L’intestin, un organe à entraîner ?

En ce qui concerne l’ingestion des glucides lors d’une compétition, certains travaux ont estimé que pour des durées d’effort supérieures à 2h30, la limite maximale serait de 90 grammes par heure (60g de glucose + 30g de fructose).

Néanmoins, la mise en pratique peut provoquer une digestion compliquée avec des maux-de-ventre plus ou moins sévères, en particulier en course-à-pied. De ce fait, une récente étude australienne s’est demandé s’il était possible de soumettre le système digestif à un entraînement pour faire disparaître ces symptômes gastro-intestinaux.

A cet effet, des coureurs ont réalisé des séances de c.a.p. durant lesquelles était testé un mélange composé de 90g de glucides et 900ml d’eau par heure :

  • un premier test de 3h incluant 2h à 60% VO2max (avec le mélange ci-dessus comme boisson d’effort), puis 1h à fond, le tout sur tapis roulant, température de 23°C, 50% d’humidité relative et ventilateur.
  • s’ensuit 2 semaines avec séances d’entrainement de c.a.p et ingestion du mélange pendant les séances.
  • un deuxième test de 3h (même protocole que pour le premier).

L’aspect le plus frappant de cette étude est le nombre et la diversité des troubles gastro-intestinaux recensés pendant ces tests (tous les participants ont souffert de ballonnements, flatulences, et bien pire encore…). Utiliser une telle boisson en course-à-pied paraît donc hautement audacieux.

Toujours est-il qu’au final, entre le premier et le deuxième test, les troubles gastro-intestinaux ont diminué (sans toutefois complètement disparaître) et la performance sur l’heure à fond s’était améliorée (0,5km/h de mieux lors du 2ème test).

Ainsi, au même titre qu’il entraîne les diverses parties de son corps en vue d’une compétition, un athlète aura aussi intérêt à entraîner son système digestif. Et bien-sûr, même si l’étude ne le dit pas, si les doses essayées n’arrivent pas à passer à l’entraînement, il faudra les revoir à la baisse.

 

PS 1 : L’étude suspecte que les troubles intestinaux puissent venir d’une malabsorption du fructose, chose que les impacts de la course-à-pied pourraient encore plus exacerber. Par contre, l’étude ne considère pas que la quantité d’eau absorbée durant l’effort pourrait également contribuer à ces troubles gastro-intestinaux (c.f. Waterlogged de Tim Noakes). L’étude n’aborde pas non plus un éventuel impact des sels minéraux et d’autres nutriments sur l’absorption des glucides.

PS 2 : Mentionnons aussi une autre étude très intéressante qui avait observé une vingtaine d’athlètes sur l’Ironman Nouvelle Zélande en 1997. Elle rapportait que les athlètes avaient ingéré environ 1,35g/h/kg sur le vélo et 0,7g/h/kg sur la course-à-pied, soit une ingestion bien inférieure en glucides sur la course-à-pied.

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