Emmie Charayron > A force d’envie

Bonjour Emmie, tu es restée silencieuse depuis ton forfait sur blessure pour les Jeux …

Je dirais plutôt que les médias ne m’ont posé aucune question depuis le forfait. De mon côté j’ai fait le choix de prendre du recul. Je remercie Trimes de prendre des nouvelles et de m’offrir cette tribune.

Peux tu revenir brièvement sur cette blessure qui t’a obligée à déclarer forfait aux Jeux alors qu’on avait l’impression que tout allait bien ?

J’ai ressenti une douleur quelques jours après la coupe du monde de Cagliari. On a mis du temps à diagnostiquer (40 jours) pour finalement savoir qu’il s’agissait d’une hernie crurale. J’ai couru le championnat de France en passant sur la douleur, car je voulais défendre mon titre. Je ne pouvais plus marcher les jours qui ont suivi. J’aurais voulu courir les Jeux sur la douleur mais il y avait un risque très élevé d’engouement (avec nécessité d’opération d’urgence, risque de décès). J’ai donc dû déclarer forfait pour les Jeux. Au-delà de la déception de ne pouvoir courir les Jeux, c’est sur le plan humain que j’ai été déçue durant cette période. Je ne veux pas m’étendre là-dessus. Je reviens sereine, guérie et aguerrie. Au delà de mon cas personnel, quand on voit des filles aller chercher leur qualif et que leur fédération refuse le ticket, c’est questionnant sur la voie que prend l’olympisme.

Alors aujourd’hui comment vas-tu ?

J’ai été opérée le 12 juillet puis j’ai suivi une rééducation basée essentiellement sur de la ppg, proprioception et plio pendant 6 semaines. Puis j’ai fait une reprise sportive progressive dans les 3 semaines qui ont suivi.
J’ai n’ai plus aucun signe de douleur, donc je suis ravie !
Depuis je m’entraine vraiment normalement.

Quels sont maintenant tes projets ?

Mon projet est clairement défini : je vise les jeux de Tokyo. J’ai 26 ans, j’ai vécu une première olympiade riche de résultats (2009-2012), une seconde très mouvementée (2013-2016). Les quatre prochaines années seront je pense mon olympiade la plus aboutie, sur série mondiale et enfin aux Jeux de Tokyo. Je suis heureuse d’être désormais investie dans un projet durable et d’être plus responsable dans mon projet de performance. Je sais où je veux aller et comment.

Quand vas-tu pouvoir revenir à la compétition en 2017 ?

Malgré treize semaines d’arrêt pré et post-opératoire, je suis sur de bonnes bases d’entraînement qui me permettent d’envisager de commencer ma saison sur WTS à Abu Dhabi.
Je vais faire la coupe continentale de Dakhla en décembre car les courses me manquent, ayant dû arrêter ma saison en mai.
Je vais également courir quelques cross.

Et point de vue national, quels sont tes objectifs ?

Pour le moment je n’ai pas de club donc je ne suis pas certaine de défendre mon titre de championne de France.

OK ? donc si certains ont des propositions à faire c’est le moment ?
(rires)

Sinon je reste dans le même mode de fonctionnement pour l’entrainement : mon club de nat à Sète ; en vélo et cap je prends conseil auprès de mon père, je m’entraîne seule et j’ai des partenaires d’entrainement ponctuels. Les années d’entraînement que j’ai derrière moi me permettent de sentir ce que je dois faire.

Quelle est la position de la fédération par rapport à ton projet ?

La fédération me suit à fond dans mon projet si la performance est au rendez-vous. J’ai montré l’année dernière que je revenais à un bon niveau. Je n’ai aucun doute sur la suite de ma progression, la fédé à confiance.

Quelle est la source profonde de ta motivation ?

Il y en a beaucoup. Aujourd’hui je pourrais évoquer en reprenant le titre d’un ouvrage de Simone Weil : la pesanteur et la grâce.
Le monde du sport représente malheureusement trop souvent la pesanteur : la compétition, l’appât du gain, l’infidélité, l’altérité, la popularité sont les plus basses créations de l’homme et le sport les valorise en modèle de réussite. Au contraire, je ne conçois pas mon projet de performance sans notion d’humilité, d’Amour, de partage, d’équipe.
Le droit de parole dont je bénéficie doit servir à montrer qu’un autre sport est possible.
Quelque soient vos projets, je veux vous donner l’exemple qu’on peut toujours défendre les plus hautes idées.

Si tu avais une baguette magique, il te faudrait quoi pour assurer ce projet ?

Justement ce projet, c’est le cheminement qui en fera son succès donc pas de baguette magique pour arriver où je veux. J’ai le goût de l’effort et du travail.

Et comment tu te sens par rapport aux petites « jeunettes » qui poussent a la roue ?

Je suis sereine par rapport au travail que je réalise.

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