Edito > Une série mondiale à dimension variable, où sont nos athlètes…

Elle commence quand la véritable saison de triathlon? C’est malheureusement en quelque sorte le sentiment que j’ai eu en regardant les listes de départ pour ce qui sera déjà la troisième étape de la série mondiale. 

Si Trimes suit plus particulièrement les athlètes français et canadiens, il faudra se concentrer sur la participation d’Emmie Charayron. Elle sera là seule représentante tricolore au départ de la série mondiale de Yokohama. Plus inquiétant, elle reste la seule française à « compétitionner » en WTS en 2017.

En toute honnêteté, le retour de Jonny Brownlee (blessure), la présence du trio espagnol, Gomez-Mola-Alarza ainsi que la venue de la nouvelle génération montante australienne avec Birtwhistle et Hauser nous garantit un spectacle à ne pas manquer, mais quand est-il de l’intérêt de l’amateur français et canadien pour le triathlon avec drafting. La popularité d’un sport étant si liée au succès d’un athlète local, comment le développer sans représentant?

Je me mets souvent à la place de l’Équipe 21 qui a décidé de retransmettre les courses de la série mondiale. Comment expliquer à chaque fois la non-présence des athlètes français alors que les vedettes actuelles du circuit qui n’ont plus rien à prouver à personne enchainent bien les courses? Est-ce que l’on vient tout simplement marginaliser le circuit ITU ou l’assiduité des tricolores? Restons factuels, si l’on compare les autres grandes nations, comble de malchance, le Canada et la France sont les deux nations qui semblent aborder ce début de saison autrement… 

Comment en arrive-t-on à une nation qui aurait trop de densité à aucun représentant masculin lors des deux dernières WTS?

Dans ce questionnement, il est toujours difficile de connaitre parfaitement les véritables raisons de ses absences. Entre blessure, études, décision des athlètes, du système ou des deux, ou encore un plan pour le développement d’un athlète, dans tout cela, la seule chose que l’ont peut confirmer c’est que les meilleurs triathlètes au monde comme Gomez, Mola, Hewitt n’ont pas encore manqué une WTS cette saison. 

Conjoncture explicable ou flottement?

Nos voisins britanniques comme Vicky Holland, Non Stanford et Jonny Brownlee auraient aussi pu jouer la carte de rester chez eux pour mieux préparer la prochaine WTS qui aura d’ailleurs lieu chez eux (Leeds). 

Leur retour en série mondiale n’attendra pas, tout simplement parce qu’ils veulent pouvoir être à nouveau dans la course au titre. Compte tenu de leur niveau de performance en WTS, mais aussi lors des Jeux olympiques, il semble étonnant que la recette n’a pas reprise par ses inspirants. 

Maintenant, ne soyons pas dupes, on ne peut pas reprocher un manque de performance si un athlète ne court pas. De plus, on ne peut réalistiquement espérer gagner les Jeux olympiques lorsqu’on ne bat pas régulièrement certains adversaires. 

Mais tout cela est une question de temps? 

En début de saison, avec ce que l’on peut considérer comme le relâchement post-olympique, il était possible de profiter de l’absence de quelques athlètes dominants comme Gwen Jorgensen ou Alistair Brownlee (qui sera très probablement de retour pour Tokyo 2020).

Avec des courses moins sélectives, on pensait que cela permettrait à certains athlètes d’émerger. Tom Bishop (GB) en a d’ailleurs profité à Abu Dhabi avec sa seconde place.

Un athlète comme Luke Willian (AUS) s’est aussi rapidement fait un CV intéressant avec deux podiums en CM dont une victoire et une belle sixième place à Gold Coast WTS.

Dans le cas de Vincent Luis, en montant sur le podium à Abu Dhabi, il a démontré qu’il appartenait toujours dans la crème de l’élite mondiale, mais en aucun cas, il a prouvé qu’il avait comblé un écart avec les meilleurs athlètes au monde. Si Luis peut effectivement gagner une WTS comme il l’a fait à Hambourg en 2015, il se doit encore de démontrer qu’il peut prétendre à toutes les courses comme un Jonny Brownlee ou Javier Gomez.

C’était probablement la plus grande leçon à Rio, le fait de dominer un circuit comme les Brownlee permet de prendre le départ avec une longueur d’avance. Il y a cette dimension psychologique qui s’est gagnée à travers toutes les saisons. Sans les blessures, on n’aurait surement pas vu les meilleurs athlètes au monde attendre le moment le plus propice pour courir.

Maintenant, en perdant cette familiarité avec la WTS, est-ce que l’athlète se prive d’emmagasiner d’une expérience importante, mais aussi de se mettre plus de pression lorsqu’il prendra le départ?

Quand est-ce qu’il sera véritablement possible de rentrer dans la cours des grands? 

Si les occasions sont rares d’évoluer contre les meilleurs athlètes, comment est-il possible de se munir de références et des prérequis pour battre ses adversaires si l’on ne les affronte pas? Ces aspects ne sont-ils pas en train de créer une barrière psychologique?

Évidemment, on espère avoir tort et que notre pessimisme soit risible face aux belles performances des athlètes tricolores dans les prochains mois. En espérant que la route est encore assez longue pour Tokyo…

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