Edito > L’athlète roi, tous coupables?

Souvent, je me demande ce qui attire tant les groupes d’âge à faire Kona. Évidemment, il y a l’aspect compétitif de la course, affronter les meilleurs au monde reste une noble cause et le cadre est tout simplement superbe.

Mais cette course en AGs est aussi synonyme de privilèges entre les casques gratuits à l’échange, les roues bradées, les t-shirts donnés, les pros mis à disposition par leurs sponsors pour des dédicaces. Conjugué à l’opportunité donnée aux athlètes de pouvoir demander plus à des partenaires potentiel, on observe ainsi des athlètes ayant des attentes de plus en plus grandes.

Tous les parents devraient avoir peur d’élever leur progéniture en « enfant roi ». Ils agissent comme si tout leur était dû et ils sont devenus tout simplement incontrôlables. La réalité est qu’il est beaucoup plus facile pour des parents de céder à tout au lieu de les éduquer. Les athlètes n’ont plus le respect des règles (drafting) et ont même développé une culture où il est devenu normal d’avoir autant de gens à son service (bénévoles).

Est-ce que le triathlon n’est pas aussi en train de jouer la carte de la facilité et de rentrer dans la démesure ? Pour souligner la carte du privilège, on a vu la création d’espaces V.I.P sur des courses Ironman et même ITU, où les cadres boivent leur verre de champagne face à des athlètes qui très souvent incapables de trouver des sponsors à la hauteur de leurs sacrifices.

Récemment, Ironman a créé son programme du AWA (all world athlete) pour offrir de meilleures conditions aux plus compétitifs.

Nous avons créé un écosystème dans lequel la demande est toujours plus grande. Les événements doivent être incroyablement gros, et d’ailleurs on préfère mater les athlètes présents que ceux qui voudraient suivre les courses des pros (webdiffusion absente). Les courses de cette décennie sont devenues des organisations très lourdes…

Souvent, je me dis que faire une course dans l’une des grandes organisations, c’est comme aller dans une chaîne d’hôtels multinationale. Le client va faire un drame s’il y a la moindre erreur. Tout le monde devra être à son service. Honnêtement, tu ne préfères pas séjourner chez l’habitant?

Quand on voit les courses comme Barcelone qui coûtaient moins de 300 euros, passant à 395 sous Ironman pour être tout être finalement à 500 euros pour 2015, cela fait réfléchir parce que la course sera à nouveau pleine.

Est-ce que le 105 euros (augmentation) passera dans la bourse pour les pros, la lutte contre le drafting ou le développement des jeunes?

Pour finir, ironiquement, on pensait tous qu’Abu Dhabi était la course par excellence pour se faire traiter comme un émir. Pourtant, elle ne sera plus au calendrier en 2015… Dans le style, Challenge Bahrain reprendra le flambeau en quelque sorte. D’ailleurs les organisateurs ont déjà annoncé qu’il voulait mettre la barre plus haut dans la qualité de réception des AGs en leur promettant un traitement hors du commun. Alors quoi? Il y aura un sac à dos dans le sac à dos? La médaille mesurera un pouce de plus?

En réalité, on a juste besoin d’un plateau compétitif, d’un parcours JUSTE, SÉCURISÉ et le tour et joué, non?

3 commentaires
  1. triste constat… Pour mon 1er Ironman (prévu en 2015), je pense de plus en plus le faire en « off » autour de chez moi…

  2. Il y’a encore plein d’IM avec 200 athlètes au départ. L’Ironmédoc est probablement sur ma liste pour 2015.
    J’aurai aimé faire un Ironman pour tenter le sub9, mais depuis mon dernier (2010), les prix sont vraiment indignes quand on voit le nombre d’inscrits et le drafting résultant (même Hawaii). Ça ne donne pas envie au triathlète qui veut jouer la course honnêtement et en vrai solitaire.
    Pour Abu Dhabi 2015, d’où tenez vous que la course n’aura pas lieu ?
    Concernant le vrai fond de l’article, l' »athlète roi » : c’est en résumé ce que je pense sans l’avoir formulé ainsi. Des triathlètes avec du matos de fou mais qui ont le culot de demander à tout le monde un petit billet « parce que le billet d’avion, c’est cher »… tout en se permettant des performances « de merde ». Ils sont nombreux à être complètement hors de la réalité, « mon défi », « mes performances », mon petit ego de sportif, centre de la discussion du repas du dimanche midi, complètement dans les vapeurs d’alcool générés par les « ouah, mais c’est vachement dur un Ironman! Ouahh ». Bah nan, c’est pas dur un Ironman quand tu t’entraînes 10h par semaine (minimum pour la plupart de ces kéké), que tu fais attention à tout pour pas grossir, faire un IM en 11h n’a rien de très difficile (pour le sportif concerné par ce genre de « mise en scène de ses performances ». Je ne parle évidemment pas de l’anonyme qui fait se petite course sans le crier sur tous les toits et qui n’a pas forcément l’IMC optimal!). Le plus inquiétant n’est pas que les gens qui n’y connaissent rien soient impressionnés mais plutôt que ces « athlètes » arrivent à se convaincre que ces « ouahhh, t’es trop fort » sont justifiés et que tout le monde doit mettre un petit billet (sonnant et trébuchant, ou un « billet » en volontariat) pour assouvir leur passion. Ça en devient grotesque.
    Il y’a tellement de courses géniales, half ou full, à pas cher, où l’effort est vraiment en solitaire du fait de la densité.

    Fondamentalement, ce qu’on veut, c’est un parcours propre (bien balisé et sécurisé pour ne pas se poser la question de la voiture qui vient couper la route ou nous frôle, un peu de ravito pas trop mal situé) et en rapport avec la densité d’athlètes (ce qui veut dire, souvent, limiter le nombre d’inscrits bien plus qu’on ne le fait actuellement sur les parcours roulants).