Max Stapley se fait trimer > Le talent multiculturel à suivre en 2017.

Si Max Stapley a récemment obtenu sa première sélection officielle pour représenter la France lors de Coupe d’Europe Junior de Quartiera, à la vue de ces performances, cet athlète est déjà très attendu. Partagé entre l’Australie et la France, il a su profiter du meilleur de chacune de ces cultures. Trimes s’est entretenu avec lui afin d’en savoir plus sur son développement et son apprentissage.

On peut dire que tu es un Globetrotter…

En effet, mon parcours de vie, ainsi que sportif, est plutôt international et multiculturel, c’est-à-dire que lors de mon enfance j’ai vécu dans plusieurs pays (France, Italie, USA, Canada, Australie) où j’ai pu prendre connaissance de différentes cultures, ce qui, à mon avis m’aide bien dans la vie que je mène à ce jour, surtout dans un projet de triathlète émergent.

Depuis juillet 2015 je vis principalement en France ou j’intègre le Pole Espoirs de Boulouris avec mes 5 compagnons d’entrainement (Arthur Berland, Boris Pierre, Paul Georgenthum, Baptiste Passemard et Guillaume Roux) sous la tutelle de notre entraineur Mickaël Ayassami. Je rentre 2-3 fois par an à Wollongong sur la côte Est de l’Australie où mes parents et mon petit frère continuent d’habiter.

Alors, le froid canadien doit te manquer

Hahaha l’hiver montréalais est bel et bien rude! Lors de mes années d’école primaire je me rappelle encore des patinoires temporaires édifiées sur les parcs municipaux où je jouais avec mes copains, mais il est vrai que depuis mon déménagement vers Wollongong j’ai perdu beaucoup de la tolérance que j’avais acquise au froid, et les hivers français (Saint Raphaëlois lesquels je sais ne sont pas les pires) me sont bien étrangers. Il est vrai cependant que je m’arrange en fonction des saisons pour passer le moins de temps au froid possible!

Pourquoi as-tu fait le choix de courir pour la France?

Le choix de courir pour la France n’a, avec le recul, pas été un choix très difficile à effectuer, car lors de mon année cadet 1, la FFTRI et notamment Gerard Honnorat, le directeur du projet IATE (Identification et Accompagnement des Triathlètes émergents) ont cru en mon potentiel et m’on donnés la chance de l’exprimer en m’offrant une place au sein d’un pôle Espoirs. C’est donc pour cela que j’ai fait le pas vers la France, car la fédération, elle, était prête à me faire confiance, d’ailleurs, je les remercie encore.

D’ailleurs, tes deux parents sont très impliqués dans le sport… Est-ce qu’il t’ont poussé à faire du triathlon?

Il est vrai que ma mère et mon père ont tous deux pratiqué du sport de haut niveau lors de leur jeunesse (Père Kayak Slalom, mère Triathlon), mais aussi ont traduit cet amour pour la pratique du sport ainsi que les activités “outdoor” dans leurs métiers respectifs. Ma mère est Kinésithérapeute spécialisée dans le sport et la rééducation, qui a d’ailleurs travaillé pour Triathlon Australia et la FFTRI. Mon père lui, est Neurophysiologue, il est donc chercheur dans le domaine du mouvement et associe ses connaissances à une multitude d’études en rapport avec le sport de haut niveau et plus particulièrement le Triathlon, il collabore régulièrement avec Romuald Lepers de l’Unversité de Bourgonne.

Mes parents ne m’ont jamais poussé, ils m’ont initié à la natation et tranquillement à la course à pied et le VTT, mais ce n’est pas pour autant que cela devenait une obligation, je suis venu au triathlon de manière progressive et à mon allure, quand je sentais que je voulais vraiment m’engager. Le fait d’évoluer dans un milieu familial où papa et maman partent courir, nager ou rouler a quand même un peu influencé mes choix d’activités je peux pas mentir!

Et comment cela se passe avec eux dans ton développement, est-ce qu’ils te conseillent, est-ce que tu parles fréquemment avec eux de tes propres, mais aussi de leurs doutes?

La Relation que j’entretiens avec mes parents est très forte, elle l’a toujours été. Nous parlons très fréquemment de tout, école, sport et de la vie en général, ce qui est normal quand on quitte le cocon familial à à peine 16 ans pour habiter à 17000 kilomètres de chez soi. Ils sont tous les deux à 110% derrière moi et je sais qu’ils ne sont qu’à un coup de téléphone peut importe l’heure, ce qui est très rassurant quand l’on décide d’entreprendre un projet comme le mien où une multitude de personnes investissent beaucoup d’eux-mêmes, je dirai même que cela est presque essentiel à la réussite.

Les conseils que je reçois de leur part sont souvent très cohérents et me sont indispensables, car je suis encore très jeune et des fois, il est plus sage de les appeler, de bien poser et analyser la situation et de ne pas prendre de décisions à chaud ou de faire telle ou telle action qui pourrait être contre-productive à mon développement.

Tout le monde a des doutes, donc oui le dialogue entre moi et mes parents est très ouvert et on échange ce qu’il nous passe par la tête. La difficulté est qu’en étant loin il est parfois difficile pour eux de totalement comprendre ce qu’il se passe ici donc il faut que je leur explique tranquillement. Ce que j’ai appris au cours de l’année dernière, c’est de faire confiance au processus et de se dissocier du résultat, cette mode de pensée m’aide beaucoup à dissiper la majorité des doutes qui me viennent à l’esprit au quotidien.

Qu’est-ce que tu préfères dans le triathlon?

Le fait que le triathlon demeure encore un sport de découverte, un peu vif, avec tellement d’éléments incontrôlables, les possibilités de choses qui pourraient se produire lors d’une course sont presque infinies, et qu’au final, celui qui franchit la ligne d’arrivée le premier est celui qui a pu contrôler les aspects contrôlables le mieux.

C’est ça qui donne envie d’y aller encore et encore, c’est un grand jeu et c’est celui qui réussit à comprendre les règles de la meilleure manière qui gagne.

Au final, tu as eu la chance de pouvoir t’entrainer dans plusieurs structures, est-ce que tu as remarqué d’importante différence de philosophie entre les athlètes et nations?

La différence la plus notable que j’ai constatée lors de ma transition entre le système australien et le système français est que la construction d’un athlète complet (Projet sportif, scolaire, psychologique) est largement plus valorisée ici en France . C’est-à-dire qu’au lieu d’investir sur un athlète qui « performe » l’année d’un championnat et de l’utiliser pour une résultât immédiat, les Français chercheront tout d’abord à comprendre comment l’athlète en est venu là, et à partir sur un projet qui vise à aboutir sur des performances plus tard et une excellence sportive.

Par rapport aux athlètes, je remarque quand même une différence, mais elle est difficile à décrire par des mots. Tout simplement en Australie, le triathlon est beaucoup moins accessible, cela coute cher de pratiquer notre sport et donc il y a moins d’athlètes au départ de chaque course, il y a donc une tendance à toujours vouloir s’entrainer plus fort plus vite sans se plaindre. Je dirai tout simplement des différences culturelles plutôt que philosophies d’entraînement, en Australie il ne faut pas se plaindre.

Est-ce qu’une philosophie te rejoint le plus où au contraire?

Je pense, qu’il est impossible de dire qu’une mentalité me correspond plus ou moins. Chaque système a ses avantages, ses désavantages, mais il faut plutôt savoir prendre les bonnes choses pour pouvoir agir dessus et délaisser ce qui pourrait nuire à la performance. Cette chance que j’ai eu de  pouvoir vivre et évoluer dans deux systèmes complètements différents m’a permis ainsi de pouvoir avoir ce recul, et j’ai bien de la chance.

Je sais que tu as eu la chance de pouvoir t’entrainer occasionnellement avec le groupe de Jamie Turner. Premièrement, j’imagine que c’est un énorme privilège, mais surtout, cela doit être un accélérateur pour ton développement.

Oui c’est vrai depuis que j’ai 12-13 ans je vois Aaron Royle, Ryan Bailie ou bien même Gwen Jorgensen défiler chez moi le soir pour des soins kiné, ou à la plage en train de boire un café. C’est une énorme chance que j’ai eue de pouvoir non seulement fréquenter ces athlètes, mais Jamie. Quand je rentre chez moi je me joins au groupe qui est toujours aussi accueillant, aux séances de natation et les sorties vélo.

Le principal bénéfice que j’ai pu tirer de fréquenter ce groupe, c’est que tout d’abord ça m’a donné envie de faire du Triathlon, mais surtout je ne me suis jamais fait d’illusions.

C’est-à-dire que quand je voyais Aaron arriver avec 7 heures dans les jambes complètement épuisé, cela me paraissait comme la norme, je savais que pour pouvoir essayer de concurrencer avec les meilleurs triathlètes mondiaux il fallait encaisser une charge très importante de travail ainsi que la pression liée à la performance. “Les Wizards” appliquent la question du “processus”, un mot que j’entend sortir de la bouche de JT depuis déjà bien des années, et c’est en arrivant en France et en prenant de l’expérience sur le triathlon que je réalise l’importance de ce fameux “processus”.

Tu as créé la surprise cette intersaison en quittant Poissy pour aller avec Parthenay…

Cette intersaison, moi ainsi que mon partenaire d’entrainement au pole de Boulouris Arthur Berland avons reçus une proposition très intéressante de la part du TCG79 Parthenay qui cherchait à créer un nouveau groupe de Juniors performant au niveau national et international, ce qui correspondait parfaitement au projet sportif que je mène en ce moment. Le dialogue avec Jacky Baudrand, le President du club, s’est donc ouvert et on en est venu à une conclusion favorable à ma mutation de Poissy vers le TCG79. Je remercie donc tout d’abord Jacky pour cette très belle opportunité, mais aussi le club de Poissy pour ce qu’ils ont fait pour moi lors de la saison 2015/2016, notamment Gregory Rouault.

D’ailleurs, j’imagine que l’access à la D1 s’impose déjà comme un outil pour ton développement.

La Division 1 Française est une excellente plateforme! On a la chance de pouvoir s’en servir pour y  acquérir de l’expérience, mais aussi pour nous confronter aux meilleurs mondiaux ici en France.

Pour l’instant je vois la D1 comme une opportunité d’apprentissage plutôt que des courses où je dois être au top de ma forme et où je cherche à réaliser des performances, ce n’est pour l’instant qu’une étape dans le développement de mon projet sportif.

La WTS c’est loin pour l’instant! Je prends les choses étapes par étape, je suis le “processus” qui doit être suivi avant de pouvoir songer à représenter mon pays au plus haut niveau.

Tu as désormais 18 ans et tu es désormais dans tes deux dernières années en junior. As-tu le sentiment que ces années sont  déjà déterminantes pour la suite? 

Il est vrai que les dernières années juniors sont souvent utilisées comme de très beaux indicateurs de l’avenir d’un athlète, ce qui est vrai, car il est compliqué de pouvoir aspirer à un avenir dans le sport de haut niveau sans avoir pu se montrer à l’international ou au moins faire partie des meilleurs Juniors dans son pays avant Junior 2. Cependant, je ne vois pas mes années juniors comme une finalité, mon objectif est de performer dans la catégorie élite, en espérant idéalement aux Jeux olympiques, il est donc essentiel pour moi d’envisager plus loin que la Grande Finale 2018. Pour autant, ce ne veut pas dire qu’on ne va pas poser les bases et tenter tout coup possible pour performer cette année ainsi que l’année prochaine.

Tu as des marques de 4’08 » au 400m nat, et 4’07 au 1500.m en course à pied, avec ces chiffres, qu’est-ce qui te manque encore pour réussir?

De l’expérience, de l’expérience, de l’expérience… Courir derrière un gros vélo n’est pas la même chose que courir sur la piste avec des jambes fraiches, ni nager dans une eau libre ou encore rouler en échappée. Je prends donc tout conseil que je peux, chaque opportunité de me confronter à de la compétition et plus spécialement j’essaye de me connaitre de mieux en mieux pour pouvoir m’entraîner et me comporter en course de manière plus intelligente.

Que faut-il te souhaiter pour 2017?

Ahaha que je reste « focus » sur le “processus” et non les “outcomes”, ensuite je pense que le reste c’est à moi de gérer! Mais sinon les meilleurs résultats possible et un peu de chance.

Est-ce que tu souhaites ajouter quelques choses?

Oui, tout d’abord j’aimerai remercier Mickaël Ayassami pour tout son engagement au quotidien, et tout ce qu’il investit dans tous ses athlètes, il ne nous lâchera pas! Et j’en suis bien reconnaissant! Merci au CREPS PACA site de Boulouris et le Pôle Espoirs, et donc la FFTRI pour sa confiance. Finalement merci à Ryan Lennox de Spearman Cycles Wollongong, Crowy de chez STËLf Cycling et finalement Jacky Baudrand et toute l’équipe du TCG79 pour leur accueil!

Credit photo couverture : P. Irtelli. 

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