Laurent Vidal, ce modèle que l’on n’oubliera jamais.

Je l’ai su par un émoticône que je n’ai pas compris, je l’ai lu par un article que je ne voulais pas croire et loin de moi l’idée d’aller lire les commentaires et autres articles qui n’allaient surement pas décrire l’homme que je connaissais. Encore hier, on s’est parlé pour changer le monde.

Il y a ceux qui agissent pour leur bien personnel et ceux qui sont conscients de leur influence sur la communauté. Avec le cynisme actuel qui entoure le sport de haute performance, je n’ai pas peur de dire que Laurent Vidal était différent. La sincérité, générosité et l’engagement était sa distinction et le seul chemin qu’il prenait. Il n’a jamais utilisé de raccourci. Il ne voulait pas tirer profit de son influence pour lui. Laurent ne faisait pas dans la fausse représentation.

Son arrêt de la compétition était déjà une injustice en soi, pourtant Laurent l’avait accepté et savait très bien qu’en donnant aux autres, il en tirait aussi satisfaction. Son nouveau rôle avec Emmie Charayron et Anthony Pujades n’étaient pas un hasard. Humainement, il n’aurait pas accepté que leurs histoires s’arrêtent comme ça.

“They didn’t know it was impossible so they did it.” — Mark Twain

Dans le petit monde de l’ITU, on dit qu’il est impossible d’entrainer sa conjointe et qu’il est encore plus impensable de s’entrainer avec ses adversaires. La réussite d’Andrea Hewitt et son doublé à la 4e et 5e place aux JOs de Londres avec son grand ami David Hauss, démontraient bien le contraire. Sa réussite illustrait parfaitement sa capacité à ne jamais tomber dans la jalousie. C’était un homme dans la réflection.

Il y a encore quelques jours, on se questionnait ensemble sur la définition d’ être un bon coach. Sa réponse était juste, il parlait de l’équation à bien équilibrer le stress physiologique et moral, le besoin d’adapter le discours en fonction de l’athlète. Il me répétait à quel point il était impossible pour lui d’avoir plus que 4 athlètes, et même si la demande était là, Laurent voulait rester fidèle à lui même. Il n’était pas à la recherche du gain, mais seulement celui de faire le bien. Il a toujours été le compétiteur qui saluait la performance des autres.

Dans ce besoin de changer les choses, Laurent et moi, on s’est rejoint naturellement. Quand je doutais de la pertinence de Trimes, il a toujours été là pour me récupérer au vol. Certains le voyait comme un autre athlète, mais pour moi, il était tout simplement un modèle, un remède à ne pas tomber dans le cynisme. Même si on se retrouvait rarement sur les courses, j’avais l’impression de l’avoir toujours connu.

Je sais que certains le décriront comme un athlète accompli, double olympien, moi je me souviendrai  toujours de son équilibre et de sa curiosité. Il ne se laissait jamais complètement envahir par le sport. Il vivait à fond. Entre la musique, le design graphique, il voulait toujours apprendre. Il n’a jamais eu l’arrogance de dire qu’il savait tout, mais voulait toujours aider les autres.

Andrea Hewitt est aussi à cette image, une force de la nature, l’illustration parfaite de la résilience. Une personne que j’admire tellement que l’idée qu’on lui a fait cela ne peut nous être qu’insupportable.

Je sais, dans une société qui se trompe fréquemment dans ses héros, Laurent était pourtant sans reproche et toujours accessible. Il savait prendre le temps pour discuter et offrir son point de vue à celui qui le voulait et sans arrière pensée. La partage était sa seule option.

Il m’avait laissé rentrer dans son monde. Je me rappelle encore de ma première vraie rencontre avec lui et Andrea à Edmonton (Grande Finale 2014). Même s’il avait encore ce désir de revenir à la compétition, la 3e place de sa conjointe le comblait. Son ambition était toujours là. On dit souvent que pour un athlète, son plus grand adversaire c’est lui, avec Laurent, il n’y avait aucun doute. Son universalité illustrait parfaitement cette devise, australiens, néo-zélandais, canadiens, américains, de nombreux élites le qualifiaient comme un grand frère.

Son monde était ouvert et ce n’est surement pas demain qu’on retrouvera un individu aussi apprécié sur le circuit de la série mondiale.

Lorsque Laurent Vidal écrivait pour Trimes, c’était tout simplement spontané et sans attente. Redonner au sport qu’il aimait tant, tout simplement. Il ne fait aucun doute qu’il aurait pu vendre ces textes-là à n’importe quelle autre publication. Il voulait tout simplement partager ses expériences pour le bien des autres. Ce sont souvent les plus petits gestes qui font la différence, sa générosité m’a permis d’évoluer et je fais tout simplement partie d’une longue liste de privilégiés.

La majorité de nos jeunes sont toujours sous son influence, c’est un modèle qu’il ne faudra jamais oublier. Médaille ou pas, l’individu est multimédaillé et son influence n’a tout simplement pas de prix. On pourrait croire qu’on est tombé dans la marmite à éloges et pourtant, il voulait en faire encore plus.

Ces dernières semaines, il me parlait de son intention de changer le monde du triathlon, faire partie de ses plans était un immense bonheur. Comme à son habitude, rien n’était vu comme impossible, on voulait le faire pour stopper la morosité actuelle du triathlon.

Son envol change tout. Laurent voulait casser des barrières et retrouver un triathlon inclusif, à nous de nous mettre à l’action et de réaliser son rêve en son honneur.

Nous adressons nos plus sincères condoléances à sa compagne, Andrea, sa famille et à l’ensemble de ses proches.

I do what I am good at. No time to get fancy, I work to achieve goals. – Laurent Vidal

3 commentaires
  1. Ici en NZ, on se rend bien compte de la qualité de l’homme et de l’athlète par tous les hommages qui lui sont rendus et de quelle manière il a pu marquer les gens qui ont eu la chance de le connaitre.
    RIP Lolo.