T100, Ironman > Les règles du drafting doivent changer au plus vite.

La récente édition de T100 Singapour exprime parfaitement la spirale dans laquelle le triathlon est plongé depuis tant d’année. Le drafting a toujours été un sujet chaud pour ce sport, maintenant qu’on a notre disposition un outil moderne, Race Ranger, rien ne change.

Si l’on devrait se réjouir de la récente édition de T100 à Singapour, chez Trimes, on n’a pas réussi à ignorer ce que Jan Frodeno a appelé les « disco lights » des Races Rangers (RR). Si vous ne le savez toujours pas, le RR est un capteur de proximité qui à l’aide d’un système de couleurs, permet à l’athlète de savoir s’il est à la bonne distance. Des lors qu’il rentre dans la zone (20m pour PTO), la lumière est alors rouge. Il est donc en théorie impossible pour l’athlète d’argumenter avec un arbitre.

Le petit hic, c’est qu’a Singapour, les lumières rouges clignotaient de partout et finalement, aucune infraction n’a été attribué.

Comment expliquer cela, c’est multifactoriel.

Initialement, selon les réglèment de World Triathlon ajusté pour la T100, il devait y avoir sur la course au minimum 16 arbitres. Cela est dans les normes des WTCS, et franchement, cette demande n’a pas été respectée, ou bien, ils étaient tout restés à l’air climatisé. D’ailleurs, autre polémique, selon les critères habituels, est-il normal de nager 2000 m dans une eau à 30C ?

À l’écran, juste une moto avait un semblant d’être dans la mission d’arbitrage. Sa proximité n’avait aucun effet sur les comportements des athlètes. On est donc dans le doute.

Le second problème avec Race Ranger, c’est que World Triathlon n’a toujours pas défini une procédure claire pour dire comment un arbitre doit traiter l’information. Race Ranger envoi les infos sur l’ipad d’un arbitre. Les créateurs de RR nous avait confié que l’arbitre devait prendre une décision en fonction des tendances… Après un an, on est toujours dans un flou artistique, enfin sportif.

On espérait sincèrement que World Triathlon se penche sur le sujet et que tu sois parfaitement encadré pour la T100, cela n’est bien sûr pas le cas et c’est fort dommage.

Mais, le plus grand problème, c’est le « gentleman agreement » ou si vous préférez la loi non écrite. Succinctement, dès lors que la route s’élève, il est considéré que l’abri aérodynamique pour l’athlète qui suit n’offre plus d’avantages, Pieter Heemeryck (3e) nous a d’ailleurs expliqué sa vision, « sur le plat, les 20 m représente un écart de 1,5 à 2s mais dans les montées, cela devient 5-6 s. Je n’ai pas pris le risque et à cause de cela, je devais tout le temps reprendre un écart de 50 à 60 m ».

Si le belge est plutôt « fair-play », cela n’a pas été le cas avec tout le monde. Si l’on accepte que la règle des 20m ne tient pas dans les montées ou dans les parties techniques… Cela fait en sorte que l’athlète apprend à ignorer la lumière rouge des RR. De plus, comment l’arbitre fait la part des choses avec son outil.

Ce qui nous pose un problème avec tout cela, c’est aussi le fait que la règle sur le drafting n’a jamais encadré cette pratique courante depuis des années. Il suffit de faire Ironman Nice pour comprendre. Est-ce que le triathlon doit explicitement indiquer des zones avec drafting et sans drafting? Bonne question. Nous vous rappellerons quelques études qui démontrent que même avec des pentes jusqu’à 8%, il y a toujours un avantage aéro et par ce fait. On contrevient à l’esprit de la règle.

Des solutions?

Il faut réellement se pencher sur cette règle maintenant qu’il existe un outil, d’autant plus qu’on a désormais des courses très denses (T100) ou des courses avec 65 pros au départ (Ironman Pro séries).

Si Race Ranger est un outil, il n’est pas la solution, toutefois, il serait fort possible de donner des crédits de temps aux athlètes. Exemple, 30s max dans la zone rouge et par à partir de là, la sanction tomberait automatiquement. Afin de couper court à ceux qui évoqueront l’erreur, on joue la carte de la tolérance.

Mais ce qu’on fait avec les zones techniques, les montées… Est-ce raisonnable de créer des zones d’exceptions ? Si cela parait logique sur papier, cela serait un cauchemar à mettre en œuvre et dans les faits, n’est-il pas le moment de favoriser ceux qui acceptent d’être en avant.

Certitudes ?

La seule chose dont on est certain est que le Race Ranger a été détourné par les organisations, sa présence dans les courses est devenue un prétexte pour se décharger de la problématique du drafting. Les athlètes pros doivent tout simplement s’autogérer, enfin si cela est un souhait, est-ce réellement la réalité ?

Finalement, tout cela doit rapidement changer, avec des règles claires qui exploitent réellement les capacités de ce dispositif.

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