« Tu t’entraines trop » Trop c’est quoi ?

Cet article aurait simplement pu être relayé sur mon compte personnel ou mon « blog », car c’est une réflexion à laquelle j’ai abouti sur ma situation. Après coup, je me suis dit qu’il serait peut-être intéressant d’en faire un article, qu’il y avait sans doute matière à débattre, et le débat chez Trimes, c’est ce qu’on aime !

Pour ceux qui s’attendent à un article sur une méthode de quantification de l’entrainement, ce n’est pas tout de cela que l’on va parler.

L’objet de l’article est plutôt d’ouvrir le débat sur la perception de la charge d’entrainement d’un athlète, de son entourage, et tout simplement des personnes qu’il rencontre.

Pour en revenir au pourquoi de l’article, à l’époque où je m’entrainais beaucoup, j’entendais très souvent « Tu fais beaucoup de volume », « Tu t’entraines beaucoup », « Tu t’entraines trop ».

Et je pense que cette réflexion est très souvent ressortie à n’importe quel triathlète. Mais s’entrainer trop c’est quoi ? Trop par rapport à quoi ? Trop par rapport à qui ?

Je vais parler de ce que je connais : l’élite compétitif

Quelle est la différence entre l’élite compétitif et le professionnel ? Le temps. En général dans la catégorie élite compétitif se retrouve beaucoup de personne qui doivent coupler une activité professionnelle avec leur activité sportive qui s’inscrit dans une démarche de haut niveau. Pour faire simple, l’élite compétitif n’est pas assez bon pour vivre du triathlon, ou pas encore.

L’élite compétitif peut remporter des primes, être dédommagé par son club, avoir des sponsors, mais soyons honnête, 5 à 10 000 € l’année on ne va pas loin pour en vivre.

Si vous connaissez un élite compétitif qui jongle entre entrainement et travail, vous savez de quoi je parle : il est à l’arrache tous le temps, n’a pas 5’ entre deux entrainements, il est clairement débordé, et souvent fatigué.

Le nombre de fois que j’ai entendu que je m’entrainais trop … En fait, ce qu’il faut comprendre c’est que l’élite compétitif, lui, il a l’impression qu’il ne s’entraine pas assez.

Je faisais du duathlon en D1, et mon objectif au départ c’était de gagner (globalement cela s’achevait entre une 2ème et 8ème place), sauf qu’au départ tu n’es pas le seul. Et qui tu as en face de toi ? Benoit Nicolas, Benjamin Choquert, Yohan Le Berre. Comment ces mecs s’entrainent-ils ? Est-ce qu’ils s’entrainent plus que moi ? Est-ce qu’ils s’entrainent plus dur que moi ? La réponse était clairement oui.

J’avais une obsession, Benoit Nicolas. Benoit en période où cela s’entraine dur c’est 105 km à 110 km à pied / 400 km vélo par semaine, dont 4 séances avec de l’intensité à pied et 2 à 3 sur le vélo.

Honnêtement je n’ai jamais réussi une seule fois dans ma vie à faire une semaine comme cela, je m’en rapprochais sur le volume mais jamais avec l’intensité qu’il y mettait. Quand on me disait « Regarde dans l’état où tu es, tu t’entraines trop », ma perception a toujours été de dire que je ne m’entrainais pas assez, mon obsession étant la semaine de Benoit Nicolas … La différence entre lui et moi, c’est qu’il était dédié à 100 % pour sa pratique.

Dans mon cas personnel, cette obsession a engendré une blessure dont je ne me suis pas remise, mais ce qu’il faut comprendre c’est que si je ne m’étais pas entrainé autant je n’aurai pas eu les résultats évoqués plus haut => J’aurai donc eu une pratique compétitive mais sans résultats au-delà de la moyenne, c’est louable, mais pas ce que je recherchais, pas ce qu’un élite compétitif recherche.

Si je reprenais au niveau auquel je pratiquais avant, je ne m’entrainerai pas moins, je travaillerai moins à côté, c’est une question de perspective, j’ai toujours estimé que je travaillais trop par rapport au niveau d’entrainement que je pratiquais, pas l’inverse.

L’élite compétitif qui performe ne s’entraine pas trop, il s’entraine juste. L’élite compétitif qui se blesse, il ne s’entraine pas trop … il manque de temps pour récupérer, car par définition s’il ne s’entrainait pas autant … il ne serait pas élite compétitif.

L’élite compétitif qui ne performe que 25 % du temps pour être DNF ou à des années lumières du résultat espéré, lui s’entraine sans doute trop.

Je pense que cette notion de « s’entrainer trop », est valable pour n’importe quelle autre catégorie de triathlète, le professionnel, le GA compétitif, le GA loisir. Toute la question est de savoir comment tu t’entraines par rapport au niveau de performance recherchée, si tu estimes que tu t’entraines beaucoup d’heure et que tu passes souvent à côté de tes objectifs, effectivement il y a un souci.

Si tu t’entraines beaucoup (qu’importe ton niveau) mais que tu réalises systématiquement tes objectifs, tu es sûrement dans le vrai.

Cependant si ta femme ou ton mari est parti avec les enfants pendant la préparation de ton Ironman et que tu as mis 3 semaines à t’en rendre compte, oui peut être que tu t’entraines trop !

Oui s’entrainer trop ne pas qu’une logique comptable d’heure et d’intensité d’entrainement, c’est aussi quel impact cela a sur ta vie familiale, sociale, professionnelle ?

Et pour vous c’est quoi s’entrainer trop ?

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