Ce que l’on a appris > ITU Yokohama WTS – Flora Duffy garde la main avec l’aide involontaire des Britanniques.

Si Flora Duffy a gagné presque dans la facilité la troisième étape de la série mondiale, la course japonaise s’avère comme un tournant important de la saison. Voici les raisons…

Le triathlon féminin est-il en pleine révolution?

Si le dernier cycle olympique a été marqué par Gwen Jorgensen, soit une athlète sans véritable faiblesse, mais surtout nettement au-dessus du plateau en termes de course à pied, il semble que l’on soit déjà dans une nouvelle phase.

Yokohama était une course intéressante parce qu’elle marquait le retour de Flora Duffy sur le circuit. Lorsqu’une athlète revient d’une blessure, il y a toujours un certain doute. Est-ce que l’athlète se présentera sur le circuit à son meilleur?

Dans le cas de la course japonaise, on a assisté à deux aspects particuliers. 

Des écarts dans l’eau très significatifs…

Difficile de connaitre la véritable raison, le sens de la natation a été modifié cette année. Est-ce que cela a exposé les athlètes à plus de courant? Chose certaine, les passages aux bouées ont été très brutaux en arrière. Les premières nageuses les passant sans dommage, elles gagnaient forcément du temps… Au final, les écarts se sont rapidement creusés.

Contrairement à la tradition, Carolina Routier ne s’est jamais présentée à l’avant. Le travail a avant tout été effectué par les Britanniques, soit Jessica Learmonth, Lucy Hall et à notre grande surprise, Summer Cook, Sophie Coldwell et Flora Duffy ont sagement suivi. 

Des athlètes comme Kristen Kasper, Vicky Hollad, Non Stanford, Katie Zaferes, Laura Lindemann louperont pour quelques secondes le premier groupe. 

Mais ce qui a été le plus perturbant, c’est le nombre d’athlètes qui sont sortis à plus d’une minute comme Rachel Klamer, Andrea Hewitt, Charlotte McShane ou encore Emma Jackson.

Plus que jamais, on peut dire que la course s’est perdue pour de nombreuses athlètes dans l’eau. 

Que faut-il en déduire pour l’avenir?

Fait important, c’était la première apparition de l’année en WTS pour Jessica Learmonth, Lucy Hall, mais aussi Sophie Coldwell. Compte tenu de leur succès en coupe continentale, cela paraissait plutôt étonnant. Cela nous donne l’impression que certaines athlètes ont sous-estimé le niveau nécessaire à avoir cette année dans l’eau.

Maintenant, on peut affecter les écarts dans l’eau aux conditions du jour, mais il faut probablement plus parler d’un savoir-faire britannique et d’une volonté de faire la différence dans cette discipline. Copier-coller des Brownlee? 

Le message est clair, cette recette britannique sera désormais la norme et malheureusement, cela démontre qu’il y a plus que jamais deux classes en ITU…

Deux classes?

Il y a les athlètes qui ont les facultés nécessaires pour garder leur destin entre leurs mains et d’autres qui subissent. Dans cette classe, on compte comme tête d’affiche Flora Duffy.

Elle suit facilement en natation et à vélo, son talent lui permet de dire aux autres, que sans coopération, elle fera sans elles. Elle n’a pas de dépendance. 

Ce qui est fascinant dans la course de Yokohama, c’est que l’excellent départ de Sophie Coldwell lui permet de s’accrocher à Flora Duffy. Avec Lucy Hall et Jessica Learmonth tout juste en arrière et à moins de 10 secondes… elles auraient pu les attendre. En formant un groupe à quatre, elles auraient pu sauver de l’énergie. 

Flora Duffy l’a refusé… C’est elle qui décide et garde le contrôle intégral de la course. 

Malgré tout, on pense désormais qu’il existe un groupe très select d’athlète en mesure de suivre Flora Duffy à vélo. Seules les Britanniques semblent être en mesure de suivre la championne du monde. Dans le cas des Américaines, si cette nation était vue comme l’exemple à suivre en termes de développement, elle pourrait rapidement devoir se contenter des places secondaires. 

Malheureusement, toutes les fédérations qui se sont concentrées à développer des nageurs sachant courir ou des coureurs sachant nager suffisamment se retrouvent actuellement dans une impasse. 

Flora Duffy profite des changements de l’ITU.

Si Yokohama était particulier avec sa chaussée mouillée, il faut tout de même remarquer qu’ils ont modifié le tracé du vélo pour le rendre plus technique et avec plus de relances. S’il ne fait aucun doute que certaines athlètes sont plus puissantes, elles savent aussi mieux aborder les virages techniques. L’écart entre les meilleures cyclistes et la norme est très prononcé. 

Est-ce que les Britanniques se sont fait prendre à leurs propres jeux?

Si les Britanniques placent 4 athlètes dans le top 8 et par le fait, on peut parler d’une impressionnante densité, ils sont pourtant les grands perdants du jour. 

Lorsque Hall, Coldwell et Learmonth décident de faire la sélection dans l’eau, elles viennent compromettre les chances de Non Stanford et de Vicky Hollad. Sur papier, Stanfordétait sans doute la plus forte de la journée. Maintenant, ses septs secondes perdues sur Flora Duffy en natation lui coute très cher. Dépassée par les événements, elle tombera dans un virage. Malgré tout, elle signe le second temps en course à pied. 

On peut tout de même se questionner si la fédération nationale aurait pu donner des ordres à ses athlètes. Sophie Coldwell s’est mis au service de Flora Duffy malgré elle.

Si c’était les Jeux…

Aspect très étonnant, Coldwell, Hall et Learmonth ne sont pas des Olympiennes de 2016 et l’on peut douter que leur fédération a de grands espoirs dans ces athlètes pour Tokyo 2020. À l’exception de Coldwell (la plus jeune), certains y voient des domestiques…

Une NF veut des athlètes plus complètes. Ironiquement, on pourrait dire que sans leurs présences, le résultat de Yokohama serait très différent… Une sorte de sabotage interne ou une occasion afin de repenser les tactiques?

C’est tout le débat, Sophie Coldwell vient chercher un premier top 5 en WTS. Si ce résultat est significatif pour elle, il ne fait aucun doute que sa présence à un impact positif ou néfaste sur ses coéquipières. Certaines personnalités l’acceptent et d’autres non.

Maintenant, on est encore très loin des Jeux olympiques…

Mais comment va-t-on faire?

Avec l’actuelle école britannique et une Flora Duffy toujours imposante, certaines athlètes se retrouvent totalement dépassées par la nouvelle demande. C’est tout le schéma de développement qui est à revoir.

Si les Britanniques sont si fortes à vélo, cela semble indiquer que cela est culturel, il y a un travail à vélo à effectuer en conséquence. Malheureusement, dans cette répartition entre les trois sports, cela doit être abordé très tôt dans le développement de l’athlète… Une remise en question doit être faite et rapidement… La bonne nouvelle est qu’on est en début de cycle…

Oui mais Duffy, elle ne fait pas la différence à Rio…

Effectivement. Est-ce qu’elle s’est neutralisée avec Spirig? Est-ce que le parcours n’était finalement pas à son avantage à cause des trops longues lignes droites? Avant le dénivelé, l’aspect déterminant, ce sont surtout les virages pour ses freinages et relances.

Une médaille presque Canadienne?

Si Kristen Kasper représente les États-Unis. L’un de ses parents est canadien et elle s’entraine à Victoria avec le groupe canadien dirigé par Jono Hall. 

Le grand écart?

Katie Zaferes termine finalement seconde avec un retard d’une minute et cinquante une secondes… soit une éternité. Kristen Kasper termine à deux minutes. Évidemment, on peut expliquer cela par les conditions du jour qui ont favorisé une Flora Duffy tout terrain, mais l’athlète des Bermudes a une impressionnante marge sur la compétition.

Gwen Jorgensen aurait gagné?

Le groupe des poursuivantes a accusé 45 secondes de retard en T2. Même si Flora Duffy continue à progresser, Gwen Jorgensen peut regarder la course sans se sentir dépassé par les événements. 

Des contres performances à cause de la température?

L’eau était plus chaude que l’air, 21,5C VS 19,8C avec wetsuit non autorisé.

Temps natation.
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