Spécial Kona > Domination allemande – autopsie d’une réussite incontestable.

Depuis les années 2000, Kona se gagne par vague. Les Nord-Américains de 2000 à 2003 (Peter Reid et Tim DeBoom), les Allemands de 2004 à 2006 (Norman Stadler et Faris Al-Sultan) puis les Australiens  de 2007 à 2012 (Chris McCormack, Craig Alexander et Pete Jacobs).

Coïncidence ou bien la démonstration que le succès sur cette ile hawaïenne est bien le résultat d’une lutte entre différentes cultures. Même si Ironman n’est pas un véritable sport fédéré, on constate que le succès d’une nation à Kona est bien provoqué dans la croyance dans un type d’athlète issue d’une école de pensée. Il est aussi le fruit d’une conjoncture économique où la longue distance est mieux valorisée et où les athlètes profitent d’un environnement leur garantissant de mieux vivre de leur sport.

Pour preuve, la réussite australienne correspondait à un nouveau type d’athlète complet (issu en majorité de l’ITU) capable de courir leur marathon en moins de 2:50 qui compensait les insuccès en ITU chez les hommes. Ils sauront répondre à leurs rivaux allemands reconnus pour leurs talents à vélo (ubberbikers) en proposant des profils plus complets et le retour des marathons en 2:45.

La fin de la série victorieuse australienne s’est d’ailleurs arrêtée par le Belge Frederik Van Lierde. Le retour de l’arrière des Australiens en course à pied devenait tout simplement impossible.

À ce moment-là, on assistait à une autre culture capable de contrer la précédente (australienne). Pas étonnant de retrouver un ancien champion, Luc Van Lierde derrière son homonyme Frederik.

Depuis l’édition de 2013, le sport a continué à évoluer et Jan Frodeno s’est invité dans la danse. Ses performances en 2014 lors de Frankfurt et durant sa saison en 70.3 exigent aux athlètes internationaux une excellence dans les 3 disciplines. Alors que l’on pourrait penser que le talent de l’ancien champion olympique aurait pu étouffer et décourager la concurrence, la réaction est tout autre en Allemagne.

Avec Sebastien Kienle, Jan Frodeno, Nis Frommhold, Andi Boecherer, Andreas Raelert, Boris Stein, Christian Kramer et Maik Twelsiek, on pourrait très bien voir 4 allemands au 4 premières place de l’édition 2015 des Championnats du monde Ironman. D’ailleurs, ils étaient déjà 3 dans les 6 premières en 2014.

Jan Frodeno (actuel champion du monde 70.3) et Sebastien Kienle (actuel champion du monde ironman) sont les grands favoris pour remporter la victoire cette année. D’ailleurs, autre qu’eux, difficile de croire qu’un athlète peut oser prétendre publiquement à la victoire tant leur domination est grande. Même, si ces deux athlètes sont allemands, ils ne sont pas issus du même système. Alors, le succès allemand est-il une coïncidence ou le fruit de plusieurs facteurs? Quels sont les véritables points communs entre tous ses athlètes?

La culture du vélo?

Le terme de Ubberbiker si popularisé par un athlète comme Norman Stadler est très lié aux Allemands. Cela a toujours été dans leur philosophie d’être dominant et de faire la différence à deux roues. Même, si un Jan Frodeno, issu de l’ITU est déjà vu comme le meilleur coureur à pied du circuit, il n’est jamais rentré dans une logique de course d’attente en T2. À Ironman Frankfort, il a démontré qu’il pouvait se placer pour la gagne dès le vélo.

Une passion pour la longue distance…

Cela fait plusieurs années que la longue distance est extrêmement populaire en Allemagne. Connaissez-vous beaucoup de pays qui retransmettent des Ironman en direct à la télévision nationale? Leur intérêt pour le sport pousse les athlètes à devenir meilleurs.

Un environnement plus gratifiant?

La popularité du sport en Allemagne fait en sorte que la longue distance est une industrie. Cela permet aux athlètes d’avoir les moyens de leurs ambitions. Que cela soit Jan Frodeno (CANYON), Andreas Raelert (CUBE) ou encore Sebastian Kienle (SCOTT), ils sont tous associés à une marque de vélo avec un contrat très lucratif. Il suffit de penser de l’association de Kienle avec Mercedes pour comprendre que ces athlètes profitent des ressources pour s’entrainer dans les meilleures conditions et de profiter des meilleurs spécialistes.

Courir contre les meilleurs…

Rares sont les occasions de courir contre les meilleurs athlètes sur le circuit Ironman. Avec toutes les épreuves du circuit, il est possible de prendre part à des courses sans affronter les meilleurs. Les meilleurs Allemands ne sont pas dans cette logique. Frodeno, Kienle et Van Lierde (BEL) aiment s’affronter à Frankfurt (Championnat Europeen Ironman) et ne font jamais l’impasse sur le Championnat du monde de 70.3. Ces athlètes ne se cachent pas et accumulent de l’expérience dans des courses avec des enjeux et des densités plus importants.

Le quitte ou double?

Même si Kona reste une finalité, un athlète qui ne base pas totalement sa saison sur cette course devrait se présenter en octobre sans cette impression de jouer toute sa saison sur une course.

Comme exemple, qui se rappellera de l’américain Ben Hoffman s’il n’est pas en mesure de répliquer sa deuxième place de 2014? Auteur d’une 10e place en Floride et d’une 8e au Texas, il se présentera sur la ligne de départ le 10 octobre avec une pression additionnelle.

Sans dire que cela n’est pas le cas pour les Allemands, leur pression est différente parce qu’ils savent qu’une contreperformance n’aura pas d’impact significatif sur le support de leurs sponsors en 2016.

1 commentaire
  1. Excellente analyse. Je suis entièrement d’accord avec ces constats. La domination allemande devrait être sans équivoque. Seul des bris mécaniques pourraient changer les enjeux de la course. Bref, la lutte, pour les autres nations devra se faire pour les position 5 à 10. Très hâte à samedi …