Gala TQ > nominations dévoilées ou l’exercice impossible.

Les nominations pour le Gala Méritas de la Fédération québécoise de triathlon ont été dévoilées récemment. Cet un exercice qui est toujours très complexe puisque le but est bien souvent de faire plaisir à tout le monde. Toutefois, je me questionne de plus en plus sur la légitimité des choix.

Évidemment, critiquer une décision de notre fédération provinciale, cela relève toujours d’un geste courageux voir inconscient. Parce qu’a la fin du compte, dire ce que nous pensons nous sortira forcément d’une certaine complaisance… Par ce fait, ne rien dire est forcément la solution la plus facile. Il en demeure que ces anormalités serment le doute.

Laissez-moi d’abord comparer Triathlon Québec à une autre « institution » du même genre, mais à plus petite échelle : le Rouge et Or de l’Université Laval. Je me permets de les comparer, puisque les deux organisations font la promotion de leur(s) sport(s), supportent leurs athlètes, organisent des événements, etc.  En tant qu’étudiante-athlète à l’université, j’ai eu l’opportunité de participer au gala Méritas du Rouge et Or à plusieurs occasions.

À chaque année, c’est un événement qui est fort attendu par la communauté étudiante puisque plusieurs athlètes sont nominés et récompensés. Or, il est rare que nous soyons surpris des nominations et encore moins des gagnants. Même si mon sport est le triathlon, lorsque Mélanie Blouin (athlétisme) gagne le prix de l’athlète par excellence de l’année, je sais qu’elle le mérite entièrement.

Tout au long de l’année, le Rouge et Or s’intéresse à ses athlètes. Ils les font connaitre et ne manquent pas une occasion de partager leurs exploits.

Triathlon Canada ne fait aucune nomination, juste des Prix d’excellence. Elle évite surtout des catégories où le vainqueur ou le gagnant sera forcément très discutable. Comment dire qu’un entraîneur est meilleur qu’un autre?

Revenons aux athlètes, aviez-vous déjà entendu parler des performances, des exploits, de quoi que ce soit sur la moitié des nominés au gala de Triathlon Québec avant la lecture de ces derniers ? Bien que je sois très active au sein de la fédération, ça n’a pas été mon cas. Alors, je me suis demandé, à quoi bon faire un gala juste pour faire un gala. À quoi bon trouver des nominés juste parce qu’il faut trouver des nominés?

Prenons les événements, par exemple. Pourquoi faire deux catégories : événements régionaux et événements de la Coupe du Québec ? Mon hypothèse : faire plaisir à plus de monde. Avec  5 nominations dans chacune des catégories, on vient de couvrir presque tous les événements qui ont eu une quelconque envergure cet été.

Comment dire qu’un événement est meilleur qu’un autre. Cela rentre de la fameuse problématique des galas et Triathlon Québec n’est nullement responsable dans cela. On peut par contre se questionner, s’il n’est pas venu le temps de vraiment changer la formule et donner des prix de reconnaissances sur des critères connus. Si on prend les événements ou les entraineurs, il y aurait moyen de créer un système d’étoile comme des restaurants. La problématique est la même, il est impossible de dire lequel est le meilleur.

Chez les élites femmes. Comment peut-on comparer Isabelle Rouleau et Élisabeth Boutin à Magali Tisseyre et Amélie Kretz ? Tant qu’à ajouter des noms inutiles dans la liste de nominations, pourquoi les ajouter ? Ah ! Pour faire plaisir.

Notre but n’est pas de dire que des filles comme Rouleau, Boutin et Roy n’ont pas de talent. Mais dans leur développement, dans leur carrière, elles ne sont pas encore au même niveau.

Alors qu’elle est la signification d’une nomination? Encourager? Faire croire qu’on a plus de talent que la réalité?

Chez les entraineurs. Je dois avouer que j’ai un conflit d’intérêt ici, mais je suis capable d’être objective et j’aimerais bien comprendre comment ça se fait que Charles Perreault n’est même pas nominé comme entraineur développement-élite, alors que trois de ses athlètes (Alexis Lepage, Gabriel Legault et Camille Delamarre) sont non seulement nominés, mais ont offert trois solides performances canadiennes et internationales. Je suis désolée, vous n’avez pas été mis au courant. Je vous informe que Gabriel Legault, U23, a terminé 6e à la récente coupe panaméricaine à Puerto Rico devant Matthew Sharpe. C’était d’ailleurs le résultat le plus prometteur d’un U23 quebécois depuis très longtemps.

Je ne critiquerai pas toutes les nominations, car là n’est pas réellement mon objectif, mais c’est vrai que je me demande sérieusement quels sont leurs critères de sélection. Puis, au lieu de juste critiquer, j’aimerais donner mes suggestions.

  1. Le plus important, selon moi, ce serait de faire valoir les performances, les exploits, les organisations, les clubs, les coachs tout au long de l’année afin que les membres de la fédération reconnaissent les raisons qui ont amené Triathlon Québec à la fin de l’année à les nommer. Pour cela, être plus actifs sur les réseaux sociaux, sur le site web et y accorder de l’importance dans l’infolettre plutôt qu’aux trucs de nutrition.
  2. Réduire le nombre de nominations à un maximum de trois par catégorie.
  3. Donner la possibilité aux membres de la fédération de voter pour certaines catégories comme celle de l’événement de l’année tout en conservant le dernier mot.
  4. Trouver un moyen de rendre le gala plus interactif, plus visuel, plus intéressant.
  5. Recréer le sentiment qu’une fédération est impartiale, et s’assurer de faire des choix pour éviter tout spéculation.

Pour accéder à la liste complète des nominations, c’est ici.

Caroline en collaboration avec Alexandre

7 commentaires
  1. J’ai déjà tenté d’enseigner à un athlète (et je pense que j’ai réussi) qu’une nomination = une victoire. Il stressait un peu à l’époque (en 2011 je crois) car il était en nomination et s’interrogeait à propos de ses chances de « gagner ». « Tu as déjà gagné mon ami! ». Car passé le stade de la nomination, il est très difficile de s’attendre à suffisamment d’objectivité pour réellement confirmer un « gagnant ». C’est un party, pas une compétition.

    En fait, je n’aime pas tellement l’idée qu’on puisse « gagner » une « non-épreuve ». Autrement dit, j’encouragerais grandement les vainqueurs passés et futurs à ne pas trop s’enfler la tête. L’an dernier Raymond Paris était « opposé » (quote/unquote) à Kyla Rollinson. Comment comparer ces 2 monuments. Le vainqueur était-il le meilleur? Aux yeux des athlètes de Ray, oui, aux yeux des athlètes de Kyla, non. À mes yeux? Comment veux-tu que je le sache. Est-ce bien important en bout de ligne?

    Pour rester au niveau des coachs. L’espérance de « vie sportive professionnelle » d’un coach excède à peine 40a au Canada. Dieu merci, on dirait que certains monuments semblent s’installer pour longtemps dans des postes clés. C’est le cas de Charles Perreault qui occupe un des postes les plus enviables au Québec. Une carrière est un peu comme un manège qui tourne. Le gala revient une fois/an. Donc statistiquement, c’est évident que Charles va remporter les honneurs à un moment donné. Tellement souvent qu’il en deviendra lui-même gêné.

    J’imagine que ce que j’essaie de dire c’est qu’on peut s’attendre à ce que ce soit pas mal toujours les mêmes noms qui reviennent, comme dans un manège. Ceci dit, l’absence du nom de Charles m’a également fait un peu sourciller, puisque c’était sa première année à la barre d’un Club (et pas n’importe lequel). Ceci dit, pour moi « Meilleur coach » et « Meilleur club » ça revient un peu au même lorsque le coach en question est le chef du club.

    J’aime beaucoup le ton et le contenu de ta sortie. J’appuie tes recommandations dans une large mesure. Ceci dit je ne serait pas prêt à aller aussi loin que toi quant à l’importance relative accordée à la « performance » dans la sélection des nominés/vainqueurs (puisque celle-ci est déjà récompensée par d’autres moyens). Je crois qu’on peut continuer à viser « faire plaisir » à un grand nombre de personnes pendant le gala méritas, mais en éliminant la composante politique (la face cachée si on veut). Je ne crois pas que les articles sur la nutrition et les nouvelles soient mutuellement exclusives. Il y a de la place pour les 2.

    Les nominations font beaucoup de bien à l’âme. Je crois que leur nombre devrait varier selon la catégorie. Au niveau AG, donner une petite tape dans le dos au plus grand nombre de personnes possible (on s’entend que faut pas dépasser 5), c’est une bonne chose. Il y a beaucoup de bénévolat à ce niveau. Tsé? On fait pas tous le salaire de Charles 😛

    Quand même. Je déplore un peu son absence parmi les nominés. Chez nous à l’UdM tout le monde aime (votre) Charles Perreault (on en a un nous aussi un CP, et on l’aime encore plus). C’est vraiment bon de savoir votre programme bien assis, bien installé. Vous montrez la voie et établissez le standard au niveau développement élite. Le gala est le plus important party annuel de TQ, mais ça demeure un party, pas une compétition.

    Humblement,
    Charles

    1. Salut Charles,

      Je suis tout à fait d’accord qu’une nomination est une victoire en soi et c’est justement pourquoi je critique le fait de sous-estimer les choix des nominations. Pour être franche, je me fou pas mal de la personne qui va gagner justement pour les raisons que tu as mentionné.

      Tu parles de performance dans le choix de mes nominations. C’est vrai. Je pense que dans des catégories comme athlète élite, le choix devrait être basé beaucoup sur la performance. Par contre, dans le choix d’un événement, d’un coach, d’un bénévole, je ne parle pas de performance nécessairement. J’aurais aimé qu’on parle davantage de ces aspects de la fédération tout au long de l’année pour justifier la catégorie et les choix. Je pense que le vote des membres auraient d’ailleurs plus de sens dans le choix de ces catégories. Mon point est que voilà mes critères de sélection pour ces catégories. Quels sont ceux de TQ ? Parce que c’est clairement ambigu.

      Autant une nomination peut en rendre un heureux, autant une non-nomination peut en attristé un autre, d’où l’importance d’avoir de bons arguments (critères) sur lesquels s’appuyer.

      Merci pour tes propos,
      Caroline

      1. On est pas mal d’accord Caro. Encore une fois c’est cool que tu aies eu le courage. Et bien entendu, bravo pour l’ensemble de votre oeuvre. On vous souhaite le plus straight des parcours vers Rio!

        Merci
        Charles

    2. Charles, merci pour le débat,

      La petite claque dans le dos pour l’AG, je crois qu’elle existe déjà quand triathlon quebec parle de toi. Cela devrait être suffisant. Et j’aborde avec toi que gagner une non compétition n’est pas non plus une réponse pertinente.

      À la base, les vrais acteurs du triathlon connaissent très bien leur valeur. Est-ce que Kyla ou Chuck ont vraiment le besoin d’un prix pour savoir qu’ils font bien ou pas des choses… Je ne pense pas…

      un gagnant devrait avoir lieu uniquement, s’il est véritablement possible de se baser sur des critières viables.

      Et je crois personnelement, que ces galas devraient avant tout mettre en avant les acteurs importants de la scene quebecoise. C’est surtout eux qui ont besoin d’une tape dans le dos, pas les athlètes elites et ni les coachs.

      Un exemple parfait, n’est il pas plus important d’encourager endurance aventure qui essaye des choses et prend des risques en creant des nouvelles formules à St-Donat que faire gagner une course qui connait très bien sa valeur…

      1. Enfin j’sais pas trop Alexandre. Tu connais mon obsession pour la « création de richesse ». Kyla ou Chuck ou encore moi-même n’avons pas besoin d’un prix pour savoir ce qu’on fait de bien ou pas, mais il demeure que toute distinction peut devenir monayable d’une façon ou d’une autre. Bref ça coûte très peu à TQ, et peut potentiellement être utilisé par les récipiendaires (athlètes, entraîneurs, clubs) pour mousser des dossiers de commandites, faire valoir le bien fondé d’un programme (c’est pas simple créer des programmes universitaires durables, parles-en à Sherbrooke et McGill qui jadis, avaient des programmes d’excellence!!).

        Quant à l’établissement de critères. C’est un long débat. J’crois pas qu’on pourra en faire le tour ici. Mais ce que je peux t’en dire c’est que chez nous on a également un gala maison, qui se présente cette année sous la forme d’un party vins/fromages. Nous avons également mis sur pieds des prix. C’est un docteur en philosophie qui établit nos critères. C’est notre *législateur*. Il rédige nos règlements, définit nos programmes, et encadre nos prix et distinctions. On en laisse le moins possible au hasard et à la subjectivité, mais il est pratiquement impossible d’ignorer la composante subjective.

        Le meilleur exemple est ton exemple. Si tu te base uniquement sur des critères objectifs, il est plus difficile à ce moment de donner une petite tape dans le dos à Endurance Aventure.