Une foulée efficace, c’est quoi? On cherche… et on trouve…

Qu’est-ce qui se cache derrière les meilleurs coureurs? Évidemment, il y a cette physiologie à part avec une impressionnante Vo2max mais cela ne s’arrête pas là. Il y a aussi cette foulée si légère qui a su s’acquérir au fil du temps. À en croire certains, tout cela partirait du choix de la chaussure, malheureusement, le sujet est nettement plus complexes, des chercheurs de l’Université de Loughborough viennent justement de produire une étude contestant l’impact de la technique sur la performance.

N’oublions pas que dans ce débat, cela fait déjà trop longtemps que ce questionnement a été saboté par une obsession face à la prévention des blessures. Il faut donc bien faire la distinction entre une technique (foulée plus courte) pour amoindrir les chances de blessures et celle pour la performance.

Le département universitaire, Exercise and Health Sciences a donc étudié 97 coureurs (50 hommes et 47 femmes) offrant des performances très variées, soit avec des PB entre 29:32 et 56:49. Les sujets étaient soumis à un protocole sur tapis roulant. La vitesse augmentait d’un kilomètre par heure à toutes les quatre minutes.

Le geste des coureurs était enregistré sous la forme de 3D, de plus, on mesurait la quantité de gaz respiratoire afin de déterminer le cout énergétique, de vélocité ainsi que le niveau de lactate (lactate turnpoint – vLTP). Au total, 24 composantes de technique ont été mesurées.

Dans ce travail d’analyse, le travail est d’autant plus complexe puisque les chercheurs ont pu observer des styles très différents. Certains coureurs ont deux fois plus d’oscillation verticale que la norme et certains ont enregistré trois fois plus de force « braking » (freinage) lors de leur réception au sol. Face à certaines inefficacités, certains sujets doivent pratiquement bruler deux fois plus d’énergies que d’autres coureurs pour atteindre la même vitesse. Cela s’explique par des forces dans la poussé mal dirigée et une perte dans la vélocité causée par un freinage lors de la réception.

Mais afin de mieux comprendre les caractéristiques de la technique du coureur, les chercheurs se sont munies de cinq catégories, soit l’oscillation verticale, le freinage (impact bloquant à la réception), la posture, les paramètres de la foulée (temps de contact), l’angle au niveau du genou (flexion lors de la réception) ainsi que l’énergie locomotrice (LEc – déterminée à des vitesses entre 10 et 12 km/h).

L’aspect le plus déterminant de cette étude, c’est que la technique expliquerait l’écart substantiel chez les coureurs soit dans l’économie de course (39%) et dans la performance (31%).

En d’autre terme, une meilleure technique est synonyme d’un niveau de performance amélioré. Si cela peut paraitre logique, selon le communiqué de presse vantant cette étude, aucun papier scientifique n’avait su documenter à ce point la contribution de la technique sur la performance…

Mais quels sont les attributs d’une technique plus efficace? La bonne nouvelle est que certaines corrélations ont été observées. Trois variables se sont démarquées et s’avèrent les plus déterminantes, soit l’oscillation verticale (la plus petite possible – déterminé par le mouvement de l’os pelvien), la flexion du genoux lors de la réception (la jambe doit être plus plié) et la vitesse minimale avant du bassin (déterminant de la perde de la vélocité – phénomène du freinage).

Dans les autres facteurs notoires, il y a l’angle du tibia lors de la réception, le rapport du travail « duty factor » (temps passé dans les airs VS temps de contact) ainsi que la position du torse.

Les chercheurs de l’étude insistent d’ailleurs sur le fait d’avoir découvert un nouvel aspect sur la technique soit la vitesse minimale avant du bassin. Si ce terme semble difficile à comprendre, il est pourtant très logique. Lors de la réception, si le positionnement de votre pied, genou et tibia est inefficace, vous perdrez automatiquement votre vélocité au niveau de votre bassin ou plus précieusement, votre os pelvien. Cette succession d’accélération pour compenser votre décélération appelle à une perte d’énergie.

Si cela ne parait pas totalement nouveau et que les coureurs attribuent avant tout ce phénomène à l’action ou la mauvaise position du pied lors de la réception, l’étude va plus loin en déterminant que ce freinage est la conséquence de la position de plusieurs éléments.

On revient toujours à la même conclusion, pour qu’un athlète atterrisse dans les bonnes conditions, il ne doit pas se concentrer sur la position de son pied lors de sa réception, mais bien de ses actions antérieures afin de réunir les bonnes conditions afin de garder cette vélocité et donc courir plus efficacement.

Étonnamment, l’étude n’évoque jamais l’importance de la cadence…

Que faire de cette étude? Il existe plusieurs produits capables de déterminer le niveau de décélération dans votre mouvement. C’est probablement l’outil le plus important pour juger de son efficacité. De plus, sachant que ce sont les chocs qui blessent, un coureur capable de maintenir sa vélocité dans son geste devraient aussi mieux se protéger face aux blessures. L’opposition entre technique pour empêcher les blessures et la performance n’est peut-être pas si pertinente.

À suivre.


Crédit photo : Loughborough University.

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