Cecile Lejeune se fait trimer > Le cheminement de la nouvelle coureuse du moment.

La semaine passé, Cécile Lejeune s’est emparée à nouveau du titre nationale de duathlon chez les cadettes (déjà titré en minime). Pour les connaisseurs, la performance de la sociétaire de Sainte-Geneviève Triathlon n’était pas une surprise. Cette jeune athlète pleine de vie repousse régulièrement les différents marques de ses prédécesseurs comme Cassandre Beaugrand. 

S’entrainant avec Reims avec plusieurs athlètes notoires comme Lucie Picard (championne DU junior), Noémie Petitfourt et Vincent Luis, on a voulu en savoir plus sur son développement.   

Tu as été la courte détentrice du record 10km junior et tu viens de battre le record en course à pied durant les tests de sélection (FFtri 16’51 sur 5000m). On peut dire que tu es assez douée dans ce domaine. Peux-tu parler de ton cheminement pour en arriver là ?

Contrairement à la plupart des triathlètes, j’ai commencé le triathlon de zéro, il y a cinq ans, sans privilégier la course à pied. Je me prépare plus spécifiquement pour une certaine distance quand des courses pédestres sont glissées dans le calendrier, mais toujours en continuant la préparation triathletique. J’ai de la chance, la course à pied me vient assez facilement, et c’est pour ça que je peux courir dans des courses FFA sans trop endommager le reste de l’entrainement.

Tu as battu le record aux tests en revenant de blessure, on peut imaginer que tu aurais pu aller encore plus vite, non?

Je n’en suis pas persuadée, la période où je n’ai pas couru m’a permis de couper, et de m’entraîner autrement (vélo et aquajogging). Même si la reprise a été dure, je pense que de couper m’a redonné un peu de fraîcheur.

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Photo Lucie Geffroy

Tu es d’ailleurs plus jeune que Cassandre Beaugrand. J’imagine qu’avec la formule des tests alimentent les comparaisons…

On m’a en effet comparée à Cassandre, mais je sais que le chemin est encore long avant que je n’atteigne son niveau global, elle n’a pas à s’inquiéter, la comparaison est loin d’être possible en natation à ce jour!

Tu n’as pu faire la saison de Cross (blessure). On a vu la fédération française d’athlétisme sélectionner que des triathlètes pour son équipe féminine junior. Comment expliques-tu ce phénomène?

Je crois très fort en l’entrainement croisé, c’est ce qui, selon moi, a permis aux filles (et à Maxime, et tous les autres triathlètes) d’avoir un niveau si bon en cap. Je pense aussi que la mentalité que demande le triathlon pousse une personne au bout de ses limites, et fait ressortir une détermination et un investissement peut être supérieur à ce que demande l’athlé, chez certaines personnes.

Vu l’évolution du triathlon élite où les coureurs sont en pouvoir, as-tu l’impression qu’il y a un certain emballement vu tes performances à pied?

Je considère que ce que j’ai fait à pied sont juste mes PBs, ceux que je cherche à briser constamment. Donc je suis évidemment satisfaite, mais je m’entraîne pour, donc je pense que c’est « normal ».

À moins que je me trompe, tu es quand même assez discrète?

Je préfère laisser parler la performance

Si un triathlon se gagne en course à pied, il se perd aussi en natation, j’imagine que c’est un aspect qui t’obsède en ce moment…

J’ai fait beaucoup de courses où je courais/roulais plus que les filles sur le podium, mais en sortant 2, 3, 4 packs derrière elles, c’est impossible pour moi de faire la course avec elles… Surtout quand les meilleures rouleuses sont dans les premiers groupes, et que c’est dur d’organiser les packs à l’arrière. Ça me frustre, mais je fais tout pour y remédier !

Peux-tu nous parler des efforts qui sont mis en place pour cela ?

J’essaie cette année de rattraper le temps que je n’ai pas passé dans l’eau les 10 dernières années! J’ai un plus gros volume de natation que les années d’avant, et j’ai profité des vacances pour faire des stages de natation.

Mais, faire face à l’adversité est probablement une bonne chose dans ton futur développement…

Je pense qu’avoir ce manque en natation me rappelle tous les jours qu’il faut travailler pour pouvoir espérer avoir un niveau convenable, c’est une bonne école de l’effort que d’avoir cette lacune.

Je sais qu’après les tests, tu voyais presque ta sélection et ta victoire en duathlon comme un défaut… non?

Oui… Je suis bien sûr très contente de ce que j’ai fait, mais la sélection me crie que ce n’est « que » du duathlon, je suis encore triathlète, et donc le DU n’est pas mon sport. Si je finis par ne faire que du duathlon, je considérerai ça comme un échec.

Ton palmarès est déjà bien rempli, pourtant tu sembles douter et être presque dure avec toi. C’est plutôt paradoxal puisque la majorité voudrait être à ta place, non?

Je suis une éternelle insatisfaite, je sais que je suis loin de là où je voudrais être, et que j’ai encore tellement d’effort à donner pour essayer d’y arriver. Peut-être qu’avec du recul j’arriverais à être franchement satisfaite, mais pour le moment je vois ce que j’ai accompli comme les premières d’un grand nombre de barrières que j’ai réussi à franchir.

Mais, vu ta force en course à pied, cela serait légitime d’aller vers l’athlètisme. On peut presque se demander si la fédération d’athlétisme n’a pas tenté de te convaincre… Cela serait la facilité, non?

On ne m’a rien demandé pour le moment, et aujourd’hui, je ne pense pas avoir à choisir. Peut-être que j’aurais de meilleures chances d’atteindre un haut niveau en cross ou sur piste, mais encore une fois je suis triathlète, et de ne choisir que l’athlé serait avoir échoué dans le tri.

Comment cela se passe dans tes études, je sais que tu as un an d’avance, est-ce que tu passeras le bac cette année. Dans cette surcharge, est-ce que tu questionnes déjà sur ton avenir athlétique?

Je passe le bac dans 62 jours (je tiens le compte), j’essaie de passer le plus de temps possible à bosser entre deux entraînements, mais des fois, quand je dois décider entre faire la sieste ou faire des logarithmes, le choix est vite fait!

Pour les prochaines années, je vais d’abord faire une licence d’anglais, solution de facilité, à la place de faire une prépa, ou une école, pour me permettre d’avoir encore un peu de temps pour m’entraîner. Après je relâcherai le volume, et me mettrai plus sérieusement dans les études, à moins que le tri ne m’offre une carrière, mais pour l’instant je ne compte pas dessus. Je préfère avoir une assurance sur mon avenir avec les études.

As tu l’impression de faire constamment des sacrifices ou au contraire?

C’est vrai que n’ai pas beaucoup de temps pour moi, mais ça ne me dérange pas, j’ai fait des choix, et je les soutiens pleinement. Les sacrifices que je fais n’en sont pas dans le sens où j’aime ce que je fais, et ce pour quoi je laisse des choses de côté vaut tous les épisodes de Game of Thrones que je n’ai pas le temps de voir !

Tu es à Reims, comme un certain Vincent Luis, quel est ta relation avec lui? Est-ce qu’il joue un peu au grand frère avec toi?

On ne se voit que pendant les séances natation, à 7h du matin, et à travers des lunettes pleines de buée, donc on ne se voit pas tant que ça. Mais il est toujours là quand on veut lui parler ou lui demander quelque chose.

J’imagine que pour toi, cela doit être rassurant d’avoir une référence comme Vincent. Cela permet d’avoir un modèle dans le comportement à avoir (élite), non?

Le voir dans la ligne d’à côté la semaine, et puis sur les WTS le weekend rappelle ce pourquoi on s’entraine! Je trouve qu’il a une très bonne mentalité, et est très humble, malgré son niveau, et je pense que son dévouement, et sa passion nous inspirent tous.

Qu’est ce que l’on doit te souhaiter pour les prochains mois et années?

Mon bac! Sinon j’aimerais bien essayer de ne pas me faire noyer sur les D1, et finir la saison le mieux possible.

Dis, tu vas nous refaire des poèmes?

Quand j’aurais le temps, c’est à dire pas tout de suite…

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