La chronique de Xa’ > ITU Yokohama WTS, la voie des guerriers.

Terre de combat

S’il existe une terre sur laquelle être guerrier à un sens profond et spirituel, c’est bien le Japon. Se battre n’est rien… combattre dans les règles et selon les codes qui définissent « la voie du guerrier » a une valeur inestimable.

Le Bushido est ainsi : à la fois cruel, implacable, sans pitié, mais indissociable d’une éthique et même d’une certaine morale qui l’érige en véritable art.

Alors, est-ce vraiment un hasard ? C’est bien au pays du soleil levant que va se dérouler dans quelques jours, la course la plus importante de l’année pour quelques-uns des meilleurs triathlètes olympiens de la planète. Une course couperet, aussi importante que les J.O pour certain car elle va conditionner elle même leur possibilité d’y concourir… Tout simplement…

Si les courses ont été belles, les WTS de ce début de saison m’ont tout de même laissé un léger  sentiment d’inachevé… Il y a toujours eu quelques absents, des athlètes pas au meilleur de leur forme… ou des distances qui ne permettaient pas vraiment de « savoir » si le résultat était significatif à 100%. Mais là, en regardant la start list de Yokohama, il est clair que l’épreuve nippone sera, et de loin, la plus relevée depuis longtemps… Et que son positionnement au regard des sélections de bon nombre de pays en fait LA course à ne surtout pas louper…

La France : une place pour deux… ou deux places pour trois… ou ???

Et finalement, après quatre ans de « circuit » WTS depuis Londres, tout risque fort de se jouer sur ce seul rendez-vous dans le clan tricolore. Dorian Coninx et Pierre Le Corre, quasi siamois dans leurs résultats depuis deux ans avec chacun leurs points forts et leurs périodes de doutes, vont donc se départager le troisième dossard loin des leurs et dans un environnement incertain et hostile. Impossible de dire qui prendra le dessus… Le plus talentueux ? Le plus déterminé ? Le plus courageux ? J’aimerais que ce soit un mélange de ces trois qualités… avec un zeste de témérité et de goût du risque en plus…

Le troisième larron de l’histoire : David Hauss, laisse planer une grande incertitude. Encore très moyen ce week-end du côté de Cagliari, le 4e des derniers J.O n’ira pas à Yokohama… En faisant cela, Hauss perd la main sur son critère de présélection, sa place à Rio n’est plus garantie… Et ceci risque fort de mettre la DTN dans un sacré embarras…

Le dernier larron, Vincent Luis semble à l’abri de tout… Son classement au ranking olympique et ses performances hivernales sont très rassurantes… Reste qu’il n’a toujours pas pris de départ en triathlon cette année et qu’il reste sur deux forfais compétitifs ces dernières semaines…

Un leader qui ne court pas, un deuxième éligible hors de forme… Deux prétendants tellement proches… Bref, un joli sac de nœuds pour Franck Bignet… Et les observateurs auront sans doute noté ce week-end l’attitude d’Aurélien Raphael à l’arrivée de la coupe du monde de Cagliari. En cachant avec sa main le « FRA » de sa trifonction puis en précisant en interview qu’il continuerait à je cite : « payer ses déplacements » pour finir en disant qu’il ne savait pas trop ce que donnerait la suite de sa saison question courses, le Pisciacais, grand pourvoyeur de points pour notre pays depuis des années sur les courses ITU, à mit les pieds dans le plat… et bien comme il faut ! Sans doute que ses résultats flatteurs de ce début de saison l’y ont encouragé… Mais dans ses aveux, on perçoit sans doute qu’en coulisse, on lui a surement expliqué qu’on ne compterait pas sur lui pour Rio…

Bref, « on ne sait pas tout » comme on dit ! À si… juste une chose finalement… Et assez inattendue si on remonte quelques mois en arrière : Emmie Charayron sera sans doute du voyage à Rio… Toute seule… Au vu de ces derniers mois si particuliers, elle le mérite, chapeau !

L’Angleterre sort son armada…

Nos amis anglais, eux, alignent tous leurs athlètes dans une guerre fratricide qui risquent de faire voler la course en éclat… Ils seront pas moins de quatre au départ : Benson, Bishop, Sharp, Bowden. Qui va savoir démontrer à la fois sa force et son allégeance sans faille aux Brownlee Brothers ? C’est difficile de répondre, mais je compte sur la bravoure de Thomas Bishop ou de Gordon Benson pour forcer le destin et hisser un petit bout du drapeau versaillais en terre brésilienne au mois d’aout prochain… Intéressant de noter d’ailleurs que du côté British, les stratégies évoluent aussi puisque sur les quatre « pressentis » seuls les deux Versaillais ont un vrai profil de domestique tandis que les deux autres on un profil plus taillé pour jouer leur propre carte… Les sacs de nœuds chez les DTN ne semblent pas être que pour Franck Bignet… Et cela veut peut-être dire aussi qu’il n’est pas certain à 100% que les frérots soient là tous les deux dans quelques mois à Rio… Comme Hauss chez nous, Alistair me semble bien fragile cette année…

L’hydre à trois têtes ibérique.

Pour l’Espagne, il n’y a plus guère de suspense en ce qui concerne la sélection tant Mola, Alarza et Gomez dominent de la tête et des épaules, plus que la hiérarchie de leur pays… celle du triathlon mondial ! Pourtant, Yokohama risque fort de ne pas être une course anecdotique dans la perspective de Rio… Fernando Alarza semble décidé à sortir définitivement de l’ombre de ces deux illustres partenaires… Et entre sortir de l’ombre et « faire de l’ombre », il n’y a parfois qu’un pas… Alors, dans ces conditions, il va être intéressant d’observer l’attitude de Mario, mais aussi, et peut-être surtout, de Javier pour son retour à la compétition… Un retour qui ne s’annonce guère aisé dans son propre camp !

Lorsque les rivalités entre les pays et entre les athlètes se rejoignent…

Un peu plus loin, les mêmes logiques de rivalités intestines vont décider des sélections canadiennes, américaines, australiennes… Et aussi définir les possibilités pour certain pays d’obtenir ou non, un dossard supplémentaire pour Rio… Cela peut créer des scénarios inédits où les stratégies individuelles pour battre un compatriote peuvent nuire au résultat global d’une nation et avoir des effets désastreux au final pour le classement de celle-ci et donc le nombre de dossards attribué pour Rio… Au milieu de ce capharnaüm, les athlètes des petites nations en quête de points vont tenter de profiter des circonstances pour se frayer un chemin et valider eux aussi leur ticket.

Tout ceci nous promet une course incroyablement ouverte et indécise…

À Yokohama, il va falloir sortir les sabres et ne pas manquer son coup. Ceux qui vont sortir vivant de cette terrible bataille, au-delà de leur sésame pour la joute olympique, auront démontré qu’ils ont la force mentale pour y viser les sommets…

1 commentaire
  1. Pour moi le trio olympique serait Luis (chance médaille), Coninx (l’avenir) et Raphael (permet de larguer 2,3 gros coureurs en natation)