Opinion > Réflexion sur les distances – Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué

Les pieds dans l’eau, le Morgon en arrière plan et le ciel bleu des Alpes au dessus de la tête… Je gazouillais tranquillement l’autre matin juste avant de commencer une intense session d’entrainement natation dans le plan d’eau qui jouxte le lac de Serre Ponçon…

J’étais dans mon pays, à Embrun, la « Mecque » du triathlon en France entre juillet et août. « The place to be » pour tout triathlète digne de ce nom ! Un lieu chargé d’histoire et de bonnes ondes triathlétiques… (mais de cela, je vous en reparlerais peut être une autre fois, si vous êtes sages…

Une vieille connaissance vient me tenir la jambe quelques instants :

-« Salut Xa, tu fais Embrun ? »

-« Oui, heu… non, enfin, je fais le M quoi ! »

-« Hein ? Le quoi ? »

-« Je fais le M, pas le XXL, pas l’Embrunman quoi ! »

-« Tu veux dire que tu fais la courte distance c’est ça… »

Oui, c’était bien cela… Et dans ce bref échange, j’ai vu défiler plus de trente années de triathlon dans ma petite tête…

Sac de noeuds

Alors non, décidément, cette nouvelle nomenclature ne me plait pas ! Et non, bon sang de bonsoir, elle n’a pas de sens !

Appeler ça comme vous voulez : débat d’arrière garde, réflexion de vieux dinosaure aigri peu importe… Perso, je suis perdu… Et quand je suis perdu, je n’aime pas cela et je me fâche tout rouge…

Qu’est ce qui a donc bien pu pousser nos chers dirigeants à changer ainsi nos repères sans même nous demander notre avis à nous, les vieux de la vieille, les dépositaires du savoir, les gardiens du temple… (bon, d’accord, là, j’exagère un peu…)

Imaginez que pour que cette fameuse distance M, on sera passé au fil du temps de : catégorie A, à courte distance, distance olympique et enfin M… Le L d’aujourd’hui correspondantà la distance d’antan (la catégorie B des tout débuts… et oui, je sais, faut suivre…) et le XL à… pas grand chose puisque sauf erreur, je n’ai trouvé aucune course sur cette distance cette année en France (à mon grand regret d’ailleurs pour ceux qui ont eu le courage de lire mon petit article sur Nice…).

Enfin, le XXL, ben… c’est la distance Ironman quoi ! Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué…

Vous avez dit championnats de France longue distance ?

Je vous entends d’ici… « mais tu rigoles : XS, S, M, L, XL, XXL… C’est simple comme bonjour ! C’est comme pour les vêtements, c’est facile à comprendre ! Fini les A, B, C etc…

Mouai… Peut être bien… Mais notre culture, notre histoire dans tout cela hein ? On ne va pas comparer notre beau sport à des tailles de fringues ! Les triathlètes sont suffisamment intelligents pour comprendre et appréhender ce qui s’offre à eux sans avoir besoin qu’on leur « didactise » les distances à outrance !

Et puis, le vainqueur des France « courte distance » sera sacré sur une course de format dit : « M », bizarre non ? (enfin bon, l’an dernier, le champion de France élite à été sacré sur un sprint ouvert aux étrangers… Pendant que les groupes d’âges se bagarraient comme de coutume le même jour sur un bon vieux « courte distance » Comprenne qui pourra !)

Tout cela n’est pas bien méchant, j’en conviens. Inutile d’y accorder une si grande importance… quoique…

La taille… C’est important 😉

J’en viens donc au fond du problème : peut on décemment appeler un triathlon dont les distances sont : 3/80/20 un triathlon distance L…

Est ce vraiment une longue distance dans la perception commune de la majorité d’entre nous, et par conséquent, peut ont décerner un titre de champion de France longue distance sur ce format ?

La réponse me paraît évidente…

Et là, ce n’est plus anecdotique, personnellement cela me gêne… (et je n’insiste même pas sur le fait qu’à Gravelines, cette année, le titre était décerné sur 3/90/21.. soit une catégorie qui ne figure même pas dans les distances répertoriées sur le site de la fédé… Bref !)

Non, vraiment, ce « L », pour moi, c’est de la « moyenne distance » point barre ! Un effort que j’affectionne, mais en aucun cas d’une durée qui peut être assimilée à du longue distance dans notre sport. Les pionniers doivent bien se marrer lorsqu’on leur dit qu’on fait un triathlon longue distance en à peine plus de 4 heures pour les meilleurs… Un temps d’effort plus court que le simple parcours vélo d’un ironman… Et je prie pour qu’ils ne lisent pas le blog de Valentin Rouvier, qui arrive à faire 4ème de ces « championnats de France » sans prépa, en ayant pour seul objectif au départ de sortir dans le pack de tête en natation (sic..) et qui ne roule jamais ou presque plus de 100 bornes à l’entraînement…

Mon pote est reparti… Je m’avance lentement dans le plan d’eau d’Embrun et du coup mes pensées vont vers tous ces anciens champions de France qui avaient remportés leur titre sur les pentes de l’Embrunman jadis… Je repense aussi à Philippe Lie, vainqueur du championnat d’Europe longue distance à Embrun en 1993 après une course juste incroyable au nez et à la barbe du grand Rob Barel…

Il lui avait fallu batailler plus de dix heures à l’époque pour décrocher la timbale d’un titre qui forçait le respect de tous…

C’était le bon vieux temps !

10 commentaires
  1. Moi ce qui me gène c’est que si on considère un L comme une moyenne distance, alors un M devient un courte distance (ce qu’il fut, ok, mais bon …) et ça me parait un peu osé, parceque pour moi un courte distance ça ressemble plutôt à un S XS ou découverte.

     » le XL à… pas grand chose puisque sauf erreur, je n’ai trouvé aucune course sur cette distance cette année en France » => GERARDMER

    1. Gérardmer appelle son triathlon XL mais les distances ne sont pas 4/120/30 mais un half ironman en réalité… 😉 (1.9/90/21)

      1. Oui oui je sais mais la ou je veux en venir c’est qu’à Gerardmer ils semblent en avoir marre de changer de dénomination tout les ans, du coup ils ont tranchés.

    2. M n’est peut-etre pas le top, mais Courte distance ce n’est pas non plus très parlant pour le grand public. Ce n’est pas si court que cela ( sauf pour les (bons) triathlètes…): plus de 2h45 pour un athlète moyen ( et beaucoup plus si le parcours est vallonné). Quant à la dénomination « Olympique »…. c’est pas mieux puisque d’ici peu ce sera un S au JO. Il est clair par contre que personne ne va dire qu’il fait un XXL… mais un IM.

      1. Même si cela était évoqué, il me semble que le choix du S pour les J.O n’a finalement pas été retenus et que c’est bien sur un format 1500/40/10 que la course de Rio va se tenir….

  2. Bonjour Xavier,

    ICI (Canada) ON EST TOUS DES IRONMAN
    Maintenant on peut faire un ironman 5150, 70.3, 140.6 …On est tous des Ironman ?
    Et pourquoi pas un Ironman 25.5 avec un beau tee-shirt finisher avec le M pointé.

    Si tu fais un 70.3 t’es pas un ironman, point barre.

    En plus les parcours sont plats 🙁

    Écoutes la meilleure, j’ai même vu des la presse spécialisée qu’on pouvait s’inscrire pour un marathon de 5 kilos…

  3. Je pensais à ca justement… En théorie, vu que nos vélos sont de plus en plus performant… tous les parcours devraient être rallongés… comme au GOLF. FTW. Parce que ouai, les anciens peuvent dire que dans leur temps, c’était plus dur et ils ont raison.

  4. Bel article, j’ai bien aimé la référence au blog de Valentin Rouvier.
    Triste rendez-vous ce championnat de France qui n’attire que 3 des 15 meilleurs Français sur le Long (je parle du podium bien sûr)… Mal placé (calendrier)? Pas populaire? Aucun enjeu de taille?
    Un seul mot : dommage.