La série mondiale ITU est-elle devenue trop technique à vélo?

On pensait écrire une longue analyse sur la série mondiale de Leeds. Enfin, elle se résume sur une seule phrase, les séries mondiales se gagnent à vélo, dans les dernières années, on se contentait de dire que durant la section à deux roues, il fallait se contenter de ne pas perdre les courses avant la T2. Ceux qui voulaient trop faire la différence à vélo le payaient généralement lors de la course à pied. Cela n’est plus le cas. 

Si ces deux suppositions peuvent paraitre identiques, la subtilité est pourtant très importante à saisir. Ces dernières années, les courses gagnées par les Brownlee ou même par Gomez étaient avant tout un exercice de sélection. Ceux qui ne nageaient pas assez vite n’obtenaient pas le privilège de se joindre à eux durant le vélo.

C’est de cette manière que certains excellents coureurs à pied comme Mario Mola ou Richard Murray ne se sont jamais retrouvés dans la lutte pour le podium olympique à Rio. De plus, lorsque les deux frangins du Yorkshire étaient en forme, les retours de l’arrière se sont avérés très rares. Si la formule est connue, personne n’a trouvé la parade. 

Maintenant, il ne faut pas se le cacher, la série mondiale est toujours en mode séduction. Malheureusement, la WTS est victime d’un mauvais jugement. Les amateurs pour qui les épreuves avec drafting sont très limitées voient dans l’effort cycliste des élites avec drafting, un effort truqué. Dès lors qu’il y a un rassemblement avant la T2, ils ont l’impression que les courses se jouent uniquement lors de la course à pied. On revient toujours à la fameuse attaque de Lance Armstrong décrivant l’ITU comme un shampoing, une permanente et un 10km.

Dans les faits, la star déchue du cyclisme voulait avant tout décrire le triathlon de l’ITU comme peu spectaculaire et manquant d’action.

L’ITU n’a pas été inactive sur ce dossier, depuis deux-trois saisons, on remarque une réelle volonté à offrir des parcours vélos plus techniques. On se rappelle encore du circuit d’Abu Dhabi avec ses virages sans fin. Des courses comme Gold Coast et Yokohama ont aussi subites des changements pour incorporer plus de virages.

Qu’est ce que cela provoque? Pour l’élite, dès lors qu’il y a un freinage, il devra alors réaccélérer. L’athlète qui est en arrière d’un groupe ne profite plus constamment de l’abri des autres, au contraire, il doit souvent relancer plus fort que ceux qui sont en avant.

Mais surtout, dans les virages, il y a aussi une question de trajectoire. Il faut savoir prendre adéquatement des courbes. De plus, avec tous ces virages, la trajectoire parfaite se rétrécit. Cela limite les occasions pour s’échanger des relais. Alors très fréquemment, on retrouve toujours les mêmes à l’avant et il existe une certaine usure dans la motivation. La fameuse question, suis-je en train de travailler pour les autres.

Maintenant, il ne faut pas se le cacher, techniquement, certains athlètes sont nettement plus habiles. Les Brownlees sont à nouveau des exemples dans ce domaine.

Ce qu’il faut comprendre par tout cela, c’est qu’en offrant des parcours plus techniques, l’ITU a créé une opportunité pour récompenser les cyclistes sur l’offensive.

L’exemple de Flora Duffy est indéniable. Même si elle est probablement la cycliste la plus forte, par son agressivité et sa confiance technique, elle se retrouve très à l’aise dans les virages. Ses adversaires n’ont pas ces aptitudes techniques. 

Malheureusement, pour certains, on peut faire cette analogie. Les parcours de l’ITU sont un peu comme Monaco en Formule 1. Il suffit de prendre la pole position pour être avantagé. Plus c’est congestionné en arrière, plus on se nuit et il est impossible de revenir de l’arrière.

Différentes fédérations semblent très démunies face à ces nouvelles spécificités. Se concentrant avant tout sur les qualités en natation et en course à pied, on se retrouve avec des athlètes complètement dépassés par la nouvelle tournure. 

Tout cela ressemble dans les faits à un aveux de faiblesse. Par contre, on peut leur accorder que ces changements favorisent certains athlètes et qu’il existe peut-être un manque de diversité en terme de parcours dans la WTS.

À l’inverse, grandissant avec les Brownlees comme exemple, il existe aussi une nouvelle génération effrontée comme Léo Bergère, Simon Viain ou encore Charles Paquet qui n’ont jamais mis le vélo de côté et qui sont capables de se créer leurs propres opportunités à deux roues.

Alors voilà, dans la communauté si peu loquace de l’ITU, certains se plaignent des nouveaux parcours de vélo. 

Malheureusement, s’il est difficile de leur donner raison, il est vrai que le spectacle offert à Leeds nous a effectivement démontré qu’une athlète comme Flora Duffy profitait d’un tel avantage, que le sport triple pourrait à nouveau devenir ennuyeux, mais d’une manière différente.

On revient toujours au même point, on développe des athlètes pour courir sans faiblesse ou il faut atteindre une norme. Les champions dépassent justement ces fameuses attentes… 

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