La super League de Triathlon, est-ce que cela peut vraiment marcher?

Dans quelques heures, un nouveau circuit professionnel de triathlon se lancera du côté de l’Australie. Ce projet est probablement le plus ambitieux depuis plusieurs décennies. Pour cela, il fallait y réunir l’audace des fois incontrôlables de Chris McCommark à un oligarque russe à la richesse plus ou moins contestée (1476e sur la liste Forbes). 

Derrière cette initiative, on retrouve déjà une équipe de 15 à 20 personnes qui se concentre sur la communication et au marketing du projet. Contrairement aux sports dits olympiques, l’équipe de Macca veut suivre le modèle des circuits professionnels comme ceux de la NBA, NFL, etc… La Super League doit donc être financée par les fans et les sponsors.

Dans le cas de l’ITU, la série mondiale est avant tout financée par les organisateurs des courses (WTC, indépendant ou relié à une fédération nationale), mais indirectement aussi par les redevances payées par le CIO suite aux JO (Grande Finale). Entre d’autres termes, le produit doit sa survie et son articulation aux besoins des Jeux olympiques. 

Si le concept de la super League fonctionne, on peut déjà entrevoir certains conflits arrivés. Les fédérations nationales financent généralement les athlètes qui sont dans leurs équipes nationales. Cela est avant tout dans le but de performer aux Jeux olympiques puisque ce sont généralement ces résultats qui déterminent la santé financière d’une fédération.

Avec un circuit dit professionnel, une fédération nationale peut remettre en cause la pertinence des choix de l’athlète dans son projet olympique. 

Ironiquement, la super league pourrait faire un bien fou au triathlon en rendant le sport nettement plus spectaculaire. Sur cet aspect, personne ne met en doute les nouvelles possibilités avec une variété de formats qui amplifieront les faiblesses et forces de chacun.

Certains concepts sont plus ou moins discutable. Ils ont procédé à un tirage au sort pour les positions sur le ponton. L’athlète pigé devait alors déterminer la position d’un adversaire de son choix sachant qu’un coté sur la ligne de départ profitait d’un courant favorable…

Mais malheureusement, l’arrivée de la Super League a déjà des conséquences sur la série mondiale (WTS). Un athlète phare comme Alistair Brownlee ne prendra pas part aux trois premières étapes de la série mondiale, mais sera pourtant bel et bien présent sur la super league. D’autres athlètes ont reporté leur début de saison pour privilégié la super league à la WTS. 

Évidemment, la balle est dans le camp de l’ITU. C’est à elle de réagir face à la concurrence pour que son produit ne soit pas rapidement de second plan. 

À leur défense, l’ITU souhaitait proposer des courses sur plusieurs jours, l’année dernière, elle avait aussi évoqué l’idée de disputer la coupe du monde Kitzbuhel avec une première manche en contre la montre. Dans tous les cas, face à une opposition, cela n’a jamais vu le jour. 

Est-ce que la Super League pourrait permettre au triathlon courte distance d’offrir un produit plus spectaculaire? N’oublions pas que ce qui est proposé par Macca est une version plus moderne de ce qui se faisait il y a 20 ans avec le circuit Formule 1. On peut aussi se rappeler d’autres essais intéressants comme le triathlon intérieur de Bordeaux.

Alors pourquoi cela n’a pas marché? Probablement parce que pour les diffuseurs, il faut multiplier les événements afin de créer une habitude et une culture. 

Si la Super League semble déjà avoir gagné une bataille en obtenant la diffusion de ses courses en direct sur Eurosport, reste à savoir quand seront les prochaines courses. 

Pour le moment, le projet est peut-être plus précaire qu’on le pense. On annonce une bourse de 100 000$ pour les 25 athlètes présents. Cela n’a rien d’exceptionnel et leurs présences sont avant tout pour sécuriser un contrat permanent avec la série. 

15 athlètes pourraient alors bénéficier de frais d’apparition annuelle entre 10 000 et 250 000$ (en fonction du niveau de l’athlète). Ils devront alors courir 4 à 5 courses entre octobre et mars, soit la saison morte de l’ITU. À nouveau, ce détail pourrait irriter certaines fédérations puisque cela signifie qu’avec la série mondiale, l’athlète devra être compétitif pendant 12 mois.

Au total, le chiffre de bourse de 1,5 million est avancé. 

Tout cela reste très hypothétique puisqu’aucune nouvelle ville n’a été annoncée. Tout pourrait découler de cette première course, mais on peut déjà se questionner si le projet n’est pas déjà trop ambitieux…

Maintenant, on peut vous affirmer qu’avec le plateau présent soit 5 des meilleurs triathlètes au monde, si cette initiative ne permet pas de rendre le triathlon plus attirant, qui le pourra?

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