Edito > Flora Duffy, la fin de l’infantilisation de l’athlète… Le projet qui aurait du être abandonné.

Après chaque olympiade, les fédérations font le bilan et établissent un nouveau cahier des charges. Elles ont ce besoin constant de se donner des règles et de les faire évoluer pour rester pertinentes.

La victoire de Flora Duffy n’a rien d’étonnant, à l’image de Kristian Blummenfelt, cela fait 4 ans que l’on sait qu’elle peut gagner des courses toute seule. Encore une fois, pas de domestiques, pas de compétitions en interne, pas de politique, non Flora est seule et décide pour elle. Elle ne se présente pas aux courses avec un bataillon d’experts entre coach, physio, coach mental, médecin, haut dirigeant de sa fédération etc… Elle compte avant tout sur son mari, l’ancienne star du Xterra, Dan Hugo, qui travaille désormais pour Specialized et Neal Henderson, un coach surtout reconnu dans le world tour.

Flora Duffy est aussi atypique d’une certaine manière parce que c’est la seule à avoir déjà gagné une course en enregistrant les meilleurs temps dans les trois sports.

Petit retour dans le passé, lors des Jos de Pekin, elle abandonne la course et décide d’arrêter le triathlon, elle est alors diagnostiquée avec des troubles alimentaires et des épisodes dépressifs. Elle arrête tout pour reprendre ses études à temps plein (sociologie). Tout est probablement allé beaucoup trop vite pour elle. En 2006, alors qu’elle est toujours junior, elle obtient déjà des top 10 en coupe du monde.

Après cette coupure de 2 ans, elle revient à temps pour les Jos de 2012, mais c’est finalement en 2015 qu’elle atteint un nouveau niveau à deux roues puis c’est après les Jeux de Rio en 2016, qu’elle devient invincible. La conjoncture l’aide puisque Jorgensen se retire du sport triple, ce qui redistribue les rôles dans les dynamiques de course.

Depuis Flora Duffy continue de progresser en course à pied et l’on pourrait même avancer qu’elle ridiculise un grand nombre d’athlètes. Mais voila, elle se blesse pendant pratiquement 2 ans.

C’est facile à dire, mais on savait que certaines victoires en WTS étaient obtenues avec un niveau athlétique bien plus faible. Pour Tokyo, la question était surtout de savoir si elle pouvait revenir à son niveau habituel.

Flora n’a jamais forcé la course, elle a offert un effort totalement contrôlé en vélo.

Mais que faut-il penser de cette victoire? N’oublions pas sa longue histoire, gagner à 33 ans après 4 olympiades… Elle a eu plusieurs épisodes où tout s’est arrêté…

Enfin, ceci est une opinion personnelle, mais pour moi, Flora reflète avant tout la fin de l’infantilisation de l’athlète, cela n’est pas une structure qui lui a dicté ce qu’elle devait faire ou pas. Elle a fait ses erreurs dans le passé mais elle a su définir un plan pour devenir une athlète que les autres structures ne pensaient pas possible.

Mais c’est quoi l’infantilisation de l’athlète? C’est lorsqu’une structure décide que l’athlète ne sait rien et que rien n’est fait pour qu’il devienne plus autonome. Ceci est particulièrement vrai avec les athlètes féminines et oui, c’est un grand malheur et on rentre dans un schéma sexiste.

C’est comme regarder un documentaire sur la dite championne où son entraineur parle pour elle… On a fait les choix pour elle… On a décidé qu’elle devait faire ceci… On a décidé avec qui elle devait travailler… Le refus d’aligner l’athlète à des WTS… la liste est longue. Le pire, c’est que lorsque l’athlète n’en peut plus, certaines structures vont jusqu’à dénigrer la personne. Encore une fois, on crée des environnements que certains jugeront toxiques (à chacun sa définition) pour les athlètes avec des pressions structurelles en continue.

Quand on regarde la progression de Flora Duffy, c’est justement l’aspect le plus intéressant, sa progression en course à pied est linéaire et sa progression en vélo vient d’un amour inconditionnel pour le vélo de montagne. Elle a gagné plusieurs titres mondiaux en Xterra et Tri Cross.

Au final, la question est la suivante, est-ce que si Flora représentait une nation historique du triathlon, elle serait encore dans le sport? Je suis convaincu que non parce qu’une structure fédérale lui aurait montré la porte.

Cela me fait penser à Léonie Périault, auteure d’une magnifique 5e place et qui va continuer à progresser. J’ai souvent l’impression que le système a été très proche de la perdre. Enfin, il y a un tas d’autres filles, je n’ai toujours pas compris le refus de la FFtri d’aller chercher le troisième dossard. C’était une course parfaite pour Émilie Morier, en fait, la liste est longue.

Il y a aussi Learmonth, exemple parfait d’une athlète qui aurait été abandonnée… Pour finir, n’oublions pas l’echec totale des australiennes, nation historique en triathlon. Zero résultat. Probablement que ces athlètes ont du abandonner de force. Pourquoi? Parce que leur structure a probablement décidé qu’il était préférable de les préserver pour le relais… comme si 4 jours n’était pas suffisant pour reprendre leurs forces avant le relais…

Il faut donner du temps au temps.

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