On refait la course avec Laurent Vidal – Gold Coast, les leçons.

Le parcours de natation en triangle a-t-il changé la donne?

Non, je ne crois pas. Je trouve plutôt bien que l’ITU propose des solutions pour éviter la foire d’empoigne que l’on voit normalement à la 1re bouée.

Par contre, la marée a ,elle, joué un rôle puisqu’il y avait un courant de droite à gauche surtout pour la course homme.

Ce qui est intéressant de noter en natation ce sont les dynamiques en fonction des numéros de dossard et du positionnement des athlètes sur la ligne de départ, pour moi c’est ce qui change réellement la donne.

Une nouvelle stratégie de Jo Browlee?

Je pense surtout que l’on a vu un Jonathan Brownlee capable de faire ce que jusqu’à présent uniquement Alistair était capable.

Ce week-end nous avons eu droit à un Jonathan Brownlee grand cru, insufflant la dynamique devant tous les co-favoris et en postant derrière une grosse course à pied. Très peu de triathlètes ont été capables de faire ça dans le passé sur une course de ce niveau.

Jonathan a montré qu’il avait maintenant le niveau d’exécution et de poids sur la course que son frère soit la ou non.

Pour les athlètes qui sont à bord du bon wagon, c’est dans leurs intérêts de rouler, car moins il y a de coureurs à T2 et meilleur c’est. Par contre à Gold Coast, il semblerait que ceux qui étaient dans cette situation ne soient pas encore au même niveau d’endurance de force que Jonny et en payent un peu les pots cassés à pied, mais ça peut changer vite.

Je ne suis pas spécialement surpris par ce changement de dynamique et il y a une réelle opportunité pour tous ceux qui se sentent capables de nager devant. On en revient toujours au même constat. Un triathlon se gagne à pied, mais, peut se perdre en natation, vélo. La tendance parait claire et les choix semblent évidents.

Avec les critères spéciaux (classement mondial ou victoire à Rio ou Baku) des Espagnols, sans entraides, est-ce qu’ils ne sont pas entrain de se nuire?

Nous avons à faire une très grosse équipe d’Espagne, mais les objectifs pour chacun restent différents et ils n’ont pas le même passé. Il faudra voir comment tout évolue dans les prochains 12 mois pour en savoir un peu plus. Une émulation à ce niveau reste malgré tout un moteur un peu comme les Américaines chez les femmes.

Quand les enjeux vont monter d’un cran, nous verrons réellement qui a bien géré la situation. Pour l’instant, il y a encore du temps pour s’y préparer.

La hiérarchie est-elle désormais figée?

Je n’avais pas de doute sur les athlètes pour encore faire évoluer le triathlon.

Je dirai que nous n’avons pas vraiment de surprise, c’est la suite logique des saisons passées. Les meilleurs nageurs ne veulent pas que les moins bons puissent avoir une part de leur gâteau.

Je pense malgré tout que cela va encore évoluer, car j’ai le sentiment que ça va encore plus se densifier devant dès le début de course.

Les Français peuvent nager très fort comme d’autres athlètes et verront un avantage certain à ne pas débuter la course à pied avec des Mola et autres Murray d’autant que les leaders habituels de ces dernières années ont montré qu’ils n’étaient plus invincibles; il faut d’ailleurs leur rendre hommage, car nous assistons à des changements perpétuels vers un seul but : gagner, quitte même à risquer de perdre parfois.

Attention, il ne faut pas non plus croire que ceux qui ont un déficit à la sortie de l’eau ne feront rien pour revenir dans le jeu.

Bref, c’est une grande bataille physique et psychologique qui s’annonce dans laquelle chacun à des intérêts différents ? Une chose est sure, pour en sortir vainqueur, cela va se passer à l’entrainement et dans le quotidien. Le seul aspect de contrôlable dans le sport c’est son propre niveau et de s’autoriser de tirer le meilleur de chaque situation.

Au final, nous allons assister à une intensité encore plus importante en natation, vélo.

Est-ce qu’un athlète doit battre en retrait pour revenir plus fort?

J’ai déjà fait part de mon point de vue sur ce sujet. La réalité c’est qu’un « pic de forme » représente un sursaut de forme de quelques points et que le calendrier ne laisse pas trop de marge de manoeuvre.

La performance ne s’arrête pas à l’entrainement physique. Il faut se préparer à enchainer les courses en étant capable de monter en puissance.

Nous faisons du triathlon OLYMPIQUE et le but pour beaucoup est et restera sur cette course d’un jour, mais pour la préparer il faut connaitre les règles du jeu et savoir adapter sa préparation en fonction de ces dernières.

Je ne dis pas du tout qu’il faille tout courir, mais il semble difficile de performer moins de 5/6 fois par an ne serait-ce que pour marquer des points olympiques. Chacun doit monter sa stratégie, WTS ou World Cup.

La gestion des attentes est problématique pour beaucoup d’athlètes, mais au fond, lorsque l’on ambitionne clairement une performance aux JO ( avec préméditation) avec toute « la pression » que cela comporte, il faut être capable de mettre en place un fonctionnement personnel adéquat au-delà de nager, faire du vélo et courir tous les jours.

Chez les femmes, on entend beaucoup parler de la présente domination américaine. As-tu l’impression que cela pourrait durer dans le temps?

Oui clairement, Gwen Jorgenssen domine le sport à l’heure actuelle avec un investissement maximal, mais ses coéquipières la gardent humble. Elles sont pour la plupart issues d’un programme d’identification des talents qui date de quelques années donc autant te dire que le potentiel est là pour beaucoup. Il ne faut pas penser qu’avoir « du succès en sport » un est autre chose que le fruit d’un projet très fort, de responsabilisation et d’une intelligence dans l’apprentissage, car au final, nous sommes tous des humains avec physiquement pas tant d’écart que ça dans nos aptitudes physiologiques. Les Américains, comme d’autres nations, identifient très tôt les gros potentiels et mettent les moyens financiers et humains; pour la suite chaque histoire est individuelle.

2 commentaires
  1. Nice piece. The sport is ever-changing and seems to go in cycles of focus sport. Presently I think Varga’s improvement on the bike is perhaps the most underrated aspect to the current progression. Johnny said it himself, ‘without Varga there was no way that break would be created and stick’. Given the rumours of a demanding Rio bike course I think we will see swim/bike take center stage for the men as run splits begin to plateau, albeit after laying down greater watts.