Comprendre le positionnement vélo avec Sébastien Boujenah d’Aps Provence.

Nous nous penchons sur un domaine qui est de plus en plus plébiscité aussi bien au niveau du confort que de la performance, l’étude posturale.

reconnu au sein du Team Argon 18, il s’est aujourd’hui spécialisé dans l’étude posturale. Sébastien Boujenah a accepté de répondre à toutes nos questions dans le but de mieux cibler les enjeux. 


Pourquoi se passionner dans la position ? Qu’est-ce qui te motive à te spécialiser là-dedans ?

Je pratique le vélo depuis petit, VTT, cyclisme sur route, contre la montre, triathlon, … C’est une réelle passion. Ce qui me motive dans le positionnement c’est de transmettre cette passion, pour que chacun pratique avec autant d’envie et de plaisir que moi.

Même si je ne suis pas très âgé (26ans), j’ai connu beaucoup de blessures et je me suis toujours questionner sur les causes possibles en tentant de les résoudre. Au final, en cyclisme le poids du corps est porté par la machine et les blessures proviennent souvent d’un mauvais positionnement, d’une rupture psychologique à l’effort, d’un surentrainement, d’un laxisme sur l’alimentation, l’hydratation, ou encore le sommeil. Mais là on tourne vers le hors-sujet….

Et selon, les erreurs les plus communes chez les amateurs en termes de position sont… 

Chez les amateurs, elles sont souvent due à un manque d’expérience ou de connaissances. On retrouve :

  • Une hauteur de selle soit trop basse, soit trop haute,
  • Une position de selle très en arrière,
  • Un cintre très relevé avec des cocottes de freins qui ressemblent plus à un tremplin pour BMX qu’une zone dédiée à la paume de la main,
  • Une position de cales de chaussures effectuée à la va-vite, avec même certaines fois aucune liberté angulaire (cales noires de chez Look),
  • En vélo de triathlon, à partir d’un certain niveau d’expérience, il arrive un passage ou l’athlète souhaite se positionner le plus bas possible pour tenter d’améliorer son aérodynamisme. Mais nous passons presque tous par là…
Mais comment expliquer ces croyances?

Ces mythes proviennent soit d’une méconnaissance due à une pratique débutante, soit d’anciennes croyances ou de conseils d’une génération antérieures où les géométries de cadre étaient différentes et ne permettait pas autant de possibilités de réglages. Des conseils souvent donnés à l’œil nu, sans aucunes preuves fondées si ce n’est sur un « écoute petit » dit avec autorité.

Je sais que dans l’industrie du positionnement, la qualité du service est souvent associée à la technologie utilisée… mais cela reste juste un outil non ?

En effet, dans le positionnement l’une des principales questions est souvent celle de la technologie utilisée. Il existe 3 technologies qui sortent du lot :

  • Le fil à plomb et l’œil avisé,
  • L’analyse vidéo grâce à un logiciel spécialisé,
  • Un système 3D Motion avec des capteurs retraçant le mouvement,

Chacune d’elle est efficace, présentant des avantages et des inconvénients. Cela reste bien entendu qu’un outil et la qualité du service se retrouvera avec la personne qui se cachera derrière. Le plus souvent ces outils oubli d’ailleurs le principe même du positionnement, c’est-à-dire que chaque individu est différent avec une pratique, des attentes, et des pathologies propres à lui-même.

Est-ce que l’athlète qui veut performer doit absolument rechercher la position la plus horizontale possible… ?

L’athlète qui veut performer doit avant tout bien cibler ses objectifs. Pour performer la connaissance du terrain et des déterminants de la performance sur ce terrain est primordiale. Sur un parcours plat les déterminants seront bien sur différents que sur un parcours vallonné ou montagneux.

Par exemple : Nous avons tous en tête la position d’Anthony Costes lors de l’IM Texas le mois dernier, une position qui a fait le buzz ! Cette position n’aurait surement pas été adoptée sur un parcours tel que l’IM de Nice où la descente technique fait partie de la course !

Pour revenir sur la position en elle-même, à mon sens, l’important est d’arriver à réduire la surface frontale de résistance sur l’avant du pilote. Pour cela une position basse n’est pas une obligation, bien au contraire, une position basse est souvent difficile à tenir et nécessite quelques étirements en pleine course, alors qu’une position moins agressive permet de maintenir ce placement sans effort, même sur des parcours vallonnés. Il faut trouver le bon compromis, qui diffère entre chaque triathlète.

L’un de mes soucis avec les positionnements, c’est que le cycliste se fait très souvent positionnement sans véritablement être en pleine effort. Alors, on n’observe pas réellement ses tendances en termes de placement lorsqu’il est sous l’effort ?

Lors d’un positionnement il est difficile de produire un effort très intense, surtout lors d’un positionnement en statique (au fil à plomb). Mais lors d’un positionnement en dynamique il est tout à fait possible de reproduire un effort de type triathlon longue-distance, c’est d’ailleurs ce que je demande d’effectuer sur Home-Trainer lors d’une séance de positionnement. L’objectif étant de se rapprocher au mieux des sensations connues en compétition. Car en effet, les sensations et le placement sur le vélo lors d’une séance à basse intensité et lors d’une compétition n’est pas du tout le même, car l’objectif de la session est lui aussi différent.

Est-ce qu’une position dite agressive est surtout le produit d’une souplesse ou d’un travail musculaire en conséquence ?

Une position dite agressive peut s’obtenir en une séance de positionnement, mais un travail sur du long terme sera nécessaire pour créer les adaptations nécessaires à la limitation ou même la disparition des contraintes. Le corps est capable de s’adapter à tous types de contraintes mais pour ça il a besoin d’un certain temps d’adaptation (variant suivant chacun individu). La souplesse est propre à chacun mais pourra être améliorée grâce à des étirements, un travail de renforcement musculaire peut aussi être effectué en complément.

Est-ce que tu encourages des pédaliers plus courts ?

Je n’encourage pas systématiquement les pédaliers plus courts sur un positionnement, car tout dépend de la pratique, des attentes, et des qualités intrinsèques du cycliste.

Sur un effort court et intense (BMX) l’athlète a une grande qualité d’explosivité et de force explosive, il recherche donc un grand bras de leviers lui permettant de retransmettre cette force.

Sur un effort long à intensité modéré (Ironman) l’athlète a plus de qualités d’endurance et une longueur de manivelles plus courte va lui permettre de dépenser moins d’énergie sur chaque tour de pédales, ce qui sera en adéquation avec ses qualités.

Est-ce que selon toi, les selles à double bec sont une obligation ?

Les selles à double bec ne sont pas une obligation, chacun a des préférences motrices différentes. Cependant les selles à double bec facilitent le placement du bassin en antéversion, position que la majorité des triathlètes adoptent lors de leur pratique cycliste. Ces selles sont aussi bénies de nombreux triathlètes car elles libèrent la zone du périnée, supprimant certains points d’appuis très douloureux.

Je sais qu’après un positionnement, beaucoup s’attendant à être plus confortable et ne plus ressentir de douleur… mais dans le fond, l’athlète ne devrait pas être aussi dans une progression ? Je veux dire par là, que même s’il y a un inconfort, l’athlète doit l’accepter pour le repousser petit à petit, non ?

Lors d’un positionnement l’essentiel est de cibler les attentes du pratiquant, recherche de confort, de performance, résoudre un souci de blessure, ce sont les demandes les plus fréquentes.

Dans le cas d’une recherche de confort l’essentiel et de limiter les contraintes subit par le positionnement lors de la pratique cycliste, cependant il n’y a pas de recette miracle car tout dépend de la position de départ, de l’individu et ses pathologies.

Dans le cas d’une recherche de performance le cas est un peu différent, toujours à partir de la position de départ, il est nécessaire de trouver le meilleur compromis pour déterminer une position que l’athlète sera capable de tenir après un certain temps d’adaptation. L’athlète va donc ressentir un inconfort durant cette période, mais les adaptations crées vont permettre de repousser ou même de faire disparaitre les contraintes subit au départ. Cette adaptation pourra être facilitée grâce à un travail de souplesse et de renforcement musculaire. Cependant pour la majorité des pratiquants le triathlon reste un plaisir qui ne doit pas engendrer d’inconfort ou de douleurs qui pourrait, dans le cas où les déterminants de la performance sont mal ciblés, nuire à la performance.

Quels conseils donneraient-tu aux triathlètes lorsqu’ils vont se faire positionner, quelles questions devraient-il se poser ? J’imagine que pour toi, c’est justement important d’avoir un échange afin de mieux connaître ses besoins.

Les triathlètes qui souhaitent effectuer un positionnement doivent se poser certaines questions essentielles, et le travail du positionneur est de creuser un peu cet aspect :

  • La pratique cycliste,
  • Les attentes sportives,
  • Les pathologies actuelles et antérieures.

L’échange en début de positionnement est obligatoire car il va conditionner la position finale, un manque d’échange ou le non-dit de certaines informations cruciales peuvent induire un positionnement non adapté. Pour moi la position ne peut être qu’individuel, chaque personne, chaque monture, chaque parcours de course est différent et possède des déterminants de performance qui lui sont propre.

Est-ce que tu souhaites ajouter quelque chose ?

J’aurai peut-être une dernière question. Certains triathlètes se la posent souvent :

  • Dois-je effectuer un positionnement avec mon vélo actuel, ou dois-je attendre l’acquisition d’une nouvelle monture ?

Tout dépend du type de positionnement effectué. A mon sens, du moment que la géométrie du vélo reste similaire il n’y a aucun problème pour effectuer le positionnement dans les 2 cas ci-dessus.

Chez APS Provence nous possédons différents produits de réglages (Potence, Tige de selle, …) ou de tests (Selle DASH, ISM, Fizik, …), permettant de déterminer la position optimale à la suite de la séance, sans avoir besoin de s’y reprendre en plusieurs fois.

Pour terminer un grand merci à vous, TRIMES, pour m’offrir la possibilité de partager sur cet aspect du triathlon qui était souvent négligé il y a peu et qui prend de plus en plus d’importance dans les Bike Parc !


Pour en savoir plus sur Sébastien Boujenah, apsprovence.fr et sur facebook

 

 

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