La nouvelle vague française en Ironman, l’effet Nice?

Présent en 2010, avec mes repères nord-américains j’avais été frappé par les différences entre les deux continents. À cette époque le KPR n’avait pas encore frappé.

Pour Ironman France, cette course avait cette particularité d’attirer des athlètes qui ne sortaient jamais de l’Europe ou même de l’hexagone. Ce n’est pas tout à fait vrai mais ce sentiment était là.

Et oui, on avait bien le dominant espagnol Marcel Zamora qui enchainait les victoires avant que Frederik Van Lierde, l’actuel champion du monde le stoppe. Pour l’espagnol, l’après 2007 correspond à sa décision de ne plus aller à Kona et exprime en quelque sorte cette impression des athlètes qui gagnent en refusant de se confronter aux meilleurs. Ces choix étaient probablement dictés par l’économie de marché puisque gagner un ironman est probablement plus profitable que d’être exclu du top 20.

D’ailleurs, même si je pensais suivre l’actualité globale de la sphère Ironman, à Nice, les pros présents m’étaient totalement inconnus et je dirais même plus, les français avaient cette particularité de ne pas sortir de chez eux. Alimentant une sorte de complexe qui a probablement limité l’éclosion des français dans cette discipline.

Évidemment, la particularité de la France réside dans sa résistance au phénomène Ironman puisque des courses indépendantes continuent à être propices comme Embrun. En Amérique du Nord, la non inclusion à Ironman est très souvent significative d’une mort proche. Seul Wildflower est en mesure de résister. La France est assez atypique avec juste 2 courses du circuit au calendrier.

D’ailleurs, par le manque d’athlètes de premier ordre au départ de l’étape niçoise, j’ai toujours eu l’impression que cette course ne recevait pas la reconnaissance internationale qu’elle méritait. C’est sans aucun doute l’une des plus belle course au monde. Moralité, si les médias internationaux ne parlent pas de cette course parce que les stars de la discipline ne sont pas là, difficile de se faire valoir…

Et puis le KPR avec ses bons et mauvais cotés est arrivé. 
Nice étant une course difficile, les pros devenus comptables y voyaient plus de risques (récupération, gestion de l’effort, compétence technique) etc…

Mais avec le niveau chez les pros qui continuent à s’améliorer, Nice représentait le bon coup. En fait les pros n’avaient plus le choix. Et même si le vainqueur était déjà connu, les places d’honneur sont toujours synonymes de points.

Christophe Bastie est probablement le précurseur. Il a ouvert la voix en démontrant qu’il fallait s’exporter pour pouvoir grandir.

Chez les pros français, on a ce sentiment que Romain Guillaume est le point tournant dans la nouvelle génération puisqu’il est l’un des premier français à s’être adapté au KPR comprenant qu’il devait courir beaucoup et sortir de l’hexagone, il enchaine les Ironman en Amérique du nord comprenant qu’il doit profiter de la popularité du sport là où elle est.

Et pourtant, Jeremy Jurkiewicz et Cyril Viennot affichent aussi la même ambition dépassant les frontières dès 2011 et gagnant des courses sur le circuit.

Ces athlètes se font une réputation internationale qu’ils n’aurait jamais obtenue en restant en France et en refusant de s’aligner contre les meilleurs. Ils signent alors avec des sponsors étrangers et forcent les structures françaises à s’ajuster.

Et il y a ce phénomène d’entrainement avec Denis Chevrot ou encore Bertrand Billard et il ne faudrait pas oublier Sylvain Sudrie et chez les femmes, Jeanne Collonge

Avec la progression constante de nos pros français, on est en droit de s’attendre à voir prochainement 5 français au départ de Kona. On remarque d’ailleurs que la nouvelle génération ne passe plus pas l’ITU. Elle fait directement le choix de faire du long.

Ce réveil français n’est pas étranger à la popularité grandissante d’Ironman Nice. Il y allait forcément avoir une nouvelle génération qui allait rêver de gagner cette course. L’alignement de Bertand Billard et de Jeremy Jurkiewicz sur cette course démontre  l’effervescence actuelle pour la discipline.

Maintenant qu’ils ont prouvé leur compétitivité face aux meilleurs au monde, il y a désormais une véritable demande pour  les voir évoluer à Nice. Et le climat a changé, on ne remet plus en doute les athlètes de s’être lancés sur cette formule  trop jeunes (Romain Guillaume) et les clubs riches sont de plus en plus impliqués en longue distance permettant d’effacer le sentiment d’injustice entre le court et le long.

Et il y a surtout un système qui se met en place permettant à ces athlètes de sortir d’un statut très précaire. On se rappellera qu’en 2013, notre meilleur représentant à Kona continuait d’être enseignant à temps plein…  Mais les astres sont désormais alignés.

Tout cela nous rappelle que les grandes courses ont aussi un rôle afin d’aider les élites dans un échange donnant donnant.

 

1 commentaire
  1. Moi je pense qu’en France, l’Ironman de Nice n’est pas perçu comme une bête étape du circuit Ironman (en tout cas dernièrement, post-2011 je dirais). Si jusque la les athlètes ironman fraçais avait du mal à s’exporter c’est que Nice était un véritable objectif plus semblable à Embrun qu’à Lanzarote par exemple. de plus on voit bien que les athlètes français, en plus de s’exporter sur les course, s’exporte dans les teams, or jusque la si un athlète devait trouver des sponsors il les cherchait autour de chez lui et au niveau local le meilleur moyen pour un sponsor de se faire voir et connaitre c’est sur la plus grosse course du pays. Casanier surement, mais moi je suis bien content de voir tout ce beau monde cette année 🙂
    D’ailleurs pas un mot sur Delsaut, il participe toujours ?