Les diffusions télévisuelles du triathlon, toujours une voie sans issue.

Cela ne changera probablement rien à vos vies, mais la chaine qui se spécialisait dans les sports olympiques (Universal Sports) ferma ses portes dans les prochains jours. À l’image de Sport+ en France avec Canal+, le réseau NBC a donc décidé que sa chaine NBC Sports lui suffisait.

C’est encore une fois le triathlon qui est le grand perdant. Universal Sports était le diffuseur exclusif des séries mondiales ITU ainsi que les différentes courses Ironman. Les deux circuits majeurs devront donc tenter de trouver une maison s’ils veulent garder un minimum de visibilité.

Sur papier, le triathlon est un sport qui est incapable de convertir ses pratiquants en spectateurs. Le sport fait d’important recul dans sa présence télévisuelle.

N’est-il pas nécessaire de faire un examen de conscience? Kona ou la série mondiale ne permet toujours pas au sport triple d’aller de l’avant.

On rêve toujours des diffusions avec des propos plus colorés capables d’injecter un peu d’humour et d’oser l’autodérision. Tony Moulai (Jeux de Baku, Finale GP) et Mike Aigroz (ITU Genève) l’ont réussi cette saison.

Malheureusement, Ironman et la WTC nous offrent toujours des commentateurs incroyablement complaisants et omnibulés par les compatriotes, à la fin de la course, on ne peut que constater à quel point ils sont incapables de décrire les dynamiques de la course.

En décembre dernier, une rumeur circulait que les comités olympiques voulaient ne plus présenter le 10000 mètres. Ironie du sort, c’est probablement notre course préférée et la plus intéressante au point de vue de la dynamique. Dans les faits, leur volonté est tout simplement de déplacer la course de la piste à la route.

Pourquoi? Parce que cela rejoindra plus facilement les millions de coureurs qui prennent part à des courses. L’athlétisme est conscient que l’intérêt des coureurs amateurs est presque nul pour l’élite et que cela doit changer rapidement en prenant des actions pour.

La question doit aussi se poser avec triathlon.

Si le sport est si populaire, pourquoi les chaines ne se battent pas pour obtenir les droits de diffusion? D’ailleurs, contrairement aux croyances, Ironman est forcée de payer son propre temps d’antenne pour diffuser le résumé de sa course sur la NBC (télévision nationale américaine).

Malheureusement, les diffuseurs n’ont toujours pas trouvé la solution à l’équation afin de rendre le sport intéressant à la télévision.

Pour le circuit de la série mondiale (ITU), l’acharnement à vouloir tenir les courses dans des centres urbains les a privés de parcours plus intéressant et de destinations où l’intérêt des communautés pour le sport triple est réel. L’inclusion d’Abu Dhabi au calendrier illustre parfaitement cette problématique. Organiser des courses là où ils ont les moyens. Pourquoi ne pas les déplacer là où le sport est populaire?

Certains ont décrié la tenue de la grande finale à Chicago à cause de son parcours vélo de type critérium. Ironiquement, avec certains points de vue, il était possible de rendre le vélo très spectaculaire avec ses multiples relances. À la télé, l’intention était pourtant plus portée sur la collection de gratte-ciel en arrière. La vraie déception de cette étape était justement le manque de spectateurs au bord de la route. Voir qu’en organisant la course dans l’un des plus grands centres au monde et dans l’indifférence totale des locaux marquent.

Même si la couverture télévisuelle de la WTS reste la norme, le traitement stagne, on manque les moments forts comme l’aspect viril des passages aux bouées. Le traitement médiatique des coupes du monde ignore toujours les avancés technologiques. On doit toujours se contenter d’un live timing et croiser les doigts pour qu’il fonctionne.

On rêve toujours d’une infographie où l’on verrait comment Javier Gomez remonte progressivement tout le peloton. Une caméra qui montre à quel point certains maitrisent la montée sur le vélo et d’autres pas. On pourrait faire un travail d’analyse, parler de technique, de stratégie, de matériels, les sujets sont sans fin et pourtant. L’analyste nous toujours l’impression de parler uniquement de ses amis.

Du côté de l’Ironman, Kona était pour une fois différent puisqu’en offrant pour la première fois un système de tracking très fiable, il était enfin possible de mieux comprendre la dynamique de course. Sans image, on pouvait savoir quand un athlète cassait ou revenait. Eh oui, il faut se contenter de cela.

Pendant que les caméramans filmaient sans cesse de côté les leaders femmes et hommes, on était tout simplement obmnibulés par les chiffres. Est-ce qu’un génie aurait pu penser intégrer les écarts sur les images, malheureusement, on est très loin de ce dynamisme.

La fameuse vue de coté qui nous permet jamais de voir la progression de l'athlète en fonction des autres.
La fameuse vue de coté qui nous permet jamais de voir la progression de l’athlète en fonction des autres.

On se répète, mais n’aurait-il pas été plus intéressant d’avoir des caméras au bord de la route permettant de les voir passer un par un? Cela ne fera pas exploser le budget.

Chaque année, l’ironie est toujours présente, après 8h de diffusion, on a  toujours ce besoin d’en voir plus et voir des athlètes à vélo au ralenti semble être la plus belle merveille du monde. Slowtwitch fait le succès de l’année en montrant simplement des photos des athlètes en train de courir.

Aucun travail d’analyse, mais pourquoi? Alors que le sport devrait continuellement enrichir sa culture en développant son vocabulaire et son savoir commun, on reste dans un monde de l’image qui profite du renouvellement continuel de sa clientèle.

Faute de mieux? À L’image des autres sports olympiques, ils sont capables de susciter un intérêt même chez les non pratiquants parce qu’ils y trouvent un spectacle.

Le discours habituel est de dire que le triathlon n’est tout simplement pas spectaculaire. On vous répondra que le dernier Grand Prix D1, qui était à l’antenne de l’Équipe 21 l’était, tout simplement parce que la qualité des images et des commentaires étaient au rendez-vous. Il était facile de ressentir la passion et le respect de Tony Moulai pour les athlètes.

Il suffit de penser au tour de France pour savoir que tout est une question de volonté.

 

 

4 commentaires
  1. Soyons objectif et réaliste :
    Un ironman, c’est 8 heures minimum. Quelle épreuve sportive dure 8 heure ? Le tour de France c’est 4 heures avec du tourisme en prime pour meubler l’antenne.
    Un GP ? C’est une attente jusqu’à la course à pied ou la la course démarre réellement. Avec le drafting il n’y a plus de véritable course avant la dernière épreuve. Je pense avec nostalgie aux premiers championnat du monde à Avignon qui avait quand même une autre gueule !
    Le triathlon est un sport magnifique à pratiquer mais hyper chiant à suivre. Voilà tout et c’est pas grave…

    1. Je ne suis pas d’accord avec toi, l’ITU offre un magnifique produit quand tu connais mieux les athlètes et les dynamiques de courses. Y a nettement plus d’actions qu’en cyclisme. Le truc, c’est qu’il faut produire des parcours comme Kitzbuhel. Aussi, il y a de nombreux sports qui diffusent aussi pendant 8h. Golf, Tennis, Hockey match d’affilé, Football américain… qui a des shows de 4h avant… Enfin, voila. Il y a une collection de sports sans fin.

  2. Est ce que quelqu’un sait si un diffuseur à acquis les droits en France? Sur le site de l’ITU, il est écrit que Be In sport à les droits, cependant ils n’ont jamais diffusé la moindre image…