en 2016 chez les hommes, on tombe sur Francisco Serrano qui a fini 9ème au 70.3 Monterrey (P750), 9ème au 70. 3 Panama (P1500), et victoire au 70.3 Los Cabos (P750). Chez les filles en 2016, la plus proche de 1180 est Valentina Carvallo, 3ème au 70.3 Pucon (P750), 2ème au 70.3 Ecuador (P750).

Pour finir…

La liste de ceux qui sont déjà qualifiés (basé sur nos hypothèses de coupure des pros rankings) a presque mi-saison de la période qualificative en cours.

70.3PR-HOMMES

RANK FIRST NAME LAST NAME COUNTRY RACES POINTS TOTAL
1. Tim Reed AUS 4 5640
2. Terenzo Bozzone NZL 4 4780
3. Samuel Appleton AUS 4 3625
4. Andreas Dreitz DEU 4 3490
5. Lionel Sanders CAN 3 3205
6. Craig Alexander AUS 3 2980
7. Sebastian Kienle DEU 1 2700
8. Ruedi Wild CHE 1 2430
9. Tim Don GBR 2 2235
10. Josh Amberger AUS 3 2090
11. Steffen Justus DEU 2 2060
12. Antony Costes FRA 4 2035
13. Maurice Clavel DEU 2 1935
14. Stuart Hayes GBR 5 1885
15. Nicholas Kastelein AUS 1 1770
16. Richie Cunningham USA 5 1750
17. Cody Beals CAN 3 1725
18. Braden Currie NZL 2 1670
19. Matthew Hanson USA 4 1650
20. Sam Betten AUS 2 1625
21. Justin Metzler USA 5 1575
22. Mario De Elias ARG 3 1520
23. Mauricio Mendez Cruz MEX 2 1500
24. Tyler Butterfield BMU 2 1465
25. Brad Williams USA 5 1440
26. Denis Chevrot FRA 2 1390
27. Matt Chrabot USA 2 1390
28. Michael Weiss AUT 2 1390
29. Rodolphe Von Berg USA 2 1265
30. Carlos Quinchara Forero COL 3 1250
31. Brad Kahlefeldt AUS 2 1250
32. James Hadley GBR 4 1235
33. Andy Potts USA 2 1185
34. Michael Raelert DEU 4 1185

70.3PR-FEMMES

RANK FIRST NAME LAST NAME COUNTRY RACES POINTS TOTAL
1. Caroline Steffen CHE 4 5195
2. Melissa Hauschildt AUS 2 4200
3. Sarah Crowley AUS 4 3800
4. Holly Lawrence GBR 2 3750
5. Emma Pallant GBR 5 3440
6. Radka Kahlefeldt CZE 3 3315
7. Annabel Luxford AUS 3 3270
8. Jeanni Seymour ZAF 5 2865
9. Laura Philipp DEU 2 2680
10. Heather Wurtele CAN 1 2430
11. Ellie Salthouse AUS 3 2280
12. Jennifer Spieldenner USA 5 2250
13. Daniela Ryf CHE 1 2185
14. Judith Vaquera ESP 3 1860
15. Magali Tisseyre CAN 2 1805
16. Kirralee Seidel AUS 3 1780
17. Jodie Swallow GBR 2 1775
18. Lauren Brandon USA 3 1695
19. Amelia Watkinson NZL 3 1665
20. Lauren Goss USA 2 1500
21. Laura Siddall GBR 2 1480
22. Laurel Wassner USA 4 1440
23. Anna Eberhardt HUN 5 1440
24. Alicia Kaye USA 1 1435
25. Sue Huse USA 3 1350
26. Dimity-lee Duke AUS 3 1310
27. Diana Riesler DEU 2 1285
28. Kaisa Lehtonen FIN 2 1285
29. Sarah Piampiano USA 2 1280
30. Lisa Hütthaler AUT 2 1250
31. Parys Edwards GBR 3 1190

KPR-HOMMES

RANK FIRST NAME LAST NAME COUNTRY RACES POINTS TOTAL
1. Sebastian Kienle DEU 2 9,900
2. Jan Frodeno DEU 1 8,000
3. Patrick Lange DEU 1 6,480
4. Ben Hoffman USA 2 6,375
5. Terenzo Bozzone NZL 3 5,685*
6. Andi Boecherer DEU 1 5,250
7. Matthew Russell USA 3 5,120*
8. Frederik Van Lierde BEL 2 5,100*
9. Timothy Odonnell USA 1 4,725
10. Andy Potts USA 3 4,670*
11. Boris Stein DEU 1 4,250
12. Bart Aernouts BEL 1 3,825
13. Lionel Sanders CAN 3 3,630*
14. Tim Reed AUS 2 3,500
15. Ivan Rana ESP 1 3,445
16. Kaito Tohara JPN 3 3,110*

KPR-FEMMES

RANK FIRST NAME LAST NAME COUNTRY RACES POINTS TOTAL
1. Daniela Ryf CHE 2 10,185
2. Mirinda Carfrae AUS 1 7,200
3. Michelle Vesterby DNK 2 6,725*
4. Heather Jackson USA 1 6,480
5. Sarah Piampiano USA 3 6,170*
6. Anja Beranek DEU 1 5,835
7. Kaisa Lehtonen FIN 2 5,750
8. Åsa Lundström SWE 2 4,785*
9. Melissa Hauschildt AUS 2 4,700*
10. Heather Wurtele CAN 2 4,670

Sources :

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