La Chronique de Xav’ sur le TDF > Citius, altius, fortius

On ne prend pas les mêmes, mais on recommence quand même…

Le sport est une belle parabole de la vie… Un éternel recommencement aussi bien souvent. Les athlètes changent, mais les histoires se répètent…

Ce soir, je broie du noir, car les images du tour de France que j’ai vu aujourd’hui ont les mêmes relents nauséabonds que les grandes boucles à la sauce « made in América » de la décennie précédente. Un homme et une équipe, dix étages au-dessus des autres qui finalement ne servent que de faire valoir…

Un tour de France commenté sur France 2, eurosport comme RMC par une cohorte d’ex-coureurs dopés… Une épreuve massacrée finalement si on est un minimum lucide. Il ne reste que les beaux paysages français en définitive, tout le reste n’étant plus que du décorum.

C’est étrange, quand j’étais plus jeune, je ne regardais jamais les étapes de plaine qui se terminaient au sprint, je trouvais cela « chiant » et sans intérêt. Mais pour la montagne, je pouvais rester devant ma télé des heures entières… Aujourd’hui, devant cette mécanique trop bien huilée, j’éprouve un profond dégoût. Le mot est fort, je sais bien, mais c’est bien de cela qu’il s’agit : on nous ment, tout le temps, depuis trop longtemps et les enjeux médiatiques et financiers ont englouti le sport et ses valeurs.

La culture de la triche…

Le pire, c’est que lorsqu’on regarde le visage du vainqueur à l’arrivée aujourd’hui, on a vraiment l’impression qu’il y croit… Comme les coureurs Festina y croyaient dur comme fer il y a maintenant presque vingt ans… Oui, vingt ans déjà, mais rien de ne change. La triche fait partie intégrante du système. Un système où l’omerta règne. Non par peur de représailles comme jadis, je ne le crois pas. Plutôt par culture et par tradition.

Dans les années soixante, on « salaient la soupe » et tout le monde était complice et rigolait bien. C’était le dopage « à papa », pas bien méchant, jusqu’au jour ou Tom Simpson s’est écroulé sur les pentes du Ventoux. Combien de champions, d’Anquetil à Fignon en passant par Pantani pour ne parler que des plus célèbres, se sont éteints prématurément par la suite. Sacrifiés sur l’hôtel de la gloire, du fric et de la médiatisation ? Le tour de France, doit continuer, coûte que coûte, imaginez un mois de juillet sans ce grand « Barnum » qui rassemble des millions de badauds au bord des routes. Des centaines d’heures à la TV, des milliards en enjeux commerciaux et publicitaires… Nos chers cyclistes ne sont que des gladiateurs modernes qui risquent leur vie et leur santé pour nous abreuver d’images-chocs et de dramaturgies plus ou moins orchestrées…

Les jeux du cirque, pourvu qu’il y ai du sang et du spectacle, et peu importe les conséquences…

Je ne suis pas naïf, je sais bien que le dopage n’existe pas que dans le cyclisme. Le dopage fut aussi, en son temps, une véritable « affaire d’État », et contrairement à ce que l’on pense, pas seulement que pour l’Allemagne de l’Est…

Mais la petite reine cristallise cela à merveille et les débats d’arrière-garde sur un « renouveau » et sur un cyclisme propre possible, me plus rendent triste qu’autre chose, car je n’y crois plus. Comment supporter que le drogué ait toujours une longueur d’avance ? Comment admettre que Lance Amstrong, le plus gros tricheur de l’histoire du vélo puisse continuer à se pavaner tranquillement chez lui avec tous ces millions volés sur les épreuves pendant des années ? Comment accepter de voir des athlètes revenir de sanctions de dopages et courir allègrement encore plus vite qu’avant ? Sommes-nous aveugles et sourds ?

Avoir un minimum de courage politique

Il y a quelques mois, j’ai écrit que le dopage était affaire d’éducation. C’est aussi une question de volonté politique. Le sport, jusque dans ses instances, et pas seulement en football, est totalement gangréné. Les coureurs et les athlètes ne sont que la conséquence d’un système qui lobotomise tout le monde. il n’est pas acceptable que les seules affaires de dopages d’envergures soient le fait uniquement d’enquêtes policières et jamais d’actions directement liées aux instances sportives.  On nous mène en bateau depuis trop longtemps avec des contrôles qui, de toute évidence, ne servent strictement à rien…

Je me souviens aussi que la seule ministre des Sports qui aura finalement tenté de remuer réellement un peu tout cela, Marie Georges Buffet, avouera avoir subi des terribles pressions, notamment avant la coupe du monde 1998…

Accablant constat où l’on se rend compte que des « intérêts supérieurs » peuvent mettre à mal le travail d’un ministre d’une république comme la France… Terriblement logique au fond lorsqu’on imagine les retombés extravagantes de la victoire des bleus en 98…

Et le triathlon dans tout cela?

Peu d’affaires pour l’instant, je ne sais pas si cela est un bon ou un mauvais signe. Mon petit doigt, jamais bien optimiste, me dit que l’avenir ne nous réserve rien de bon. En effet, notre discipline est une « cible » idéale : une dominante énergétique décisive, un intérêt grandissant pour celle-ci… et peu de moyens réellement efficaces mis en oeuvre pour contrôler tout ce petit monde…

Au moins, il n’y pas encore de grosses structures privées avec les moyens que peuvent avoirs des écuries cyclistes pour préparer les athlètes… C’est peut-être ce qui nous protège encore un peu de la vague déferlante du dopage…

Mais pour combien de temps ?

* Devise du père Didon, reprise par Pierre De Coubertin lors de la rénovation de Jeux olympiques. (Beaucoup de sociologues du sport pensent que, de fait, dans la recherche du dépassement, le dopage devient logique et « naturel », car endémique à la pratique… )

1 commentaire
  1. D’accord avec toi Xavier. En regardant l’ascension finale et constatant la mainmise de Sky sur ce Tour, j’ai repensé immédiatement aux US-Postal.
    Je crois qu’on ne doit pas s’attendre à une défaillance de Froome, il semblait le plus frais au sommet. Les autres vont jouer une place sur le podium ou dans le top 10 contre les équipiers de la Sky.
    ça ne va pas être drôle les prochaines années…