Olympic Drama > Les imprévus prévisibles : pourquoi les Jeux sont si différents ?

Nombreux sont ceux qui se lancent déjà dans le jeu des pronostics pour Rio. Avant le sacre d’Alistair Brownlee en 2012, les médaillés olympiques ont généralement été des surprises. Jan Frodeno (Beijing 2008), Simon Whitfield (Sydney 2000) n’avaient jamais gagné sur le circuit au tapis bleu avant de remporter le titre olympique. Dans le cas de Hamish Carter (2004), même s’il avait déjà plusieurs victoires dans la musette, des athlètes comme Bevan Docherty, Ivan Rana, Dmitry Gaag et Tim Don figuraient sur la liste des favoris. Pendant longtemps, on a parlé de la malédiction des champions du monde puisqu’ils ne réussissaient pas à combiner les deux titres.

Les Jeux olympiques ont donc cette magie, de pouvoir sacrer des athlètes presque inattendus. Dire que Alistair Brownlee ne part pas comme le grand favori serait un mensonge. De plus, même si le plateau est plus dense, seule une dizaine d’athlètes peuvent légitimement croire en leur chance de s’accaparer une médaille.

Est-ce que l’on pourrait malgré tout observer un podium surprise?
Trimes à fait la liste des aspects qui expliquent pourquoi Rio est susceptible de nous réserver de grandes surprises.

Imprévisible acte 1.
Chez les hommes, le premier fait majeur est l’absence de Javier Gomez. En tant que gagnant du Test Event, et ayant démontré que le parcours lui permettait d’exploiter ses forces, il était vu comme le grand favori avec Alistair Brownlee. Ses titres mondiaux de 2014 et de 2015 nous donnaient l’impression que l’espagnol avait progressé en course à pied et pouvait réaliser son rêve d’enfin décrocher le titre olympique. Cela n’arrivera pas.

L’absence de plusieurs femmes lors du Test Event dont l’actuelle championne olympique à savoir Nicola Spirig, fait qu’il est impossible d’avoir de réels repères sur lesquels se baser face à un tel parcours. Est-ce qu’un femme peut vraiment faire la différence à vélo jusqu’à mettre en péril Gwen Jorgensen ? Les éléments de réponses ne sont pas suffisants. Les récentes performances de Flora Duffy en WTS offrent tout de même des indices intéressants.

Rio hostile aux triathlètes en préparation.
Ne cherchez pas les triathlètes lors de la cérémonie d’ouverture, ils ne seront tout simplement pas là. Les différentes nations devraient arriver 4 jours avant la course. La problématique de Rio est qu’il est très difficile de s’y entrainer sur place. De plus, il existe de nombreux doutes sur l’eau, les athlètes préféreront ne pas prendre de risque. Enfin, même si les meilleurs athlètes ont l’habitude de faire des déplacements éclair en Asie ou en Australie pour la WTS, le Brésil est en décalage horaire négatif.

Certaines nations se sont déjà basées pour être sur le même fuseau horaire et d’autres non.

Triathlon à l’eau, propre, sale… ou duathlon…

Comme vous devez le savoir, la qualité de l’eau à Copacabana est très discutable et variable. Déjà lors du test event, un rapport local recommandait d’éviter tout contact avec l’eau. Même si l’eau peut paraitre inoffensive pour les locaux, cela n’est pas le cas pour des étrangers qui ne sont pas habitués et donc immunisés.

Dans le cas de Rio, ce n’est pas une question de bactérie mais de virus présent dans l’eau. Il existe une certaine méfiance face à cette eau. Lorsqu’un athlète est en plein effort, il est nettement plus vulnérable. Il n’est pas impossible qu’il attrape un virus durant la natation et en subisse très rapidement les conséquences durant sa course comme des vomissements ou maux de ventre. Plusieurs athlètes sur le circuit ITU savent que nager dans des eaux urbaines peuvent mettre une carrière en péril.

Évidemment, cela sonne comme un scénario catastrophe pour les élites. Pour l’organisation, il suffirait d’une pluie avant la course pour se retrouver avec des eaux très troubles les forçant à annuler la natation.

Est-ce que c’est vraiment envisageable aux Jeux Olympiques? Un titre qui se jouerait en duathlon…?

Des règlements différents.
Le triathlon olympique a un cahier des charges très différent. Il y a plusieurs subtilités qui peuvent avoir un impact.

Visuellement, l’aire de transition est différente, les athlètes doivent entrer par l’extérieur et sortir par l’intérieur pour la T1 et inversement pour la T2. Ce procédé évite les collisions. De plus, les athlètes sont classés par nation et non par ordre de classement. Cela peut faciliter l’interaction entre les co-équipiers puisqu’il est alors plus facile de savoir où ils se situent.

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Autre fait majeur, la procédure pour se placer au départ est très différente de ce que l’on observe en WTS. 2 jours avant la course, les 10 premiers au classement olympique choisissent leur position anonymement, tour à tour. Le reste choisit sa place en fonction de ce qui reste. Les numéros de dossards permettent seulement d’attribuer la position des athlètes en transition. Cela a d’ailleurs été tiré au sors.

Cela a pour effet d’éviter d’avoir des voisins complices. Généralement, les meilleurs au monde sont habitués à nager ensemble et peuvent profiter d’un coté sur le départ plus favorable. Cette procédure est ici, disons, plus incertaine et pourrait aboutir à un certain nivellement.

Mais la plus grande différence avec une WTS, c’est le parcours de natation. les 1500 mètres sont effectués en une seule boucle. Ne profitant pas de la sortie à l’Australienne, il est plus difficile pour les athlètes de se situer. À nouveau, cela vient compromettre le travail d’équipe où un excellent nageur pourrait décider de durcir la natation si et seulement si ses co-équipiers sont proches.

De plus la première bouée sera à plus de 500 mètres après le départ. De manière générale, une natation est vue comme un effort en deux temps. Nager le plus rapidement jusqu’à la première bouée pour le placement, puis conserver son positionnement avec effort plus modéré. La bouée étant plus éloignée, est-ce que cela pourrait aussi avoir une incidence ?

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Configurations atypiques. 

Même si ce n’est pas inconnu à la WTS, les départs en plage sont très rares sur le circuit. Cela s’explique parce que certains types de gabarits sont favorisés. Les athlètes avec des très grandes jambes peuvent faire la différence dans cet exercice. De plus, on pourrait assister à une natation agitée avec de la houle. Et là les Australiens savent prendre la vague…

À vélo, même s’il existe beaucoup d’attentes avec les deux fameuses côtes, c’est avant tout dans les descentes que l’on risque de voir le plus de spectacle. L’une d’elle force les athlètes à maitriser les trajectoires. Un athlète doué techniquement pourra facilement faire la différence.

https://www.youtube.com/watch?v=niGp705XStE

La victoire sinon rien…

Mais les Jeux Olympiques sont surtout spéciaux parce que les athlètes courent différemment. Les élites ne sont pas là pour assurer un résultat. Il y a une prise de risques qui est généralement spécifique à cet événement. On suit le dicton, gagner ou mourir. De plus, il faut s’attendre à certaines coopérations entre les athlètes de différentes nations. À l’inverse, on verra aussi des athlètes se faisant ordonner de ne pas collaborer afin de ne pas compromettre les chances de ses co-équipiers.

Les Jeux olympiques nous ont habitués à voir des tactiques inhabituelles.

En forme ou pas ?

Certains athlètes s’aligneront blessés. Dans l’objectif de se présenter à Rio dans la meilleure forme possible, il y aura forcément de la casse. Tout cela restera sous silence et c’est compréhensible quand on connait tous les obstacles et sacrifices qu’un athlète doit faire pour aller aux Jeux Olympiques. Certains mystères doivent être gardés à tout jamais. Même si certaines fédérations se munissent de mécanismes afin de s’assurer que les athlètes sont en bonne santé, cela n’est pas infaillible. Si la structure fédérale apprend après que l’athlète à refusé de se faire remplacer, il peut s’exposer à de très lourdes conséquences.

La température ?

Le Brésil étant dans l’hémisphère sud, on est donc en hiver. On s’attend à un temps très tempéré. La température maximale dans la matinée pourrait bien ne jamais dépasser les 20°C (course à 10h local). On est donc très loin de la chaleur tropicale présente à d’autres périodes. Il n’est tout de même pas impossible que la température monte au dessus des 28°C et un taux d’humidité très haut.

Ensoleillement
(h/j)
T moyenne
min (°C)
T moyenne
max (°C)
T record
min (°C)
T record
max (°C)
Précipitations
(mm)
Jours de
pluie
7 19 25 12 35 42 7

Le climat reste donc une inconnue à forte variabilité potentielle. Si la journée s’avère très chaude et humide, on peut s’attendre à ce que des athlètes plus familiers de ces conditions performent mieux. Mario Mola et Richard Murray sont très à l’aise dans ces conditions, à cela, les Mexicains également. C’est moins le cas pour les Britanniques. On peut tout de même s’attendre à ce que les Européens suivent des protocoles d’adaptation et qu’ils soient prêts à toutes les éventualités.

Tous les scénarios sont encore probables, entre un triathlon très frais ou très chaud, l’utilisation d’une natation avec un wetsuit est aussi probable.

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