Libby Burrell (Dir HP) démissionne de Triathlon Canada – Plusieurs pilotes pour un avion en perdition?

Dans la courte histoire du triathlon aux Jeux Olympiques, c’est tout simplement la 3e fois que le directeur HP de Triathlon Canada démissionne à un an des jeux olympiques. Cette fois-ci, c’est Libby Burrell, une femme qui avait déjà assuré cette fonction avec la fédération américaine ainsi que le programme de développement de l’ITU. Avec une expérience si riche, elle a rapidement compris que le Canada devait changer sa culture et pourtant, en imposant un changement plus que nécessaire, elle trouvera plusieurs opposants sur son passage.

Les raisons de son départ ne seront pas publiques, Libby Burrell veut tout simplement tourner la page et c’est son droit. Malheureusement, l’histoire se répète pour Triathlon Canada. Est-ce que l’on tire véritablement des leçons du passé? Sans véritable débat, est-ce que nous allons finalement changer de cap?

Cette série de démissions nous pousse à nous questionner sur le mandat du directeur de haute performance. L’objectif est pur et simple, soit gagner des médailles aux Jeux olympiques. Une formule qui est reprise par plusieurs fédérations nationales. Les intervenants acceptent d’être sur la sellette sur une période de 4 ans. Dans les faits, avec un statut si précaire, les décisions sont forcément prises pour obtenir des résultats plus immédiats. Travailler dans l’urgence.

N’essayez pas de devenir un homme qui a du succès. Essayez de devenir un homme qui a de la valeur. – Albert Einstein.

On revient toujours à la même problématique, agir pour son bien personnel ou le bien collectif.

Lorsqu’un athlète est en position dominante, il est aisé pour lui de forcer les choses pour son propre intérêt. Cela explique pourquoi, le succès d’un athlète peut aussi avoir des conséquences très négatives sur le développement des jeunes. C’est généralement dans les périodes creuses qu’on voit les fédérations réinvestir dans les jeunes.

Mais au Canada, est-ce qu’il y a véritablement une génération qui est ou a été sacrifiée?

Comment ne pas oublier le cas de Paul Tichelaar ? Le leader voulait deux domestiques canadiens. Tichelaar voulait faire sa course, ce fut un long combat qui a laissé des traces. Un an après les Jeux de Beijing, il mettra un terme à sa carrière. Simon Whitfield gagnera la médaille d’argent et tout le monde criera au génie pour son utilisation d’un domestique. Sur les faits, on se demande toujours, mais dans la famille, il n’y a pas de doute sur la validité du concept.

À cela, on peut ajouter Lance Watson, Philippe Bertrand, Cliff English, toutes ses personnes ont rapidement quitté Triathlon Canada. Ce système n’a pas su les garder parce qu’il n’a pas su les appuyer pour installer leur autorité et leur vision.

Arbre qui cache la forêt ou pas, le succès d’un athlète n’est pas forcément le produit d’un système qui marche. Dans cette logique, il est de plus en plus nécessaire de se questionner sur l’apport et le véritable rôle du directeur HP (DTN).

Chez Trimes.org, le mandat est clair, il doit offrir un environnement stimulant où l’athlète aura à sa disposition les meilleures ressources possible pour atteindre son meilleur niveau. Rationnellement, tout le monde sait que cela n’est pas synonyme d’une médaille olympique. La progression fulgurante de Tyler Mislawchuk ou d’Amélie Kretz est probablement liée à la nouvelle philosophie que Libby a injectée en trois ans. Avec Jamie Turner comme entraineur national, les Canadiens se voyaient forcés de se développer en fonction des exigences et des spécificités de la série mondiale.

Vivre sur la route, s’entrainer avec d’autres internationaux, est-ce que c’est la seule manière de réussir, probablement pas, mais l’athlète actuel peut désormais se faire un meilleur portrait des exigences pour réussir. Alexis Lepage est un athlète qui a grandi cette année. Le travail de Burrell a permis à des entraineurs de croire qu’eux aussi pouvaient aspirer aux meilleurs. À 17 ans, Charles Paquet a pu profiter d’une immersion avec des athlètes comme Gwen Jorgensen ou Aaron Royle, impossible de douter que cette expérience ne soit pas bénéfique pour son développement.

Malheureusement, cette fonction est une sorte de para tonnerre ou un directeur/président de fédération peut totalement se déresponsabiliser de ce mandat. On est très bien placé pour avoir entendu certaines critiques qui sont selon nous, généralement infondées.

L’athlète est aussi responsable de son cheminement. Peut-être que le Canada est trop influencé par le Hockey en croyant qu’il faut virer le coach avant de se demander si l’athlète n’a pas sa part de responsabilité. Nous, on voit des athlètes voguer d’entraineur à entraineur sans véritablement modifier leur comportement.

La réalité est qu’il n’y a pas de chemin unique vous garantissant le succès. Avoir des athlètes à leur meilleur niveau au départ serait déjà une victoire en soi.

Toutes les fédérations nationales sont en recherche perpétuelle pour compléter le puzzle de la haute performance, c’est une opération très compliquée et qu’il faut sans cesse recommencer.

Puisqu’il n’y a pas de vérité unique, il est très facile de critiquer et même si on ne connait pas tous les faits. Juger le travail d’un directeur haute performance, oui, mais savez-vous s’il bénéficie vraiment des moyens pour réussir et surtout, est-ce qu’il a véritablement le support de ses chefs?

Triathlon Canada a coupé ses budgets pour la haute performance sans véritablement chercher d’autres alternatives. Complètement dépendante du programme « À nous le podium » (financement en fonction des possibilités de médailles olympiques), elle n’a pas su attirer des partenaires privés. De plus, elle n’a pas su améliorer la visibilité de ses athlètes.

Mais le plus regrettable dans tout cela, c’est qu’on remarque que les « influenceurs » sont toujours les mêmes autour de Triathlon Canada. Il n’y a pas véritablement de nouveaux visages. Tout cela reste dans la famille et certains se battent pour garder leur place. Avant d’attaquer, il faudrait peut-être s’interroger sur son propre apport.

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