Qui veut payer pour la lutte antidopage ? Ni PTO, Ni Ironman?

Un autre article sur le dopage parce que le sujet est important et si tu penses comme le dicton, l’information est fausse puisqu’elle ne me plait pas, passe ton passage. Pour sauvegarder notre amour pour le sport élite, nous devons justement avoir des courses justes, sans soupçons et pour cela, il faut une communauté qui insiste pour que les différentes organisations fassent leur travail. Faire l’autruche et penser que tout le monde est gentil, c’est inopinément faire preuve d’une grande naïveté.

Alors voici une autre explication.

Après la victoire de Youri Keulen au T100 de Singapour, il y a eu des murmures et surtout des questionnements récurant dans le milieu (c’est toujours le cas après la victoire surprise, enfin, cela est cependant très relatif sur l’aspect de la performance, absences de plusieurs favoris, conditions extrêmes, début de saison). Pour être franc, cela n’est pas la première fois qu’un athlète gagne l’une des compétitions majeures après que 2 saisons dédiées à la distance moyenne (T100/70.3). Youri a un passé en distance olympique, il a eu un départ en WTCS (année covid – 2021).

Dans le cas du hollandais, outre le fait qu’il est décri comme un athlète arrogant et non fairplay (drafting) par plusieurs pros, dont celui qui est aimé par tous, Sebastian Kielne. Outre le fait qu’il est entrainé par un coach Ukrainien (plusieurs de ses patineurs russes sont tombés pour dopage), parce que le triathlète élite est gentil, c’est une autre aspect qui fait de plus en plus de bruit… À nouveau, cela reste un fait et non une preuve. C’est d’ailleurs plutôt étonnant la difficulté pour les médias d’énoncer ce fait.

Enfin, n’oublions surtout par le cas de Colin Chartier, puisqu’il a tout simplement traumatisé le milieu et que cela alimente désormais des fantasmes ou pas. Le cas de l’américain nous a rappelé une chose très importante, même dopé, un athlète pro ne se fait pas prendre positif durant une compétition. Pour le faire tomber, il faut l’attraper avec un test hors compétition.


Tests en compétition : Il s’agit essentiellement des contrôles sanguins et urinaires effectués sur le lieu de la course. Ils sont considérés comme quelque peu nécessaires mais aussi exceptionnellement difficiles à échouer, car les athlètes savent qu’ils sont prévus et peuvent les planifier à l’avance.

Contrôles hors compétition : Les contrôles hors compétition sont effectués à des moments aléatoires au domicile des athlètes, etc.

Contrôles hors compétition sans être sur un pool : même si vous n’êtes pas sur un pool, pros et même amateurs signent un engagement que vous pouvez être contrôlé à tout moment, enfin principalement sur votre lieu d’entrainement. Cela aura lieu uniquement s’il y a déjà des soupçons sur vous et que l’athlète a été dénoncé par son entourage. Cela arrive fréquemment, récemment un AG s’est fait dénoncer par sa fréquentation.


Et alors? Dans les fameux murmures du milieu, ce qui semble désormais réveiller un débat précédent, c’est le fait que plusieurs pros majeurs, dont Youri Keulen, ne font pas partie d’un groupe de contrôle hors compétition (Pool).

Puisqu’ils ne sont pas sur le pool de leur agence anti-dopage nationale (commandité par sa fédération) ou sur celui d’Ironman, et que PTO n’effectue pas de contrôle antidopage hors compétition. Cela signifie qu’un athlète comme Youri n’est tout simplement pas contrôlé en dehors compétition. Cela fait plutôt tache avec une série mondiale officiellement reconnue par World Triathlon.

À nouveau, cela ne signifie pas qu’il est dopé, mais le fait de savoir qu’un athlète pro puisse s’entrainer, se charger comme il le veut sans être inquiété, cela est plutôt effrayant et malheureusement pas si étonnant.

D’ailleurs, est-ce que la PTO n’a pas justement créé une urgence aux résultats?

Comme le mentionnent les athlètes signés, la mise sous contrat change tout avec un revenu garanti, des déplacements payés. Le statut pro avec un contrat pour T100 est une police d’assurance, synonyme d’une fin temporaire face au risque de précarité. On peut donc s’imaginer que certains ne résistent pas à cette tentation. D’autant plus quand des produits et que des protocoles sont facilement disponibles, que certains personnages proposent leurs services…

L’année dernière, avec le cas de Chartier, nous avions déjà écrit sur le sujet. La lutte contre le dopage est une problématique très opaque où il est difficile de savoir ce qui est vraiment fait. Elle est aussi incroyablement injuste pour les athlètes propres. Un athlète qui progresse rapidement et qui n’a pas une grande communauté derrière lui fait généralement face à une mer de soupçon. N’oublions pas que World Triathlon a souvent donné des suspensions silencieuses. Il est donc impossible de se faire une vraie idée du portrait actuelle. C’est pourtant l’organisation la mieux armée puisque tous ses athlètes majeurs sont sur leurs pools.

PTO fait comme si de rien…

Si Chartier est tombé, c’est grâce aux efforts d’Ironman et non de la PTO. On avait la naïveté de penser que cette organisation qui est théoriquement aussi la propriété des athlètes allaient obligatoirement se munir de son propre programme… Qu’il y aurait une sorte de pression interne de ses membres, soit les pros.

Petit rappel, pour effectuer des contrôles hors compétition, vous devez gérer un groupe de contrôle dans lequel les athlètes indiquent leur localisation, vous envoyez des contrôleurs au hasard et les résultats sont tous saisis. Cela a bien sûr un coût important, et dans cette urgence à faire émerger un nouveau circuit, la lutte antidopage n’est pas dans leur priorité.

À nouveau et malgré les critiques, PTO se décharge totalement de ses responsabilités parce qu’elle doit probablement considérer que les autres font le travail pour eux.

Qui paye ? Une question de pays ?

On va tenter de vous expliquer, les agence nationales anti dopage se concentre principalement sur les athlètes de la filière olympique. À quelques exceptions près, certaines étendent leur liste à des athlètes en longue distance. Selon notre compréhension, pour un athlète français, il sera ajouté que s’il est sélectionné pour les championnats du monde LD. Cela pourrait changer puisque la FFtri communique désormais sur T100 et c’est désormais elle qui doit inscrire les athlètes pour les places vacantes (wildcard).

Puisqu’il existe de nombreuses fédérations ne réclamant pas l’ajout des athlètes en longue distance, Ironman a finalement décidé de prendre le relais en créant son propre pool.

Certaines instances dirigeantes ne considèrent même pas les athlètes de longue durée comme relevant de leur responsabilité en matière de lutte contre le dopage (par exemple, les États-Unis) et n’incluent pas ces athlètes dans leurs groupes de contrôle. Malheureusement, la problématique pour le géant américain, c’est que c’est une société qui appartient à un fonds d’investissement et qui doit donc faire des bénéfices, forcément, le budget pour l’antidopage est limité. La liste des athlètes est disponible ici. On y retrouve d’ailleurs de nombreux francais comme Denis Chevrot, Sam Laidlow, Arnaud Guilloux, Marjolaine Pierre, Dylan Magnien, Clement Mignon, Leon Chevalier, Arthur Horseau.

Comme cela est mentionné, Ironman s’établit sur les résultats pour ajouter des athlètes. Cela peut prendre un certain temps avant d’être ajouté. Aussi, imaginons que vous avez des résultats importants sur des circuits alternatifs, Ironman ne semble pas les considérer pour leurs choix.

Comme nous l’avons déjà mentionné, il n’est pas rare de retrouver des athlètes sur le podium à Kona qui sont sur aucun pool. À nouveau, cela ne veut pas dire que l’athlète est dopé, mais le passé nous a déjà démontré que la parole n’est gage de rien.

Du coup, certains athlètes sont contrôlés, d’autres non, mais avec des résultats, ils finissent tous par l’être, non ?

ProTriNews a fait un travail magistral en passant en revue tous les athlètes de la PTO afin de créer une feuille de calcul indiquant qui fait actuellement partie d’un groupe de tests et qui n’en fait pas partie.

La plupart de ces informations sont publiques – qui est testé par World Tri et qui fait partie du pool de test Ironman – et sont donc en grande partie compréhensibles, cependant il faut certainement un peu de travail pour les parcourir.

Le plus intéressant ou effrayant dans cette initiative, c’est que plusieurs athlètes ont révélé qui ont été retiré du pool Ironman par le fait qu’il était désormais sous contrat avec T100. Sachant que la PTO ne conduit pas de groupe de contrôle hors compétition, cela signifie que plusieurs athlètes majeurs ne sont donc plus contrôlés hors compétition.

Si vous préférez, cela signifie aussi qu’il y a un certain désangagement d’Ironman qui en à assez d’être un fournisseur pour la PTO et de les décharger de problématique importante.

Face à ce texte déjà beaucoup trop long, cela signifie en gros… PTO ne veut pas payer, Ironman ne veut pas payer pour les autres, et du coup, on se retrouve avec plus d’athlètes majeurs sur aucun pools. À nouveau, le triathlon paye le prix fort pour cette concurrence entre les différentes organisations.

L’autre problématique, c’est aussi le rôle de World Triathlon dans tout cela. Rappelons-nous que le circuit T100 est officiellement reconnu par l’organisation internationale. On s’attend d’eux qu’ils imposent l’exemple avec les plus grandes exigences possibles. On espère que cela va bouger rapidement…

Ce qui n’est pas rassurant dans tout cela, c’est que T100 reste très silencieux dans tout cela.

Credit photo : Protrinews



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