Éviter l’overstriding en course à pied, le faux bon conseil?

Même si la course à pied est censée être un geste naturel, elle suscite des débats interminables. Le seul aspect sur lequel tout le monde semble être d’accord en ce moment c’est l’overstriding. C’est le fait de se réceptionner avec un contact au sol plus en avant de soi (par rapport au centre de gravité).

La théorie dans ce cas de figure est que la jambe est tendue lors du contact, et ne peut donc pas absorber le choc. L’overstriding serait ainsi à l’origine de nombreuses blessures, notamment la fracture de fatigue. De plus, atterrir de façon trop prononcée sur le talon freine et fait perdre en efficacité.

Pour certains, il suffirait donc de toucher le sol au niveau du bassin pour s’assurer de garder une bonne technique et éliminer cet overstriding.

Mais est-ce vraiment le cas? De nombreuses études ont récemment montré que la région de votre pied sur laquelle vous atterrissez en premier (avant, milieu ou arrière) ne permettait pas de diminuer significativement le taux de blessures. L’aspect déterminant important étant avant tout de courir léger en limitant l’oscillation verticale. Une réception sur le talon pourrait donc s’avérer plus économique que sur l’avant du pied. Le mal ne vient pas de là.

De plus, la vitesse d’un coureur est déterminée par deux facteurs, la cadence et la longueur de sa foulée. En raccourcissant son geste dans le cycle avant, l’athlète pourrait rapidement plafonner en terme de vitesse.

Alors comment déterminer les limites de l’overstriding? À quel moment est-on trop sur l’avant du pied?

Chris Napier, un chercheur en biomécanique à l’université de Colombie Britannique a récemment présenté son étude (poster) lors du American College of Sports Medicine à Boston. Il tente d’établir des repères pour savoir ce que l’on peut réellement qualifier d’overstriding.

Pour cela, 18 coureuses ont couru sur un tapis muni d’une plaque de force, qui permet de mesurer la charge verticale moyenne (impact). À un certain niveau, cette charge peut être reliée à un risque de développer une fracture de fatigue.

Napier tenta donc de définir les conditions de l’overstriding. Et c’est bien plus compliqué que juste poser le pied trop en avant.

Sur 12 des sujets qui sont des heels strikers (qui attaquent avec le talon), Napier a effectivement observé une augmentation dans les impacts lorsque le pied était trop en avant.

Mais dans le cas des poseurs médio et avant (6 sujets), plus ils avançaient la pose de leur pied, moins l’impact était grand. La règle là était donc inversée car les athlètes continuaient de se réceptionner avec la jambe déjà pliée.

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Ramener le pied le plus proche possible du centre de gravité au moment de la réception est donc un conseil à conditionner selon le type de foulée.

Napier montre effectivement que qualifier l’overstriding reste très complexe car lié au type de réception. En fait  il faut aller plus loin et s’intéresser notamment au rapport entre d’une part la distance du point de réception au centre de gravité et d’autre part la distance totale de la foulée.

On pourrait donc en conclure que lorsque l’athlète allonge sa foulée pour gagner en vitesse, le point de reception peut commencer à s’éloigner de son centre de gravité. Mais le plus important est de garder le phénomène de ressort au cours duquel la jambe et la position du pied permettent d’atténuer l’impact et de rebondir sur la prochaine foulée.

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