Est-il possible de drafter en toute légalité? Pourquoi les courses des pros sont à mettre en doute?

Andrew Buckrell de STAC Performance a récemment écrit ce texte pour Triathlon Magazine Canada. Puisque c’est un sujet qui nous préoccupe, nous vous proposons sa traduction. 

Puisque le triathlon est considéré comme un sport individuel, les règles du triathlon de la longue distance ont été faites afin qu’il ne soit pas possible de tirer un avantage de ses adversaires et donc d’influencer positivement votre résultat et temps, mais est-ce vraiment le cas?

Le triathlète a justement cette particularité de rechercher constamment ce qui peut améliorer ses performances comme en investissant dans des vélos toujours plus aéros… Pourtant, tous ces efforts peuvent rapidement s’oublier.

Le concept du drafting n’est pas nouveau, les oiseaux utilisent le même principe depuis des millions d’années pour améliorer leur efficacité. Même les conducteurs de Prius (voiture hybride) s’y sont mis depuis une dizaine d’années en suivant de proche des camions. Et que dire des cyclistes, nous savons tous que l’impact sur notre performance est important, mais de combien?

Qu’avons-nous remarqué? Que même à une distance de 15m, il y a toujours une diminution du drag de 9%. À 20 mètres (soit la distance utilisée par Challenge), cela tombe à 3%. On peut alors parler d’un gain négligeable. Sachant que la distance officielle pour les Ironman est de 12m, on peut désormais comprendre pourquoi certains pros sont plus vocaux sur la formation de groupe. Il y a clairement un avantage à être dans un train. 

Maintenant à titre de comparaison, Cody Beals à un drag 35% inférieur à celui de notre programmeur. 

Dans son cas, à une distance de 10m, le drag de Cody serait diminué par un autre 5%. Ce gain s’applique pour les autres distances et cela vient démontrer qu’un athlète gagne à suivre un gabarit plus imposant. 

En toute légalité, un athlète pourrait donc sélectionner un adversaire à suivre, respecter ses distances et bénéficier d’un avantage. 

Alors, est-ce qu’il y a réellement un intérêt à mener une course? 

STAC s’est amusé à faire la simulation avec la fameuse moto suiveuse. À 10 mètres, on parle d’une réduction de 26%. C’est clairement assez pour fausser une course et surtout permettre à un athlète de faire tomber des records…

STAC a poussé l’effort encore plus loin en déterminant l’effort nécessaire à Cody Beals afin de dépasser un adversaire avec la même puissance et les mêmes qualités aéros.

Le Sweet Spot pour réaliser un dépassement en toute légalité est de 350 à 400W. Une puissance en dessous ne permettrait pas à Cody de réaliser cette opération dans les temps réglementaires.

Ce qui est encore plus étonnant dans cet exercice, c’est que si l’athlète effectue le dépassement sans rentrer dans la boite en utilisant son adversaire comme abris temporaire, le temps requis pour compléter le dépassement sera entre 50 et 100% plus long. Cela signifie aussi qu’avec un vent latéral, un dépassement est nettement plus difficile à effectuer.

Maintenant, n’oubliez pas notre fameux diction, on sait tout, on ne sait rien, les calculs de STAC ne prennent pas en considération d’autres éléments importants en terme d’environment comme les véhicules sur le coté mais surtout le vent de coté. Il ne fait aucun doute que ces conditions devraient rendre les courses nettement plus juste…

 

 

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