Xavier Le Floch se fait Trimer

A l’approche de l’événement majeur en longue distance triathlon, Trimes est allé à la rencontre de Xavier Le Floch, l’un des triathlètes qui a le plus apporté au triathlon français, tant par ses victoires nationales et internationales, que par l’organisation de courses, la formation auprès de clubs, l’encadrement de stages et le coaching de triathlètes.

Comment es-tu arrivé dans l’univers du triathlon ?
J’ai toujours été touche-à-tout. J’ai d’abord pratiqué du rink hockey, de la natation ainsi que des cross scolaires plus ceux des pompiers car mon père était pompier. En septembre 1992, j’avais un copain Yvan Le Goff qui allait faire un triathlon promotion à Perros-Guirec et j’ai juste dit “Tiens, je viens avec toi”. Je m’en souviens bien, j’avais emprunté le vélo de mon père et avais fini 6ème. Ayant terminé dans le top 10, je me suis dit qu’en m’entraînant, il y avait possibilité de faire des coups. L’année suivante, j’ai pris ma première licence au Quimper Triathlon.

Et les résultats ont suivi dès les courses suivantes ?
Oui. Dès ma première année, j’ai remporté mes premières victoires en distance olympique catégorie Junior au niveau régional et de bonnes places au niveau national. Par rapport à plusieurs autres triathlètes, j’avais déjà engrangé de l’expérience en natation et en course à pied, mais pas du tout en vélo. J’ai très vite comblé ce retard, sans doute grâce à mon passé en rink hockey, qui est un sport qui sollicite également très fortement les jambes.

Beaucoup t’ont découvert en 2003 lors d’un reportage de France 2 décrivant ta convalescence suite à accident d’avion. Une année vraiment spéciale ?
Comme tous les autres passagers, avoir pu sortir vivant de cet avion donnait la chance d’une nouvelle vie, une deuxième chance qui commençait. J’ai quand même mis quatre cinq mois à me remettre d’une vertèbre cassée, d’autant plus dur à accepter que ça interrompait une spirale positive après une 3ème place aux championnats du monde longue distance un mois avant à Ibiza. Heureusement qu’il y avait cet objectif d’Hawaï en octobre pour se remotiver. D’un côté, cet accident m’a fait manquer de volume d’entraînement pour Hawaï, mais d’un autre côté il m’a fait arriver frais, avec la niaque, et m’a fait apprécier encore plus de pouvoir participer à cette épreuve. Cette année-là a été mon meilleur résultat sur l’Ironman d’Hawaï, 14ème.

Hawaï, parlons-en justement. Avec le recul, aurais-tu pu avoir un meilleur résultat ?
Mieux, oui certainement car nous les français arrivions généralement là-bas isolés et esseulés de la saison, sans aide de la fédération ou de sponsors. C’est d’autant plus rageant que plusieurs autres gars auraient pu briller là-bas. Par contre, de là pour moi à jouer la gagne, non probablement pas… encore que Cyril Viennot a démontré qu’un français peut être tout proche du podium.

Tu penses à une différence avec l’approche des allemands par exemple ?
Oui, ils bénéficient de plus de support et donc de facilités, en particulier au niveau des sponsors. C’est probablement dû à une meilleure reconnaissance du triathlon en Allemagne, à la fois par le grand public et par les médias.

[Note de Trimes: Effectivement, cette année, la 1ère chaîne allemande a diffusé cette semaine un reportage d’une heure dédié à l’Ironman d’Hawaï, tandis que la 2ème chaîne filmera et diffusera en direct l’Ironman samedi.]

Que feras tu ce samedi soir ?
Je suivrai la course bien-sûr, pour suivre les athlètes qui y participent, les innovations en terme de matériel… Enfin peut-être pas l’intégralité de la course car jusqu’à présent la qualité de la diffusion télé est piètre comparée à une étape du Tour de France ; et en plus c’est en anglais. Du coup, on s’ennuie un peu. C’est dommage, surtout quand on compare avec ce qui est fait à Royan par Stéphane Garcia avec la diffusion en live via caméra moto, à Hawaï ça devrait être beaucoup mieux.

A propos d’animation d’épreuve, Trimes se souvient particulièrement du duathlon longue-distance XLF de Gourin dans tes montagnes noires bretonnes. Cette épreuve ouvrait magnifiquement la saison début avril car être prêt pour ce duathlon signifiait aussi être prêt pour les futures courses du printemps. C’est bien à cette épreuve qu’il y avait des enceintes diffusant du AC/DC pour la plus grande joie des concurrents ?
Effectivement, c’est une idée qui était venue en constatant qu’il y avait ce type d’animation sur des épreuves en Allemagne. Comme la côte de Bellevue était l’endroit le plus dur à vélo pour les concurrents, on avait décidé d’installer une sono en fin de côte. Le retour des participants était très bon en effet.

Dans le même registre, on se souvient aussi du génial triathlon half du Pays du roi Morvan de 2013 à 2016.
Oui, malheureusement nous avons eu une météo exécrable trois années de suite. La dernière année, avons dû annuler faute d’avoir suffisamment d’engagés.

Nous prépares-tu une nouvelle épreuve dans les cartons ?
Toujours au sein du club de Gourin, nous réfléchissons à un possible duathlon (10km-40km-5km), mais c’est à l’état embryonnaire pour l’instant.


Crédit photo : Florence Touvron

Et tu pratiques toujours aussi le coaching, c’est bien ça ?
Oui, c’est mon travail à plein temps ! … (pause). Je réalise que ça va être déjà la 8ème année que je vais coacher des athlètes, c’est fou comme le temps passe vite. Je propose aussi des stages en automne (cf. stages automne 2017) et au printemps (ex: vidéo stage Salou), toutes les infos sont sur le site XLF Coaching http://xlfcoaching.wixsite.com/xlf-coaching.

Que penses-tu des gens qui font appels à tes services de coaching ? Ont-ils par exemple des objectifs insensés ?
Eh bien non, bien au contraire, c’est même ça qui m’a surpris. La plupart sont très conscients de leur niveau, du type d’épreuves et des chronos qu’ils pourront viser. Bien-sûr il y a parfois à les encourager car certains se sous-estiment ; parfois d’autres vont pouvoir dépasser considérablement ce que présageaient l’extrapolation des tests initiaux (PMA, VMA…) réalisés en début de coaching. Il y a des différences de niveau entre les athlètes mais j’ai autant de plaisir à aider un athlète à finir un premier objectif qu’à accompagner un athlète plus compétitif à décrocher une qualification à Hawaï. Comment l’expliquer ? … De par mon passé de pratiquant, quand je donne une séance à réaliser, je ressens à l’avance les sensations qu’ils ressentiront comme l’appréhension ou la perplexité qu’ils pourront avoir en découvrant un programme, l’intensité qu’ils percevront au fur et à mesure de la séance, la satisfaction qu’ils auront une fois la séance réalisée… Par exemple, untel pourra se dire qu’une séance de 10 x 1000m à telle allure lui paraît impossible, et au final, une fois qu’il l’aura faite et réussie, il sera super heureux de l’avoir réalisée. Et ça sera autant de plaisir pour l’athlète que pour moi.
Un autre point qui m’épate aussi, c’est que beaucoup ont un emploi du temps professionnel déjà bien chargé avec des fonctions parfois très importantes, qu’ils arrivent à dégager du temps pour s’entraîner et surtout qu’ils prennent un plaisir incroyable à réaliser ces entraînements, alors que des regards extérieurs – souvent des gens qui ne pratiquent pas de sport -, les considèrent comme des forçats qui s’imposent des séances de souffrance.

Finalement, tu préfères ta vie de pro ou celle de coach ?
Les deux sont extra. Mais elles sont différentes. Par exemple, avant, quand j’étais pro, je faisais du sport pour gagner ma vie. Maintenant que je suis coach, c’est pour évacuer le stress induit par tout le temps que je passe devant l’ordinateur ; courir est devenu un moment privilégié qui me permet autant de trouver des idées d’entraînements pour les athlètes que de me changer les idées.

Ceux qui ont fait des stages récemment avec toi disent que tu es toujours super affuté, notamment que tu nages et cours incroyablement bien. Tu t’entraines encore beaucoup ?
Non. Je cours 3-4 séances courtes par semaine, mais je ne nage plus et je ne fais plus de vélo, hormis avant certains stages où je fais un peu de home-trainer. Il n’y a pas de miracles. (rires)

Il y a 10 ans, tu gagnais l’Ironman de Malaisie 2007. Un conseil pour Romain Guillaume qui tentera de rééditer l’exploit le 11 novembre ?
En fait, j’ai justement déjà envoyé un message à Romain il y a quelques jours, via Facebook. Il connaît déjà la Malaisie. En ce qui me concerne, 2006 avait été une année où je m’étais bien entraîné mais qui n’avait pas porté ses fruits et ce n’est qu’en 2007 que j’en ai bénéficié. Pour moi, il y a deux choses auxquelles prêter attention. Gérer la chaleur humide : pour ma part, j’avais la chance de plutôt bien la supporter, ce qui n’était pas le cas de la chaleur sèche, mais j’étais quand même allé sur place avant pour m’exposer au climat. Et gérer la course à pied, tout se joue en course à pied sur cette course plus qu’ailleurs ; gérer kilomètre par kilomètre, comme un exercice de 42 x 1000m, c’est à dire d’utiliser le ravito dès le 1er km même si au début 1 ravito à chaque km ça a l’air vraiment trop.

Dernière question, la plus compliquée. En 2008, tu gagnais le mythique Embrunman, épreuve qui a toujours suscité un nombre de vocations incroyable. Qui vois-tu comme successeur breton sur la première marche du podium ? A/ Warren Barguil qui se mettrait au triathlon, B/ Collin Arros, C/ Quentin Le Floch, D/ Un autre.
(Rires). Eh bien je vais dire Quentin Le Floch, même si à ce jour mon fils ne m’a pas encore emprunté mon vélo !

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