Tendance > Gestion du vélo pour un pro en Ironman.

La publication des données de Clayton Fettell nous permet de confirmer une tendance qui est de plus en plus claire chez nos professionnels, soit un effort en déclin. Il serait facile de penser que c’est plus la fatigue que la stratégie qui a dicté cette abaissement de sa puissance et pourtant.

Chez Trimes.org nous considérons avant tout que cela est devenu la dynamique de course par défaut depuis que les courses offrent des plateaux beaucoup plus denses en talents.

On observe généralement le même phénomène à Kona ou les pros diminuent leur puissance sur la fin alors que certains ubberbikers utilisent traditionnellement les 80 derniers kilos pour attaquer. C’est tout simplement la facon de faire pour préparer leur course à pied. Partir en sur-régime et terminer en sous régime tout en jouant sur la moyenne. Cela permet de s’activer/acclimater rapidement à un effort soutenu et jouer après sur la perception de l’effort.

On vous recommande de l’essayer sur un tapis. Courir à une vitesse constante, ou partir plus vite et controler sa déclinaison, à la fin vous aurez la même vitesse moyenne mais pas du tout la même perception de l’effort. La déclinaison permet d’avoir un sentiment de facilité.

Il est important de rappeler qu’il a accompagné Crowie et Llanos Eneko (vainqueur) en T2. On doit donc écarter la mauvaise gestion de l’effort puisque les deux ont eu des courses à pied dans leurs standards. Ces deux derniers ont laissé Marino partir tout en restant en contrôle. C’est leurs expériences qui les a permis de faire confiance à leur gestion d’effort puisqu’ils connaissent très bien les conditions gagnantes pour bien courir après le vélo.

Si on reprend le contexte de la course de dimanche dernier, on a visuellement vu un Crowie et Fettell qui semblaient être à la limite dès le départ. Tout comme l’ITU on voit des départs en sur-régime ou l’important est de s’assurer d’un non retour de ceux qui sont en arrière. Un exemple parfait est la tenu à distance d’un Jordan Rapp.

Cette stratégie va totalement à l’encontre de ce qui est recommandé aux amateurs. Les coachs conseillent souvent de passer les premières minutes à juste s’activer et de rester constant tout le long et de ralentir sur les 10 dernières minutes.

Le jeu est pourtant différent pour nos pros ou s’assurer de faire parti du bon train peut influencer grandement leur course à pied.

Si on regarde Fettell, c’est totalement l’inverse. Avec un FTP de 380W, les premières 45 minutes sont très proche du 85% de son FTP (effort entre 70.3 et Ironman). La moyenne de son vélo était dans la normale pour un pro (78%) et 274 TTS. Généralement, la cible est de 280, le fait qu’il soit en dessous correspond surement à l’effet du train et d’une position/matériel aérodynamique très performante et prouve que son effort n’était pas au dessus de ses moyens.

Fait important, c’est le IV soit la variabilité de l’effort, c’est le rapport entre la puissance normalisée et la puissance moyenne. Plus la valeur s’écarte du 1, plus cela signifie que son effort n’est pas régulier. C’est une valeur très importante puisqu’elle permet de savoir si vous videz vos reserves et rester trop haut dans les battements de coeur pour rien.
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9 commentaires
  1. Est-ce que la présence du vent n’est pas une donnée à prendre en compte dans le dessin de la courbe ci-dessus?
    On m’a toujours dis fait l’effort dans les bosses ou dans le vent pour créer des écarts car ce n’est pas vent dans le dos et dans les descentes qu’on prend du gras.

    1. Salut Fred, en fait le parcours était deux boucles avec des conditions assez semblables. Aller vent dans la face et Retour vent dans le dos. Si tu prends la dynamique de course, ils ont laissé partir Marino. En regardant les chiffres de Fettell, avec moins de 280 TSS, on ne peut pas dire qu’il a cassé là.

      L’exemple est probant surtout parce que c’est une boucle et encore plus parce que dans le deuxième, Marino a prouvé qu’on pouvait aller plus vite.

      Il y a effectivement une regle des dix. Si tu prends quelqu’un dont la moyenne est de 40km… 40 est sa puissance moyenne, lorsqu’il est a 30 (à cause de la pente) il devrait augmenter sa puissance parce que l’augmentation est la plus significative, et lorsqu’il est à 50 (descente), augmenter les watts ou pas n’ont pratiquement plus d’effet sur sa vitesse.

      Si on prend les pros sur d’autres courses comme Kona, il y a exactement le meme phénoméne, ou un pro ciblera son effort a 80, partira au debut a 83 (premier 90) et terminera a 77 (deuxième partie) pourtant la difficulté du parcours se maintient à cause du vent.

      Evidemment, si tu prends un parcours comme Nice, cela risque d’être très différent.

  2. Alex, question pour toi (ou n’importe qui d’autre):

    As-tu déjà essayé ça de dessiner une stratégie power based? Même juste pour un 70.3?

    1. C’est une bonne question. Un des points importants, c’est qu’il faut ne pas oublier la distinction entre un PRO et un AG.

      Un pro a besoin de s’assurer d’être le bon train, même avec 12m de sillonage, cela demeure un avantage…

      Pour un AG, théoriquement, un excellent coach devrait être en mesure de statuer sur un pourcentage sur son FTP en fonction de ses caractéristiques et après oui, et généralement cela fini par être une puissance cible.

      Théoriquement, on devrait effectivement pousser la chose en définissant des « targets » en fonction des pourcentages. Faudrait que j’expose la théorie du 10 qui est dans le livre de Friel. Je sais que Alan Couzens a fait pas mal de recherche justement sur l’effort en fonction du grade.

      https://www.trimes.org/2010/06/17/comment-gerer-ses-descentes-en-velo/

  3. OK, tu pars pas from scratch au moins. Mais c’est en effet *pas* simple. Et tu as raison, la réalité pour un AG qui souhaite *se* dépasser est très différente de celle de l’Élite (Je préfère utiliser l’expression Elite, car même certains AGpers se comportent comme tel, juste à lire le race report référé au bas de ce post), qui lui souhaite *se* dépasser, mais également dépasser *les autres*.

    T’as beau avoir une belle stratégie mon ami, mais si t’as un swim de merde c’est très différent de si tu as un swim magique, qui te place en avant de tes concurrents. Juste un exemple.

    Idéalement pour élaborer une stratégie utilisable de pacing par puissance, tu dois tenir compte minimalement des contraintes suivantes:

    – NP global qui fait du sens en fonction d’un % de ton FTP
    – J’inclue ton point sur le TSS total, même si c’est nouveau pour moi de considérer cela
    – Les inclinaisons (en raison du point que tu as mentionné plus tôt, faut investir ++ de watts en incline, et se reposer en décline)
    – Une bonne idée de ta pVo2Max. Exemple, c’est bien beau le NP total, mais si tu t’explose dans 1 côte en étant trop proche de ton MMP pour la durée de cette côte, tu vas payer chèrement ton erreur. Donc quand tu parse un map my ride file, faut connaître le temps d’ascension des différents inclines, pour setter les battage par incline
    – Bref une bonne idée de ta courbe MMP pour la plupart des segments importants composant ton parcours. Faut faire un Map My Ride, pas le choix…
    – Tout ça, les watts cibles par segment, faut entrer ça dans une feuille qui permette de suivre le NP total.

    Déjà tout ça c’est un bon début. Là, t’as une stratégie power based optimale. Cool.

    Mais si t’es élite, tu dois te battre contre les autres. Et tu as le fameux vent, qui est très très difficile à planifier en tant que tel. Donc pour moi si je dessine une power based strategy, je laisse des *ranges* (donc wattage = entre ça et ça, selon le vent).

    Bref, c’est à peu près impossible pour un Élite, qu’il soit pro ou pas, de se fier uniquement sur une stratégie de pacing. Si tu vaux 55min au 3.8, et que pour une raison xxx tu sors en 52.30, donc un gros 2min avant ta schedule, peut-être que t’as pas besoin de partir si fort pour aller prendre la minute que tu croyais perdre sur un des gars qui nage normalement plus vite que toi.

    Le best en fait, sera d’avoir des oreillettes! LOL

    Tiens, lis ça. Pas un pro, un AGper ayant un PB de 8h45 sur parcours vallonné (donc pas sur le CGV LOL), ayant remporté les derniers Europeean LD (30/120/30). Ce gars là, tu pourras jamais (comme coach) l’empêcher de partir avec le couteau entre les dents. Il déconne, il le sait, mais souvent ça marche, et c’est pour ça qu’il progresse tant.

    http://training.hyweldavies.me/#post21

    1. Charles, tu as tout a fait raison en disant que la stratégie dépendra des forces de l’athletes, qu’un mauvais nageur commencera forcement son velo a fond… Dans le cas de Fettell il était le deuxieme je crois à la sortie… Je suis aussi d’accord qu’il faut donner de l’importance à la variabilité d’intensité puisque cela peut creer des différences artificiel dans le NP.

      Je te recommande d’aller faire un tour ici, http://home.trainingpeaks.com/races/ironman-asia-pacific-championship-melbourne/2013.aspx Tous les pros sont en split degressif même si certains étaient attaqués.

      En fait, selon mes infos (de pro) plus le field est nombreux plus cette tactique est vrai.

  4. Très intéressant Alex, et ça fait beaucoup de sens bien entendu (pour s’acheter un meilleur run leg).

    Merci pour cette précieuse info (comme toujours)

    Charles