Kevin Runstadler se fait trimer > Une carrière pro à 21 ans en long.

Lorsque l’on observe les meilleurs pros sur le circuit Ironman, on est généralement pris sur le fait. Rares sont ceux qu’on a vus se développer et progresser au fil du temps. Pour beaucoup, la recette gagnante passe par un passage réussi ou pas en ITU. Pour Kevin Runstadler, tout est différent, à 21 ans, il passait déjà pro. Avec lui, on assiste en quelque sorte à la construction d’un athlète en direct. Ce jeune athlète de 21 ans n’aura pas perdu son temps pour faire dans le long. La folie des grandeurs? Rassurez-vous, derrière, on retrouve Raph Mailharrou, soit un entraineur qui a permis à tous ses athlètes de porter le maillot de l’équipe de France (Dorian Coninx, Margot Garbedian et Lucas Jacolin). On s’est entretenu avec Kevin pour faire le point sur son projet et connaitre ses prochains objectifs.

Kevin, tu es l’un des athlètes dans le petit groupe de Raph Mailharrou, tu es d’ailleurs le seul athlète qui n’est pas en équipe de France (ITU) et donc l’oublié, est-ce que tu te sens un peu à part? 

Pour l’instant, je n’ai pas réussi à valider une bonne course au championnat de France longue distance, donc normal, de ne pas me voir en équipe de France ITU.

Je fais du long, le reste du groupe du court, un peu différent des autres donc. Mais je ne me sens pas du tout à part, au contraire, on est souvent ensemble à l’entraînement et en dehors du sport.

Que cela soit Dorian ou Margot, ce sont des anciens nageurs qui se sont convertis au triathlon, est-ce aussi le cas pour toi? Comment le projet de faire du triathlon s’est manifesté pour toi? 

Je viens également de la natation, plus précisément du sprint.

C’est un collègue du club de natation (Jérôme), qui me racontait à chaque fois son Embrunman; le côté extrême de l’épreuve et la lassitude des carreaux de piscine m’ont poussé à essayer le triathlon puis à le pratiquer à partir de 16 ans.

Du coup, grâce ou plutôt à cause de lui (rire) je me suis retrouvé à faire cette même course 5 ans plus tard.

En ayant Raph comme coach et à l’image de sa réussite avec Dorian et Margot, j’imagine que cela jouer sur ton engagement…

Après avoir passé un an à m’entraîner seul, j’ai rencontré Raph sur une course et lui ai proposé de m’intégrer au groupe déjà composé de Dorian, Margot et Lucas. Il a accepté et depuis on continu l’aventure ensemble!

11425426_1608184352790926_1565011405810055663_n

Bien évidemment, cela met en confiance quand un entraîneur a d’aussi bons résultats et c’est d’ailleurs pour cela que je l’avais sollicité.

Raph est présent pratiquement à chacun de nos entraînements. En dehors du projet sportif, il veille à ce que l’on soit un équilibre dans notre projet scolaire et professionnel, vie privée.

Oui mais dans ton cas, tu a décidé de passer très jeune à la longue distance. Peux-tu nous expliquer ce choix, c’est à cause du Stadler dans ton nom? 

Plus jeune, je faisais beaucoup de montagnes avec mon père. C’est cette éducation qui m’a donné le goût du sport d’endurance.

De plus, comme cité au-dessus, c’est l’Embrunman qui m’a donné envie de faire du triathlon, pas spécialement la courte distance.

Dès la sortie des catégories jeunes, je me suis donc orienté dans le long.

Peut-être que cela à avoir avec mon nom, en tout cas si cela me permet de rouler aussi vite que lui, je suis preneur! 🙂

Faire son premier embrumant à 21 ans… disons poliment que cela alimente des longues discussions…  

C’est sur que ce n’est pas commun, mais c’est un fait de plus en plus de triathlètes se lancent de plus en plus jeune sur ces distances, habituellement « réservées » à un public plus âgé, « expérimenté ».

Tu peux t’inscrire à 21 ans à l’Embrunman alors pourquoi attendre d’en avoir 35?

Cela vient bousculer certaines mœurs et peut en déranger quelques-uns.

Mais il faut savoir y faire abstraction et surtout s’entourer des bonnes personnes.

Mais avec ton passé de nageur, on aurait pu imaginer que tu aurais eu le profil te permettant de toujours te présenter dans le groupe de tete en T2, ce qui facilite généralement le développement d’un athlète… non? 

Venir de la natation est un atout indéniable pour le triathlon…

Encore faut-il aimer la dynamique des courses avec drafting.

11990665_1643662215909806_2055333835697095023_n

Comment cela se passe avec Raph, est-ce que tu peux tout de même partager des entrainements avec Dorian? Est-ce qu’il y a tout de même une stimulation mutuelle? 

On fait tous la même chose en natation, et on se retrouve sur des séances clés en vélo et en course à pied. Cela permet de s’utiliser les uns les autres pour repousser ses propres limites.

C’est un plus d’évoluer dans un groupe aussi performant sans qu’il n’y est de rivalité malsaine

11215166_10203649971528987_4356967572683745682_nVu les entraînements nécessaires pour la longue distance et ton jeune âge, c’est un sacré sacrifice qui ne doit pas être simple à faire comprendre aux jeunes de ton âge? 

C’est sur que ce n’est pas Disneyland, ça demande un investissement conséquent, beaucoup d’heures d’entraînements, ce n’est pas évident tous les jours!

Le rythme de vie ne s’accorde pas forcément avec celui d’un étudiant de mon âge.

Mais je ne parlerai pas de sacrifice, c’est un choix clairement assumé de vouloir évoluer à haut niveau dans le long; il y a tellement de moments uniques de vécus qu’un jeune « normal » ne vivra probablement jamais.

Sinon à quoi bon faire quelque chose dont tu n’éprouves pas de plaisir?!

Comment cela se passe avec Raph, est-ce que vous avez effectué un plan à long terme? Parce que le danger est peut être de s’attendre à avoir des résultats très rapidement, non? 

Le seul objectif que l’on s’est fixé sur le long terme c’est d’être compétitif à Hawaï en professionnel.

Même si l’on reste conscient que cela va prendre quelques saisons (les plus jeunes se qualifient vers 27-28 ans), on a déjà hâte de mettre en place le travail effectué sur des courses comme l’Ironman de Nice 2016!

 

Quel bilan fais-tu sur ta progression? 

Un début timide dans les catégories jeunes puis une nette progression de saison en saison dans les 3 disciplines à partir de senior.

Depuis 2016, j’arrive à encaisser des charges d’entraînements de plus en plus lourdes avec beaucoup d’intensités par exemple au stage de fuerteventura avec 3 semaines à plus de 40h.

Sur quel aspect tu dois encore le plus travailler? 

En analysant les courses, c’est clairement le vélo.

Chose que l’on a rectifiée avec Raph depuis la reprise en novembre, en descendant régulièrement sur Nice pour effectuer un travail important, ainsi qu’un stage clé de 3 semaines à Fuerteventura en janvier.

11196268_1588606218082073_4286248628285537579_n
Crédit > Montana Ridez Photographie (https://www.facebook.com/montanaridezphotographie/)

Tu as d’ailleurs pris le départ de ton premier Ironman, peux tu nous en parler. 

En septembre dernier, j’avais pris part à l’Ironman de Majorque avec une blessure au pied qui persistait depuis plusieurs semaines.

Je m’étais donc présenté sur la ligne de départ sous entraîné en sachant que je ne ferai pas le marathon pour ne pas empirer la blessure.

C’était donc une première expérience assez particulière.

Est-ce que cet échec t’a encore plus motivé pour la suite? 

Abandonné est un échec en soi, mais dans ce contexte là, cela m’aura permis d’avoir un premier aperçu du niveau des pros sur Ironman et de prendre quelques repères pour les prochaines courses.

Quels seront tes objectifs pour 2016. 

Le Triathlon longue distance de Cannes, le 70.3 d’Aix-en-Provence et l’Ironman de Nice pour la première partie de saison.

La seconde partie n’est pas encore définie précisément, mais restera orientée sur le circuit Ironman (2 Ironman et un 70.3)

Et l’avenir? 

Me qualifier à Hawaï en pro et y performer

Une santé de fer, ça peut servir quand tu fais de l’Ironman 😉

Aucun commentaire

Commentaire fermé