Road to Rio, les coulisses > Léo Bergère, sparring partner de Dorian Coninx

Dans la série des jeunes qui montent, il y a Léo Bergère, qui a récemment signé une belle 4e place aux championnats d’Europe élite de Chateauroux. 

Licencié à Saint Jean de Monts Triathlon, médaille de bronze aux championnats du monde junior à Chicago en 2015, il a rejoint pour sa première année en U23 le groupe de Raphael Mailharrou à Echirolles et est devenu le sparring partner quotidien de Dorian Coninx.

Parce que nous voulions en savoir un peu plus sur leur relation, nous nous sommes entretenues avec Léo, actuellement à Font Romeu avec Dorian pour cette dernière ligne droite avant Rio.


Comment et quand vous êtes-vous rencontrés avec Dorian?

On a commencé le tri en même temps, au cours de notre premier stage organisé par la ligue Rhône Alpes. C’était il y a 6 ou 7 ans.

Qu’est-ce qui fait que ça a accroché?

On s’entendait bien, mais j’étais potes avec d’autres. Puis au fil des stages et des compets on est devenus plus proches. Et surtout, en fin de saison dernière je suis arrivé à Grenoble et on a appris à se connaitre. Maintenant on peut dire qu’on est comme un petit couple (rires).

C’est-à-dire?

Et bien on est sur la même longueur d’ondes à l’entraînement, on a la même motivation, on s’ apporte mutuellement plus de positif que de négatif.

A quelle fréquence vous entraînez-vous ensemble?

Quotidiennement pendant l’hiver. On fait tous les entrainements en commun. Dorian peut rajouter plus de volume à pied mais nous passons 95 % du temps ensemble.

En revanche une fois la saison lancée, on s’entraine plutôt chacun de notre coté, parce qu’on a des objectifs différents. Mais au bout d’un temps ça nous manque! On est contents de se retrouver.

Avez-vous des petits rituels?

Oui, à vélo on est vraiment comme un couple qui a un côté préféré dans le lit: Dorian est toujours à droite et moi à gauche. Si on inverse on est mal à l’aise. C’est normal que des petites habitudes se créent.

Qu’est-ce que tu penses lui apporter?

Je suis régulier. J’ai toujours envie de m’entrainer, je ne traine jamais la patte.

On est encore assez loin en termes de niveau même si ça se rapproche, et il y a beaucoup de séries où je suis juste derrière et où je peux le motiver.

Donc sur la plupart des séances je peux lui apporter quelque chose.

En terme de caractère aussi: je suis plutôt calme. Dans les moments de stress, une petite sortie en vélo, on discute tranquille pendant 2h et je le mets dans un état positif.

Et il en fait autant pour moi: avant le championnat junior, j’étais très stressé. Après notre sortie vélo, j’étais remonté à bloc, il m’avait apporté la confiance qu’il me manquait.

Est-ce qu’il y a des moments difficiles entre vous?

On a tous les deux nos côtés chiants. On essaye de lisser les choses pour que ça n’ait pas d’impact sur notre relation.

Est-ce que tu veux en profiter pour lui faire passer discrètement un message sur un point qu’il pourrait améliorer? 

Il est bordélique (rires). S’il pouvait changer ce point ça m’arrangerait.

Est-ce que ça t’es déjà arrivé d’être plus fort que lui?

Ca arrive de temps en temps surtout en vélo.

Il y a quelques années ça ne lui aurait pas plu. Aujourd’hui il voit que ça lui apporte quelque chose de se faire challenger. Il faut trouver le juste équilibre entre quelqu’un qui le pousse mais pas non plus quelqu’un qui est toujours dans la comparaison. On a le bon état d’esprit à l’entrainement.

Comment l’aides-tu avant une course? 

Avant qu’il ne parte, les derniers entrainements sont importants. Je lui fais prendre un ascendant psychologique par rapport à ses adversaires, qu’il ne se sente plus aucune barrière, qu’il ait un excès de confiance. Je lui rappelle toutes les séances de malade qu’il a faites et qu’il n’a rien à envier à ses adversaires les plus prestigieux. Je ne fais pas ça toute l’année, juste pour les grands évènements sinon il s’habituerait vite (rires). Heureusement là il est chez le kiné et il ne peut pas m’entendre (rires).

Et juste avant une course vous vous parlez?

On fait des skype avec Raphael (Mailharrou) notre entraineur pour lui parler un peu. Mais on prend juste des nouvelles.

Est-ce que tu es capable de prédire ses résultats en course en fonction de son état de forme?

Non, car Dorian est imprévisible. Il peut sembler dans une petite forme à la maison et claquer des trucs énormes. De toute façon, il a les armes pour jouer devant.

Est-ce qu’il suit aussi tes progrès et résultats?

A chaque fois il me raconte la course de l’intérieur. J’enregistre tout, ça me sert pour mes courses à moi à plus petit niveau… voir un gars de son niveau tous les jours à l’entrainement c’est que du positif pour moi.

Et oui, il me regarde en live, il est très intéressé. Comme un couple, si je fais une mauvaise course, il me soutient, si je fais une bonne course, il est très content pour moi. On se soutient mutuellement.

Ton scénario de course idéal pour les Jeux?

Ils vont nager sans combi donc Dorian sort au contact de la tête. Ensuite je verrais bien les frères Brownlee s’échapper à deux. Dorian peut tenir largement dans le groupe des meilleurs cyclistes. Rio est une course pour les gars costauds. Il va encaisser la course si elle est dure. Et à pied ce ne seront pas forcément les meilleurs devant mais les moins usés, Dorian en fera partie. Du coup, il peut y avoir des surprises.

Si t’es sélectionné pour les jeux de Tokyo en 2020, est-ce que tu voudrais de lui en sparring partner olympique?

Ah ce serait l’idéal qu’on soit pris tous les deux! Il a un bon esprit et on pourrait tout à fait continuer à s’entrainer ensemble. On est amis avant tout.

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