Xa’ > Le triathlon de Deauville en mode chroniqueur – Écriture et surmoi sportif !

Écrire des chroniques plus ou moins digestes sur le triathlon, c’est bien beau… Mais suis-je vraiment crédible dans mon rôle autoproclamé d’analyste / narrateur de ce sport… Je voulais en avoir le coeur net. On oublie si vite toutes ces petites choses qui font du triathlon un grand sport :  le stress, l’excitation, l’effort, la douleur, mais aussi le plaisir et le sentiment d’accomplissement une fois la ligne franchie !

Peut-être que de transpirer un peu aurait quelques vertus pour m’aider à avoir les idées plus claires dans mes futurs papiers ? Qui sait ?

Et si, pour changer, j’essayais d’écrire « en connaissance de cause » pour une fois… Oups ! Quelle drôle d’idée… Trop tard ! Un soir, comme ça, j’ai craqué et j’ai cliqué sur l’ordi pour m’inscrire sur le Half de Deauville. L’aspect irréversible de cette action numérique anodine à ainsi conditionné mes dernières semaines : plus le choix, il faudra être au départ, et donc, m’entrainer un minimum pour réussir à terminer dignement une distance de course que je n’ai plus courue depuis 2008… Une époque « si loin / si proche » durant laquelle le sport et l’entrainement  rythmaient ma vie au quotidien.

Il faut bien me rendre à l’évidence, sans objectif, j’ai du mal à m’entraîner… La perspective de Deauville a eu donc ce premier effet inattendu de me « remettre dans le game ». J’avais presque oublié, mais c’est bon de sentir que son corps se modifie, qu’il (re)devient plus fort et qu’il était simplement entré en léthargie… qu’il ne demandait qu’à en sortir… Ces derniers mois, j’étais heureux, je crois, car au plaisir naturel que j’ai depuis toujours, de mettre ma carcasse en mouvement, s’est associée le mix pression / motivation de bien faire. Et aussi le doux mélange délicieusement excitant d’angoisse de ne pas être à la hauteur et d’inconnu face à ce qui m’attendait après quelques années sans courir. Bref, ce qui donne un petit supplément d’âme à une vie de sportif et que j’avais tenté de chasser définitivement de mon esprit suite à quelques évènements de la vie et d’une vilaine blessure au dos. Le corps dicte souvent sa loi sur l’esprit. S’il va mieux, le naturel revient au galop. C’était peut-être le bon moment pour moi tout simplement !

Principe de plaisir et… retour à la réalité !

Samedi 24 juin 2017, Il est environ 18 heures.  Je suis allongé de tout mon long sur une table de massage au bord d’une piscine juste surréaliste : 50 m, eau de mer, peut être 10 couloirs et même plus… Tandis que l’étudiante en kiné tente de soulager mes muscles détruis dans un cocktail de douleur / souffrance plutôt déstabilisant, je me dis, en voyant ce beau bassin calme et rectiligne devant moi dans cette ambiance feutrée, que, décidément, il peut y avoir mille et une façons de se déplacer dans l’élément liquide !

Flashback quelques heures plus tôt… Ça fait 3 ans que je n’ai pas mis de dossard et c’est donc à Deauville que j’ai décidé de voir si mon corps sait encore à peu près « triathlonner ».

C’est vrai, ça fait un bail que je n’ai pas couru, mais j’ai suivis pas mal de courses depuis quelques années en tant que coach et là, j’hallucine sur le professionnalisme de l’organisation… Ça me fait penser aux plus belles années de La Baule… Le seul truc, c’est que cela donne un côté « grisant », je suis comme un cadet au départ et lorsque le coup de feu retentit,  je cours comme un dératé dans le sable puis plonge sans retenue dans une Manche pourtant démontée. Retour alors à la réalité. Mon élan jubilatoire aura duré environ 30 secondes, le temps de me manger deux, trois rouleaux dans la tronche et boire une bonne tasse… Les quarante minutes suivantes seront un calvaire pendant lequel je mesurerais mon immense faiblesse. La natation, quand tu ne vas plus à la piscine depuis des années, c’est dur… Si en plus tu chopes le mal de mer…

Ceci dit, il y a au moins un aspect sympa lorsque vous tentez de nager dans une mer pleine de courants vicieux et de vagues : il y a des nageurs dans tous le sens et du coup, il n’y a de véritable baston qu’au passage des bouées… Pour le reste, je ne suis pas le seul à avoir juste envie de sauver ma peau : c’est la débandade partout autour de moi !

Les potes de clubs m’avaient dit que le parti cycliste était superbe. C’est au-delà de ça, je crois. : rapide et variée, plutôt technique et avec des points de vue sur le pays d’Auge magnifiques. J’ai pris beaucoup de plaisir et comme j’aime bien les petites bosses bien pentues, sur le coup, j’ai kiffé…

Pour la partie vélo, j’avais un peu la même « stratégie » qu’en natation : à bloc comme un imbécile et sans trop réfléchir… On est là pour rigoler non ? Mais avec 5000 km au compteur depuis janvier, ça s’est forcément mieux passé que dans l’eau.

J’ai profité aussi des 1300 concurrents pour croiser immanquablement quelques « vielles connaissances  » aussi surprises de me voir que moi de les voir ici ! (ils se reconnaîtront !) Et un moment de pur bonheur,  presque un tour à se passer et se repasser avec Eric Amatteis, le gentil organisateur du très beau Natureman que je connais depuis plus de vingt ans.  Les 83 km de la partie vélo sont ainsi passés comme dans un rêve : quelques sourires et clins d’oeil plus tard, je retrouve la terre ferme…  avec douleur !  Ça, par contre, c’est un truc dont je me rappelais très bien : la transition vélo / course à pied, c’est beaucoup plus « hard » que d’enchainer le vélo après la natation, mais là, j’ai vite compris que mon excitation cycliste allait rendre le semi-marathon bien long !

J’ai donc branché le mode « survie » dès la première boucle d’un parcours qui en compte quatre et pendant laquelle j’ai à peine le temps d’apercevoir  Scott Defilippis, alors 3e, me prendre un tour. L’écart de vitesse m’a fait froid dans le dos, effectivement, on ne fait pas vraiment le même sport… Pourtant, l’Américain naviguait à ce moment-là très loin d’un épatant Kevin Morel que j’aurai pris le temps d’observer avant et après la course et qui dégage une impression de force et de sérénité qui laisse penser qu’on n’a pas fini d’en entendre parler… Kevin, qui ne sera pas très loin d’ailleurs de me prendre deux boucles, car j’entendrais au loin son arrivée à l’amorce de mon 3e tour. A ce moment-là, tout en trottinant et admiratif de sa performance, je me consolerais en me disant que dans tout ce monde autour de moi, il y en a forcement certains qui ont un tour de moins au compteur… Et cela me donnera le courage et la force nécessaire pour rallier cette satanée ligne à mon tour !

La fin, vous la connaissez déjà : un bon buffet à l’arrivée avec même la petite bière qui fait du bien, une piscine magnifique pour y prendre une bonne douche puis le massage réparateur… Tellement bon que je vais offrir ma médaille de finisher à ma bienfaitrice qui aura fini sa journée elle aussi avec pas mal de courbatures c’est certain… J’en profite pour remercier tous les bénévoles, officiels et arbitres sans qui nous ne pourrions pas pratiquer ce si beau sport.

Vingt-quatre heures plus tard, le constat est plutôt sympathique : ce fut dur, mais j’ai survécu et sans trop d’encombres finalement !

En plus de mes petit écrits « classiques », je risque donc fort de refaire une chronique « in situe » dans quelque temps… Un peu après le 15 aout… Elle risque d’être plus longue, comme l’épreuve qui m’attendra ce jour-là !

Quant à Deauville, c’est promis, si mon dos me laisse tranquille, d’ici l’an prochain : je reviendrais !


crédit photo : Activ’image

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