Ce qu’on a appris > Ironman Nice, encore plus?

Nice était une première et forcément, on a du regarder cette course avec des nouveaux repères. Voici quelques une de nos notes.

Pas de polémique…
On s’attendait à un nouveau chapitre avec les franchissements de ligne… Les athlètes ont été très sages. Si l’on a vu des franchissements, en aucun cas, c’était pour y tirer un avantage. Cela s’est plutot bien passé aussi dans les descentes.

Une natation pour calquer le modèle Kona?
Départ dans l’eau, pas de sortie à l’australienne, il y avait ce besoin d’une nage sans interruption. La tendance se maintient, on n’observe plus un ou deux nageurs capables de sortir seul. On est à nouveau dans des dynamiques de groupes.

La natation ne devait pas compter vu le vélo…
Cela s’est avéré plutôt faux, personne n’a véritablement réussi à revenir de l’arrière… enfin presque. Même si Ditlev est sorti à 2:21 en 22e place, il n’a été en mesure de revenir vers l’avant. Il a momentanément réduit l’écart à moins de deux minutes, dès lors que Laidlow a pris la tête accompagné de Clement Mignon, les deux français ont fait en sorte que les écarts en natation ne soient jamais annulés.

Sam Laidlow et Ditlev et leurs chaussettes.
Il existe des gains à faire avec des chaussettes texturées lors du vélo. Sam Laidlow a tout de même perdu 50s en T1 dans l’opération. Ce qui est vraiment étonnant, c’est qu’il ne lui a fallu que 10 kilomètres pour le revoir en tête… Est-ce que ce choix est payant? Ce temps perdu est regagné en T2.

Dynamique et attaque en deux temps.
On avait misé sur une tactique où les meilleurs cyclistes allaient clairement utiliser le premier vrai col pour faire des différences importantes et les démotiver. Les ecarts entre le groupe Sam Laidlow et Clement Mignon VS Rudy Von Berg et Magnus Ditlev se stabilisent a 2″30 après 67km. Si l’ont pouvait penser que cela se calmerait justement dans la partie du plateau, section moins difficile, c’est justement à cet endroit que Laidlow gagne la course, il décroche Mignon et creuse l’écart sur le reste. La référence cycliste ces dernieres années, Cam Wurf, perd d’ailleurs du terrain…

Laidlow aura un creux entre le 129e k et le 160k. Il perd finalement 30s pour une avance tout de même de plus de 4 minutes. Le francais relance dans la section finale et dans les faits, c’est surtout dans les sections les plus roulantes du circuit où il fait le plus la différence.

Est-ce que les athètes ont bien saisi la course?
À Kona, avec le fameux phénomène des trains, il y a des motos qui indiquent les écarts entre les groupes, de plus, avec les longues lignes droites, il y a des repères visuels. À Nice, on doute que les informations ont aussi bien circulé et cela pourrait aussi expliquer pourquoi Sam Laidlow a été plus malin que les autres en attaquant sur des sections où les différences n’étaient pas attendues.

Au final.
Sam Laidlow 5:24:13
Rudy Von Berg 5:30:13
Magnus Ditlev 5:30:37
Cameron Wurf 5:32:03
Leon Chevalier 5:33:29
Clement Mignon 5:33:35

Les temps vélos correspondent étrangement à la place d’arrivée en T2. Dans les faits, cela est surtout possible par le fait que Sam Laidlow a été au minimum 6 minutes plus rapides que son plus proche adversaire…

Braden Currie, l’erreur stupide ?
5 minutes pour littering. Il était en position parfaite pour prétendre au minimum un podium et voir mieux.

Tentative de groupe?
Il y a effectivement un groupe qui s’est formé. Bradley Weiss en a payé les conséquences. Il semble être le seul pénalisé pour drafting. Nous ne savons pas la nature de la sanction (blocage, distance, temps…)

Question spécificité Kona VS Nice…
Oui, s’attendait à observer des athlètes avec des profils est nettement plus à l’aise à Nice qu’à Kona.

Exemple surprenant, Patrick Lange, qui plus léger, s’en sort mieux sur la Côte d’azur. Maintenant n’oublions pas que Sam Laidlow a aussi le parcours vélo à Kona et il signe aussi le meilleur temps à Nice.

Un marathon facile?
Il y a un contexte assez etrange avec Nice. Avec les 50 derniers kilomètres en descente, l’athlète à l’opportunité de se regénérer avec des kilomètres dits faciles. À Kona, les derniers kilomètres sont souvent les plus difficiles parce qu’il y a l’usure et qu’ils sont fréquemment exposés a du vent de face. Il y a un aspect psychologique qui entraine le doute. À Nice, l’entrée dans le marathon est donc nettement plus facile, surtout qu’il y a une absence de dénivelé. À Kona, vous rentré tout de suite avec un faux plats, et plusieurs sections très difficiles comme la montée sur Palani Road, l’interminable Queen K et la chaleur dans l’energy lab. Dans la version hawaienne, il y a donc des craintes de passer au travers de certaines sections. À Nice, il faut dérouler. On n’a pas réellement vu de défaillance, et au contraire, on a observé de nombreux triathlètes faire des marathons à leur potentiel.

Sam Laidlow en 2:41:46. Logique et en progrès. Patrick Lang en 2:32:41,Magnus Ditlev 2:41:07, Rudy Von Berg 2:42:44, Léon Chevalier 2:39:26, Arthur Horseau en 2:37:17 dans ses normes.

Nous ne sommes plus dans le ça passe ou ça casse. Malheureusement, pour le spectacle et le rebondissement…

Notre avis sur cette course comme championnat du monde ?
On va être franc, on a assisté a une belle course qui aurait pu etre meilleure si on avait mieux maitrisé le live timing. On n’a pas été en mesure de saisir les moments critiques. Tout d’un coup, Clement Mignon était à 2 minutes, puis 4. Malheureusement, avec des points références avec plus de 30 km, la tâche était impossible. On n’a pas ressenti et trouvé ce fameux clé où la course se décide.

Nice a un incroyable parcours pour la natation et le vélo. Le marathon, si le cadre est magnifique, il manque ces fameux passages marquants et atypiques. Maintenant, cette impression vient avant tout du fait que les écarts étaient déjà trop conséquents. Ce parcours pourra s’avérer un véritable outil de torture quand un athlète sera chassé avec un écart plus réduit.

L’alternance, on adore déjà.
Kona, c’est top, mais l’alternance, cela va permettre d’éviter l’aspect blasé de se remettre sans cesse en question. Sam Laidlow, en étant deuxième à Kona et très proche de la victoire, démontre justement que NIce n’est pas une course truquée. Les descentes ne semblent pas avoir joué un rôle si majeur.

Est-ce que Laidlow aurait gagné à Kona si la course était aujourd’hui?
Sans aucun doute.

Est-ce qu’il aurait gagné avec les deux norvégiens?
Très probablement.

On soulignera l’année Rock’n Roll de Sam Laidlow.
DNS PTO Ibiza, abandon à Lanzarotte, difficulté à Roth, abandon à PTO Singapoure et COVID, difficile de se présenter serein à Nice et pourtant, comme a son habitude, il répond toujours présent et trouve à nouveau le moyen de rebondir et de ne pas manquer la course la plus importante de l’année.

Laidlow devient le gagnant le plus jeune au championnat du monde Ironman à 24 ans.

Merci Frodeno.
Sa dernière course, il aura jamais le triathlon longue distance avec un profil sans faille. Laidlow apparait comme son successeur dans ce profil. Est-ce que cette nouvelle génération, Ditlev, Laidlow aurait battu le Frodeno de 2018…

Est-ce que c’était aussi la dernière de Cam Wurf? À 40 ans, et en étant partagé entre cycliste World Tour et Pro ironman, sa fenètre semble s’être refermée.

Merci la FFtri…
Sans le vouloir, on s’est retrouvé en quelques années avec une nouvelle génération très jeune et très prometteuse qui est bien là pour rester. Leon Chevalier, Sam Laidlow, Clement Mignon, Remi Conte, Arnaud Guilloux, ce sont des jeunes athlètes, sans passer par le circuit olympique.

Pourquoi la fédération est en partie responsable ? Parce que le bassin d’athlètes chez les jeunes et sans conteste le plus important dans le monde, c’est le fruit de clubs qui ont su intégrer et former des jeunes. Dans tous les noms cités et en incluant Denis Chevrot, ils sont tous passés par les Grand Prix. Ils se sont rapidement trouvé un projet sportif avec le support d’un club. N’oublions pas que Rudy Von Berg (USA) est aussi licencié dans un club français.

La longue distance française a sans conteste des belles années devant elle. Maintenant, il faut que la médiatisation de ce sport avance. On aurait aimé plus de monde, que cette course soit un vrai évènement populaire hors pratiquant. Faisons en sorte que cela arrive.

Aucun commentaire

Commentaire fermé