Ce que nous avons appris dans le livre des Brownlee

Ceux qui me connaissent savent que je les harcèle avec ce livre. Pourquoi? Parce que j’ai un besoin de confirmer mes impressions. Ce livre est passionnant parce qu’il est avant tout porté sur la force psychologique de ces deux athlètes.

Les deux frangins du Yorkshire ont une arrogance distingué dont leurs fiertés les a poussé à tout gagner. D’ailleurs, ils ne veulent pas franchir la ligne en premier, ils veulent aussi le faire avec la manière en terminant avec la plus grande avance possible.

Évidemment, les Brownlees sont les enfants de deux sportifs élites (mère en natation, père en course à pied) et c’est le grand père qui les a poussé à faire du triathlon. Leur secret vient sans aucun doute de leur jeunesse très active et du fait qu’ils refusent d’être des triathlètes mais avant tout des nageurs, des cyclistes et des coureurs (aucune mention de club de triathlon). Un peu comme des Kenyans, À 12 ans, ils faisaient 1h de vélo pour aller à l’école  chaque jour et aussi des sorties de 150km très tôt dans leur jeunesse.

L’aspect choquant dans ce livre, c’est le manque de respect qu’ils ont pour les autres triathlètes en disant clairement que le seul athlète complet est Gomez. D’une certaine façon, ils n’ont pas totalement tort. À plusieurs reprises, ils communiquent leur malaise à gagner aussi facilement, comme si les autres ne faisaient pas l’entrainement requis. Gomez st selon eux, leur seul adversaire et se résume par… un « nice guy ». Disons que ça change du combat Macca VS Crowie.

Dans le livre, qui contrairement aux autres triathlètes « superstars » est tout sauf un exercice pour les rendre encore plus populaires, on est plus dans cette impression qu’ils ont mis tout cela sur papier afin d’éviter le psy dans le but de rétablir un équilibre dans leur relation.

Jonny dit clairement à plusieurs reprises qu’il voulait voir son frère se planter. Durant les jeux de Bejing, lorsque Alistair menait la course, ce scénario ne faisait pas du tout son affaire. Il ne faut pas oublier que Jonny n’a jamais battu Alistair. Généralement, c’est le style de propos qui alimente la spéculation.

Alors oui, nous sommes dans ce schéma typique, ou le petit frère essaye de dépasser le grand et comme Jonny le dit très souvent dans le livre, le fait de pouvoir s’entraîner avec le champion du monde lui a permis de prendre confiance parce qu’en l’imitant, il savait que le succès l’attendait.

Il en demeure qu’on a cette image des deux frangins alliés, et pourtant tout semble indiqué que cela pourrait exploser rapidement et qu’ils pourraient se nuire l’un à l’autre. Rappelez-vous de l’attaque d’Alistair à ITU London WTS 2011, on en attaquant, il mettait en danger la qualification de son petit frère. Même dans le livre, ils doutent de l’engagement de chacun.

D’ailleurs, ils se sont décidés à ne plus habiter ensemble à s’entraîner occasionnellement chacun dans leurs coins puisque leurs rivalités ne sont plus endurables.

Ce livre nous donne vraiment cette impression que le régime de Brownlee va imploser le jour ou ils seront battus tant  l’aspect psychologique de ce sport est déterminant pour eux.

Autre détail intéressant, alors qu’on à cette image des anglais très scientifiques dans leur approche du sport, les Brownlees se vantent d’être très simples. Ils se plaisent beaucoup à dire qu’ils n’ont rien de scientifiques, qu’ils mangent du fish’n chip et de la pizza avant les courses et que leurs coachs sont justes des assistants et que ce sont eux les maîtres. Il y a même une petite pointe en direction de leur équipe française en D1 et leur rituel de race cake.

Un des rares secrets dévoilé : à Yorkshire, il est impossible de faire des sessions faciles à cause du relief. Ils pointent les autres athlètes en disant qu’ils s’entraînent avec plus d’intensité que les autres.

Par exemple, ils courent leur 400/800m en 64s et non en 71s (vitesse de course pour 30m/10k). Théoriquement, cela pourrait expliquer leur marge de manoeuvre à faire les premiers kilos en 2:45.

Ils s’étonnent d’ailleurs du fait que les autres ne fassent pas de même. Cela vient sûrement du fait que les Brownlees refusent d’être des triathlètes.

On s’imagine que les Brownlees pourraient s’évader dans le sud pour s’entraîner dans la chaleur, mais ils ont ce besoin de s’entraîner avec leurs différents groupes qui les « challengent » sûrement plus que d’autres triathlètes.

Certains se demandent pourquoi ils ont publié un livre aussi tôt dans leur carrière, Alistair est très conscient que sa carrière pourrait être très courte parce qu’il s’entraîne (trop) plus que les autres et que son corps à déjà montré des faiblesses. Il est présentement dans une culture de l’immédiat et rejette d’ailleurs l’idée de ne pas se présenter à une course sans être au top.

Encore une fois, on vous recommande de lire cet ouvrage, dans notre cas, on doit avouer que l’honnêteté du livre est un peu poussée à son paroxysme quand Alistair dit avoir juste gagné la médaille d’or et que ses succès ne semblent lui évoquer aucun sentiment d’accomplissement et relativise en présentant cette course comme une autre.

Ironiquement, après la lecture de ce livre, on est impatient de savoir comment les Brownlee réagiront le jour ou ils seront battus. On a cette impression que ce livre a comme objectif de motiver les autres à se rapprocher car ils trouvent en ce moment le challenge trop facile.

7 commentaires
  1. Bonjour,

    Merci pour cette analyse. Curieusement ça ne donne pas envie de lire ce livre. Ces Anglais nous étonneront toujours. Bref, ce sont deux athlètes d’exception tout simplement, avec ce que l’on peut aimer chez eux et ce que l’on peut détester.
    Amitiés aux cousins
    Yv

  2. Encore des personnes avec un égo surdimensionné, des compétiteurs qui veulent absolument dominer les autres pour satisfaire leur égo.
    Bref, pas de belles et bonnes personnes !
    La société n’a vraiment pas besoin de ce genre de personnes, elle a besoin de personnes qui se fichent d’être meilleurs que les autres, qui préfèrent le partage à la volonté de régner ou de dominer.
    Je n’irais surement pas gaspiller mon argent en achetant un tel bouquin. Ils n’auront pas d’argent venant de ma part.
    Si seulement les Browlee pouvait comprendre que l’essentiel de la vie est ailleurs…

    1. Salut Pascal, honnêtement, pour les Brownlees, ils ne sont pas dans le cliché habituel du roulage de mecanique. Ils sont vraiment des athlètes simples. L’arrogance vient du fait qu’ils disent ce que les autres ne diraient pas en connaissance de la réaction.

      Pour défense, les Brownlee sont un exemple pour la société en redéfinissant les limites en matière d’engagement. Parce qu’il est possible qu’en ce moment, ce soit pratiquement les seuls athlètes qui sont vraiment à leur potentiel dans ce sport.

      Aussi, ils ont un discours assez francs. Un ego sur dimensionné aurait essayé de se valoriser encore plus face aux autres athlètes.

  3. Même si je suis aux antipodes de cette réflexion, je considère que nous n’avons pas le droit, sur le précepte de la liberté, de dire ce que les gens ont le droit ou pas de penser.
    Je trouve qu’au contraire, comprendre cet état d’esprit permet de progresser sur son cheminement personnel et prendre de la confiance quant à la direction que l’on choisit.
    C’est tellement loin de ma conception que je trouve passionnant de comprendre comment ils fonctionnent et ce qu’ils vont devenir.

    1. You need to get it on amazon.ca you will be able to read it on your phone/iPad/PC with kindle. Unfortunately since the editor might think that the book is going to interest the British only. Kindle is the best.

  4. J’ai reçu le livre en cadeau aujourd’hui et je me réjouis d’avance de lire cette fabuleuse histoire. Comprendre aussi les mécanismes qui poussent les deux frères à être les meilleurs. Mes autres commentaires suivront.